Gemütsstimmung…Nostalgie, mémoire partagée et regrets éternels…,par Jean Taranto

“La nostalgie n’est plus ce qu’elle était”, écrivait en 1976 la regrettée Simone Signoret en parlant de ce qu’elle appelait “la mémoire non partagée”. Celle ou s’enfouit ce qui ne s’enfuit pas.

Si le XIXè siècle industriel souffrit de voir ses campagnes désertées peuplées d’usines, et inventa la “mélancolie” empruntée à l’humeur maussade détectée par les chirurgiens du classicisme, de même le XXIè qui commence à peine, souffre de voir les usines où travaillaient ses pères prolétaires et ses grands capitaines du Capital, remplacées par des sites industriels rénovés pour le touriste-pélerin, et grands ensemble de verre et tout en hauteurs, dédiés à l’activité tertiaire et aux call center des services décentralisés, sociétés en location partage et autres siège sociaux de services ou de co-working.

“La Nostalgie” contemporaine fait retour à son étymologie grecque qui définit la souffrance due à la fois au retour et au départ : souffrance du souvenir laissé et souffrance aussi du souvenir effacé.

Comme on le voit avec la mort des “idoles”, pin-up souvent sensuelles et plastiquement plus proches de la poupée enfantine que de l’icône byzantine, la civilisation du verre thermique et sous vide d’air qui laisse voir par transparence vers l’extérieur et non vers l’intérieur, “reflète” ce qu’il transmet : le “on est tous” déniant l’ensemble mais exaltant la collectivité “comme un seul homme” est de fait le souvenir douloureux du temps imaginé où le peuple était un front commun contre l’envahisseur d’outremer, d’outre mort et d’outre-tombe.

La civilisation de la transparence qui corrobore celle de l’apparence, exprime physiquement la diffraction de la lumière dans le verre qui fait prendre la paille pour une poutre et la main qui le tient pour un monstrueux animal à plusieurs têtes.

Nous sommes un peu comme ces verres pleins qu’on ballade dans un cocktail sans jamais les finir, allant de mondanité en mondanités dont, une fois la liqueur tiédie reposée sur buffet et rentrés chez soi, il ne reste rien

Pathologiquement, la nostalgie est essentiellement celle du souvenir de la matrice abandonnée et c’est pourquoi paradoxalement, la vieillesse des parents est si impardonnable à des gens dont l’essentiel de la vie intellectuelle consiste à se projeter sans cesse dans une jeunesse dont la précarité n’est plus acceptable. Mais d’un autre côté, elle est d’autant plus forte que les racines terriennes, terrestres ont disparu de consciences modernes à mesure que l’épistémologie coupait la philosophie des sciences de l’observation et de l’expérimentation et numérisait sur des supports matériels que la science avait promis inaltérables, et qui de fait ne laisseront plus aucune trace : le papier, le bois, la pierre, qui se détruisent et vieillissent, restent encore aujourd’hui, malgré les ruines, les incendies et les saccages.

Mais de nos clefs USB, CD-Rom et même nos “cloud files”, dossiers stockés dans la virtualité des nuages électroniques immatériels, il ne restera rien. De la binarité culturelle, il ne restera rien.

Combien de vieux mobiles ou de cartes SIM usagées et obsolètes qui ne ont “âgés” que de deux ou trois ans finissent à la poubelle, le cerveau plein encore de photos, de textes et de souvenirs perdus à jamais? Combien de mots sans sépulture et de morts irrécupérables?

Les grands monarques et sages bouddhistes, qui vécurent bien avant le premiers empires asiatiques et Buddha lui-même, actif bien avant Moïse, n’ont rien laissé que des paroles. Ils furent incinérés puis dispersés dans le cycle du vivant. Tout le contraire des pyramides construites à grand renfort de main d’œuvre importée, avec sa langue et sa cosmogonie, et qui servaient à propulser vers le Soleil zénithal le souvenir immortel du Prince et se ses congénères.

Ramsès s’est élancé vers les cieux avec plus que l’or et le rubis : avec le souvenir de Moïse qui gantait ses songes; ce n’est pas rien.

Il est amusant de voir que la régression culturelle européenne a été marquée par l’érection, au beau milieu de l’ancien grand Palais royal du Louvre devenu le Ministère des finances républicain accolé à la plus grande pinacothèque d’Europe de l’ouest, une pyramide de verre dotée de galeries labyrinthiques où foisonnent buvettes, boutiques et “souvenirs”.

S’il fallait résumer toute la modernité occidentale, ce serait d’abord le Palais de justice jouxtant comme une main sur la joue la Sainte Chapelle où repose la relique de la couronne du Christ, puis, plus tard, le Louvre de la Joconde et de la Victoire de Samothrace enchâssant la pyramide à facettes du sino-américain Ieoh Ming Pei. La pyramide du Louvre, au contraire de celle de Gizeh, n’est pas le support d’un lancement du corps qui l’habite vers le soleil, mais à l’inverse, un prisme où le soleil lui-même descend vers les corps qu’il est censé chauffer et éclairer, apportant le jour dans le sous-sol.

Vivre en lumière, marcher au sec et mourir au chaud, tout en sirotant un soda devant Marc Aurèle ou Diane chassant. Une sorte de rêve que même Pharaon n’aurait pas imaginé quand vinrent du ciel la ténèbre, les grêlons et les criquets. Cela, in fine, ne l’aurait pas mis à l’abri de la mort des premiers nés qui toucha tout égyptien, citoyen ou non, esclaves ou maître, et jusqu’au bétail. Nous non plus.

Cela dit, la séduction en occident d’une religion sans religiosité et qui serait une pure recherche de la dématérialisation spirituelle procède de cela : la sépulture empeste le mauvais souvenir : elle est une occupation illicite de la terre qui tôt ou tard doit réabsorber ce qui en est sorti pour se retransformer en géranium, en escargot ou en lierre, ou en chêne, voire en oiseau, pour les plus méritants (je n’aimerais pas être un oiseau, les oiseaux ont pour ancêtre directs les impitoyables dinosaures qui ne se perchaient pas sur les fenêtres en chantant).

Cela, en peu de mots est bien résumé dans le nombre grandissant en occident de personnes faisant le choix de l’incinération, sorte de réduction anticipée du souvenir à sa plus simple expression poussiéreuse et calcinée, sachant tout de même, et c’est symboliquement important, que les OS, eux, ne brûlent pas et sont littéralement volés aux familles à qui on ne propose pas de les enterrer (c’est plus cher).

C’est pourquoi les hébreux ont inventé la récupération des OS et le rassemblement des restes épars, précisément pour ne pas que gagne la “nostalgie” et pour que gagne dans le souvenir sa pat vive et non sa part inerte.

Dans la culture juive, la nostalgie a un temps. Comme le deuil. Il est interdit de la prolonger au-delà du temps de la destruction. Venu celui de la reconstruction et du rassemblement, l’habitat des vivants comme celui des défunts doit être rendu en dignité, érigé en conformité avec le temps et perpétuellement renouvelé. Cela fit parie des prescriptions de pureté pour lesquelles il n’est pas permis d’entrer ni de demeurer dans une maison souillée, insalubre ou dans laquelle de graves fautes de débauche et d’immoralité on été commises jusqu’à ce qu’une rénovation, une purification ou une régénération soi constatée et possible.

La mort des idoles yéyés, et celles de la chanson à texte de cabaret, et celles du rock-n’roll français illustre bien ceci : la fin d’une époque où l’Europe coupée en deux permettait à ceux qui vivaient du bon coté de la barrière, libérés du poids de la colonisation, jouissant d’un pétrole bon marché, et protégés par un Etat fort et qui compensait les pertes par le quasi plein-emploi et des marchés technologiques e plein essor faisait appel à une main d’œuvre nombreuse, est finie.

La chansonnette, souvent poussée par des artistes juifs ou immigrés ou déracinés ou bien encore autodidactes et privés souvent de solidité familiale et forgés à l’aune de leurs rencontres et de leurs écarts de conduite, dans des jeunesses tortueuses, reflétait l’apparente insouciance d’une jeunesse qui ,après avoir protesté mollement contre la conscription vers l’Algérie (la censure étant alors puissante sauf pour les humoristes et le cabaretiers florissants) révélait une douce douleur, déjà, une “‘nostalgie” des 20 ans effacés, des 15 ans enfuis, et aussi une inquiétude mêlée à l’excitation d’années 2000 anticipées qui se profilaient. C’était la mode, pendant ces trente glorieuses, des enseignes commerciales titrant “2000”. Nombre symbole d’une double multitude inimaginable, 3 chiffres ronds et un “2” de doublement qui physiquement ressemble à un canard s’évertuant à nager à contre-courant de la lecture.

Comme dit l’hébreu qui comprend à rebours du progrès linéaire de la modernité, ce qui est la caractéristique du prophétisme : le temps de dévoile à l’inverse du sens commun : il monte vers là d’où il s’écoule sans revenir en arrière, et se lit de son terme à ses commencements. Nous n’en saisissons l’actualité qu’à partir d’une espérance non accomplie d’une part mais aussi d’une origine que nous n’expérimentons que dans le souvenir rémanent de notre psychisme, nos intuitions et notre éducation.

La Genèse se lit de droite à gauche parce que comme le rouleau biblique, elle n’est pas un livre plat, mais une conscience courbe qui se dévoile par déroulement et non par changement de pages.

Ceci fonde aussi la déchirure nécessaire, la tension du fil déployé entre le sommet du Sinaï et celui de Jérusalem : entre le deux montagnes qui ne sont pas les plus hautes mais qui sont les plus peuplées dans des endroits hostiles où aucune apparence fastueuse ne peut tromper, l’homme funambulise, son approximative intelligence en balancier. Sous ses pieds 100,000 ans anthropologiques, 10,000 ans néolithiques, 5000 ans bibliques et 2000 ans évangéliques et 1000 ans historiques le contemplent par le fond.

Après la grande époque rimbaldienne de la mélancolie, celle gainsbourienne de la nostalgie, voici celle de la schizophrénie.

Comme ses parentes, la schizophrénie est une affection mentale caractérisée par la perception sensorielle d’hallucinations, la certitude d’être plusieurs personnes dont une ou deux semblent prendre le dessus sur les autres, et en général en conflit, et toujours des accès dépressifs donnant lieu soit à de la violence et souvent, pendant les crises, une profonde catatonie.

Si la mélancolie est la souffrance e l’immobilité, de la demeurance en une fatalité paralysante, la nostalgie celle de l’inéluctable marche vers l’incertain avenir obligeant à laisser, la schizophrénie est la souffrance d’être soi : elle utilise les autres comme multiples de soi, permettant de s’échapper d’un carcan persécuteur. Elle peut aussi montrer de l’empathie (L’empathie est une maladie et non une guérison) en épousant littéralement le pathos de l’autre : pleurer avec ceux qui pleurent, rire avec ceux qui rient et même se moquer avec les railleurs, voir même déprimer avec les déprimeurs.

Et puis elle se rebelle en usant de l’anticonformisme comme on use d’une paille de fer sur le vieux fond d’une marmite pour passer sa colère et son impuissance. Une force considérable dépensée à un objet sans usage et qui finira au clou.

La mort, ce fait inéluctable et tout de même précédé par un certain nombre d’autres disparitions plus réjouissantes, comme celle de l’acné, des maladies infantiles ou des chagrins d’amour, peut-être vécue de différents manière mai toujours à ce redoutable avantage de nous placer face à nous-mêmes : est-ce alors une fatalité que de vivre? En est ce alors une que de se disperser entre une mélancolie bicentenaire, une nostalgie centenaire et une schizophrénie déjà vieillissante ?

Peut-être une réponse est dans une surprenante résurgence du Moyen-Âge mentalement réhabilité ou plutôt jamais quitté puisque c’est le cœur de l’histoire européenne dont le centre de gravité situé vers le Xe siècle se déplacera dans trois ou quatre siècles de quelques cinquantaines d’années. C’est la tectonique du souvenir.

Durant un Jihad islamique à Jérusalem qui provoqua la 1ère Croisade, et qui fait appel au souvenir où Jérusalem était la première à connaitre la formidable explosion de l’émancipation arabe musulmane qui chassa les juifs et obligea les chrétiens, venus en nombre avec leur saint roi Louis IX sur leur chevaux parés à courber l’échine, la porte du St Sépulcre avait été rapetissée pour interdire aux soldats maures d’y entrer à cheval et les obliger à mettre pied à terre en se courbant.

C’était un geste diplomatique autant que d’humiliation. Il s’agissait de négocier, in fine, comme cela continue à se faire à l’ONU, les différentes dévolutions des uns et des autres, sachant qu’un “Statu quo” réciproquement signé devait intervenir pour que nul lieu saint ne soit profané ni conquis ni occupé par l’autre. Ce qui fut fait en 637. Les juifs, colonisés, peu nombreux et sans arme ni arguments sonnants y trébuchants, y perdirent presque tout.

La porte du St Sépulcre a été légèrement rehaussée depuis pour des raisons inverses : permettre aux larges processions du Feu sacré de sortir sans encombre, mais la clef est toujours gardée par la même famille musulmane depuis le VIIIe siècle.

La schizophrénie consiste sans doute à inventer ou à régénérer mentalement des personnages comblant les fossés affectifs, pas forcément imaginaires, mais exagérés , à ouvrir grandes les portes dérobées pour en faire sortir le cortège de ses rêves envahissants, de ses peurs silencieuses, de ses colères rentrées.

Elle consiste aussi à cultiver le permanent regret non du passé mais de a naissance, beaucoup de parent aujourd’hui accouchant dans un sentiment souvent pollué par la culpabilité de mettre au monde sale et violent un petit qui déjà est pressenti souffrir et perdre à a fin malgré l’intelligence et la force qu’on lui prête tout précocement.

La culpabilité moderne, nourrie par la nostalgie de parents que l’on estime à la fois plus malheureux car ils vivaient moins longtemps et plus heureux car ils vivaient mieux, se double de la culpabilité schizophrénique de devoir être rentable et efficace dans un monde qui marchand perpétuellement l’existence.

La gratuité libératrice est demandée à la réception. Mais pour rien : comme son nom l’indique, elle tend patiemment sans rien faire et ne demande rien.

Chaque siècle a donc sa dépression typique. La nôtre est peut être, donc, de nous prolonger indéfiniment dan des personnages remparts contre le doute perpétuel de soi et la peur de l’autre, enflée par la globalisation uniformisante des idées, des mots, des produits et des contemplations.

La tentation du syncrétisme religieux revient avec celle, aussi, corollaire, du séparatisme régionaliste, culturel, de l’exclusivisme moral et politique. La mode est aux coalitions censées neutraliser les “clivages” qui culminèrent avec le nazisme et le communisme.

Mais en fait ce n’était pas des clivages, mais l’inverse : l’Occident et le monde fondus en une marmite de libéralisme censée effacer tout germe de guerre : le communisme fut l’illusion de l’asservissement de l’Etat impérialiste fauteur de guerre par le prolétariat coalisé et personnalisé par le Parti.

Le nazisme, alliance du socialisme et du nationalisme, devait soumettre l’idée même de civilisation sous le sceptre tyrannique mais bienfaisant de “”l’exception raciale aryenne qui régnerait sur un monde débarrassé du sombre”, du recoin, du complot du méconnu et du reculé : Platon sorti de sa caverne, Jésus interdit de tombeau (et de St Sépulcre), les prêtres sortis du Temple, et Israël arraché à sa Matrice comme si on avait expulsé Moïse du ventre de l’Horeb où il devisait en secret pendant 40 jours. Dans tous les cas le mot “PAIX” a servi de prostituée de luxe ou d’enseigne criarde pour attirer le chaland.

Nazisme comme communisme sont des avortements d’un enfant humain non désiré, commis par inadvertance, témérité ou violence et face auquel on oppose la crudité d’une lumière a giorno, d’un Jour nouveau qui doit l’éclairer en permanence et l’empêcher de dormir.

Aujourd’hui, les écologistes irrédentistes adeptes de la nuit retrouvée auraient presque la pulsion inverse, tout aussi dangereuse : plongeant le monde dans sa pénombre initiale. Faites des économies de rétine et de pétrole.

Le arguments sont les mêmes, de fait, pour un identique résultat : aveugler le visionnaire et rendre le prophète bouche bée d’admiration en le détournant de son silence vital à l’écoute.

La schizophrénie du temps, signe de la névrose commune, est le désir compulsionnel d’être tout le monde en n’étant personne, et de garder par-delà soi à la foi la nostalgie des temps aimés, la mélancolie des temps manqués et le désir obsessionnel de connaître un avenir paradoxalement décoloré à mesure que sont saturées les teints des images, de clips et des vidéos qui clignotent en permanence sous nos yeux.

La nostalgie, cette souffrance du retour qui touchait la poignée d’hébreux sortis de l’Egypte, révèle ce qu’elle tait. Elle est une “Gemütsstimmung”, une humeur, une affection “des sangs”, comme disait sous le règne des Bourbons, qui devient tumeur quand elle et une culture en boite de Pétri, sous lumière noire et à l’abri de certitudes idolâtrées.

Tout cela vole en éclat. L’humain a de même le corps social qu’il compose, une capacité de régénération et de guérison après le désastre, tout fait extraordinaire.

Sa plasticité est comme connaturelle à sa vocation d’être communiquant doué de langage et d’imagination. On appelle cela la résilience. Pas étonnant alors que le Dr Cyrulnik qui fut frôlé par le manteau glacé de la Shoah et pour qui la “souffrance” est un mythe qu’il veut scientifiquement et moralement défaire , éduquer et étudier : la résilience, devenue comme la schizo ou la mélancolie ou la nostalgie, un terme commun devenu à la mode, est précisément , le retour sans nostalgie de l’être à son souffle, de l’intelligence à ses limites, et même de l’héroïsme au quotidien du courage, celui qu’on a pour se lever le matin, aimer ses enfants et aller chez le dentiste.

La résilience, terme physique pour parler de l’inertie de retour d’une matière malléable, telle une pâte à modeler, un élastique ou une crème de jour, c’est une tentative de définir le bonheur le plu simple et le plus durable : plutôt que d’aller chercher l’éternité dans ce qui ne finit jamais, quitte a inventer un homme “nouveau” cuirassé pour aller la quérir, pourquoi ne pas la découvrir des ici bas dans ce qui ne paye pas de mine : l’autre. Et l’unité de l’autre, est-ce que ça n’est pas un bon médicament contre la folie “des autres” et l’obsession de divorcer sans cesse ‘avec soi-même?

Ne sommes nous pas tous “ce peuple du retour” qui sans cesse veut être de retour? Et est-ce que le partage de la mémoire des faits, et des regrets n’est pas aussi comme celle des espérances et des rêves, le monde de se guérir du silence de n’avoir pas pu, pas su, ou pas voulu sortir d’Egypte, du tombeau comme du ventre : pour respirer de soi-même.

Finalement, toute cette question porte sur la naissance et la renaissance. Peut-être qu’en n’existant qu’une fois et en vivant toujours, on peut envisager un monde où le retour ne soit plus une perte ni soi un ennemi multiple à apprivoiser pour le détruire.

Les “Panjim”, les visages divins de la Bible hébraïque que la traduction vernaculaire met au singulier ne sont pas les visages du regret mais ceux devant lesquels nous sommes. Pourtant, pour 100 visages qui nous lisent il est un visage qui nous scrute, c’est le nôtre.

Serait-il impossible qu’il nous reconnaisse à partir d’un seul de devant nous que nous désirions connaitre? Comment pérenniser le souvenir de ce qui vient sans cesse à notre rencontre et que nous ne dévisageons que par notre prochain?

Jean Taranto

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