Gérard Kleczewski. Alors, ce débat ? Une couche de Ripolin et hop au lit !

J’avais écrit dans ces colonnes à la veille du débat de l’entre-deux tours*. Ce, sans esprit partisan – quand bien même j’avais indiqué précédemment les raisons objectives pour lesquelles il m’était impossible de voter pour l’un des deux candidats – mais avec une volonté analytique et en replaçant ledit débat dans une perspective historique. Je concluais qu’il aurait une importance majeure pour les cinq ans à venir, et sans doute plus… Il est honnête de dire que je me suis trompé et que ce que nous avons vu hier soir ne plaide vraiment pas pour cette thèse !

Vous comme moi avons sans doute assisté ce 20 avril au soir au duel entre le Président sortant et sa challenger, quelques heures seulement après la décision de Vladimir Poutine de faire tirer – à titre expérimental certes – un méga-missile, possiblement nucléaire et quasiment inarrêtable, capable de toucher la France en moins de six minutes et de réduire notre pays en puzzle géant !

L’affiche, non désirée par les Français à plus de 80% en moyenne dans les sondages des deux dernières années, a-t-elle accouché d’un vrai débat d’idées ou d’un pugilat sanglant digne de celui que nous avions connu il y a cinq ans ? L’un des deux candidats a-t-il marché sur l’autre comme tous les journalistes et commentateurs politiques de plateau se forçaient artificiellement à nous le faire croire jusqu’à 20h59 ? La forme l’a-t-elle emporté sur le fond ou l’a-t-elle littéralement gommé ?

Il serait très (trop) long de répondre aujourd’hui, et en détail, à ces questions et à quelques autres encore… Sans doute me manquerait-il aussi un brin d’objectivité pour le faire.

Je reviendrais juste sur l’un de mes paragraphes dans l’article cité plus haut. Il pointait le danger pour Emmanuel Macron de rater son match retour cinq ans après. Match retour au cours duquel, comme c’était le cas encore récemment en Coupe d’Europe de Football, les buts à l’extérieur comptent double et où une « remontada » de Madame Le Pen n’était dès lors pas à exclure…   

Je listais les écueils possibles pour le Président-Candidat : “Excès de confiance ou ton méprisant, enfermement dans les réponses tactiques aux attaques qui ne manqueront pas du côté MLP sur son bilan, oubli de renvoyer Mme Le Pen aux affres de son parti et à ses casseroles, à son soutien à Poutine, à l’inanité économique ou sociale de son programme calé sur le pire exemple qui soit en Europe (Orban) et aux conséquences d’un inévitable Frexit si elle mettait en œuvre ses mesures promises sur l’Europe.

Hormis le dernier point cité, je dois bien dire que je m’étais trompé, pensant sans doute que les attaques fuseraient côté challenger et les coups en défense viendraient exclusivement du Président sortant… Mais ce dernier a habilement déminé l’échange, inversant les rôles et ayant sans doute considéré que l’attaque est et reste la meilleure des défenses.

Nous n’avons pas pour autant assisté à l’Ecole des Fans : tout le monde n’a pas gagné. Mais soyons clairs, Marine Le Pen avait besoin d’un KO, même technique pour espérer amener à elle les voix des INdécis, des INsoumis et autres IN en tous genres… 

Emmanuel Macron n’a pas raté son match retour, quand bien même plusieurs observateurs et journalistes de plateau (notamment Nathalie Schuck sur France2, qui n’a pas été tendre) ont, immédiatement après le “match”, pointé une forme de condescendance et de mépris affiché par EM pour son opposante. Tous, hormis sur le plateau de CNEWS (quelle surprise !) auront admis que sur le fond il s’était montré plus solide et plus précis, en dépit des efforts certains chez MLP de donner des chiffres, beaucoup de chiffres… trop de chiffres, à l’heure où nous nous endormions en cadence avec Gilles Bouleau.


En joueur d’échecs que je suis, je peux dire que sur le fond, chacun des deux aura voulu poussé son avantage (ses pions) mais que l’évident défaut d’éloquence de Marine Le Pen l’aura principalement empêché, comme il y a cinq ans, de mettre échec et mat un Macron brillant sur la forme et connaisseur des dossiers sans notes ni tweet imprimé…  


Aucun de ses arguments préparés avec son équipe n’aura fait mouche, et même nombre d’électeurs marqués à la droite de la droite notaient hier sur les réseaux sociaux son manque de pugnacité et sa faible utilisation d’armes de destruction massive, telle que « l’affaire McKinsey » citée une seule fois, et deux heures après le début du débat. Et elle n’aura pas su vraiment profiter non plus des erreurs tactiques en cours de débat d’Emmanuel Macron, car il y en a eu !

Bref, ce débat n’aura été perdu par personne, ce qui est un échec pour Madame Le Pen car il lui fallait l’emporter sans coup férir pour espérer offrir à ses chats le jardin de l’Elysée.
Reste que ce débat ne fut pas majeur, comme je l’avais annoncé. Je me suis donc trompé ! * https://www.tribunejuive.info/2022/04/19/gerard-kleczewski-debat-et-des-hauts-ou-limportance-non-pas-de-remporter-le-duel-mais-de-ne-pas-le-perdre/

© Gérard Kleczewski

Gérard Kleczewski est Citoyen et Journaliste

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