Valérie Halfon. Balade dans le … souvenir

Qui sait quand les frontières réouvriront? Alors, à défaut de pouvoir voyager dans l’espace, j’ai décidé ce matin de voyager dans le temps. Oui, j’ai fait ce que les anglos appellent a trip down memory lane, je me suis baladée dans le souvenir.
Et je vous invite à me suivre.
Je sors de chez nous, rue de l’Abbé Groult, et je tourne à gauche, direction la rue du Commerce. Je passe à peine devant l’église pour tourner à droite dans la rue. Au coin, il y a le marchand de primeurs, mais ça je m’en rappelle parce qu’il est toujours là aujourd’hui.

Ce qui n’est plus là, ce sont toutes les petites boutiques qui ont été remplacées par des grandes enseignes. Ce dont je me souviens bien, c’est que c’est Rue du Commerce qu’on m’a acheté mon premier cartable. Il était bleu ciel et c’est moi qui l’avais choisi. Comme j’étais impatiente d’aller à l’école, d’apprendre à lire, à écrire. Je sentais profondément que c’était le moyen de comprendre le monde, de mettre du sens sur ce que je sentais mais que je ne parvenais pas à exprimer.

Rue du Commerce

A droite, le Monoprix, qui a disparu depuis longtemps, remplacé par un Zara je crois. On y achetait à manger bien sûr, mais aussi certains vêtements. Et justement, il me semble que le rapport qualité-prix était bien au rendez vous à l’époque.

Je me souviens d’une robe de bébé achetée à l’époque à ce même Monoprix, sans doute pour pas trop cher, et dont la qualité ne ferait pas rougir la marque Baby Dior. D’ailleurs, quasiment tout ce qu’on achetait durait plus longtemps. On achetait peu, mais bien, dans cette Rue du Commerce des années 70.
Ensuite, le poissonnier et au-dessus, le dentiste chez qui allait ma mère. Je me souviens l’avoir attendue dans la salle d’attente un jour et d’avoir essayé de lire le magazine racontant la naissance du fils de Sheila, mort prématurément il y a trois ans. Etrange, la vie…

Je reviens sur mes pas ou je continue?


Je continue parce qu’à un moment, je vais tourner à gauche rue Fondary pour arriver à la synagogue fondée par mon oncle, René Mazigh zl, et c’est bizarre parce que justement, j’ai rêvé de lui il y a deux jours.

Rue Fondary

Peut-être que je me trompe mais il me semble que le boucher Sadock était situé juste devant la synagogue. Je n’aimais déjà pas trop l’odeur de boucherie mais je ne me rappelle que des tranches fines de charcuterie, vous savez, les roses avec les morceaux de pistache incrustées… 🙂

La synagogue représente pour moi tellement que je ne sais même pas par où commencer. Le long couloir peut-être qui mène à la cour. Sur la gauche une pièce, celle du Talmud thora où j’ai commencé à aller justement l’année de mon CP. Est-ce que ma mémoire me joue des tours ou est-ce que c’était Mr Azogui qui y donnait des cours, ce même Mr Azogui que j’ai retrouvé à Yabne par la suite? Je ne sais pas.

En sortant, sur la cour, devant nous, la synagogue où j’ai vécu la rencontre avec la hazanout tunisienne, qui a bercé mon enfance. Je me souviens de moments où petite fille, j’écoutais la tfila, sans y comprendre un mot bien sûr, mais j’écoutais.

Samah (Sawah : Abdel Halim Hafez) – Makam Nahwand

Après tous ces classiques nous ne pouvions pas oublier ce chef d’œuvre de la chanson orientale qui a bâti des centaines de tefilot : Sawah ( Samah) – Abdel Halim Hafez🎻Cours de Hazanout et Piyoutim tunisienne 🇹🇳🇹🇳 tous les lundis a la synagogue Od Nissim Hai au 68 Ahuza a Raanana !! *15h30 les Ados ( + 13 ans ) *17h00 les EnfantsN’hesitez pas a nous contacter 🎻🎻

Publiée par Le MAKAM avec Salomon Bellaiche sur Lundi 3 juin 2019

A cette époque, on ne s’inquiétait pas de notre ennui possible, on nous faisait confiance en quelque sorte. On était là, c’est tout, mais il s’en passait des choses, dans nos têtes et dans nos coeurs.

Un jour, j’étais à un mariage en Israël et sous la houpa, j’entends un des rabanim chanter une des shava brahot. Et j’ai envie de pleurer, et je pleure, et j’ai quatre ans. C’est sûr, ce rav est tunisien. Je vais le voir, et bien sûr, il l’est. J’ai retrouvé, ce jour-là, les accents de mon enfance. Car la musique, plus que toute saveur, plus que tout plat ou aliment, constitue ma madeleine de Proust. Mais ça, c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être dans un autre post.
En attendant, je vous souhaite chavoua tov oumevorah !

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