Les “réfugiés palestiniens”, un statut surréaliste. Par Jean-Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Après la Seconde Guerre mondiale et la catastrophe de la Shoah, on avait pu penser que le temps des conflits armés était terminé. « Plus jamais ça ! » disait-on. Il n’en a rien été. Les affrontements ont repris à travers le monde, entraînant leur lot de personnes déplacées et de réfugiés. Ainsi, de 1954 à 1962, la guerre d’Algérie a conduit des centaines de milliers d’individus à préférer la valise au cercueil. Ils ont été accueillis en France et, pour ceux d’entre eux qui étaient juifs, souvent en Israël.

Mais qui, de nos jours, se soucie, à part certaines associations, des ces réfugiés ? De 1955 à 1975, la guerre du Vietnam, elle aussi, avec ses centaines de milliers de morts, a généré nombre de réfugiés. Ils ont refait leur vie à travers le monde. On ne parle plus des réfugiés vietnamiens.  En 1993, l’Arménie a attaqué l’Azerbaïdjan, au motif que la Haut-Karabakh était majoritairement peuplé d’Arméniens, conquérant cette province et sept autres districts, soit 20% du territoire de ce pays. Plus d’un million de réfugiés ont été réinstallés en Azerbaïdjan. Personne n’en parle plus. En 2020, l’Azerbaïdjan a pris sa revanche en récupérant ses territoires perdus. Des dizaines de milliers d’Arméniens ont été amenés à quitter le Haut-Karabakh. Après une certaine émotion internationale, ces réfugiés arméniens sont rapidement tombés dans l’oubli. Depuis le 24 février 2022, la guerre fait rage entre la Russie et l’Ukraine et on ne compte plus les réfugiés ukrainiens qui se sont réinstallés ici et là à travers la planète. Sans oublier les conflits endémiques en Afrique noire avec leurs millions de déplacés et d’exilés. Et ce ne sont là que quelques exemples. En 2023, on compte près de 30 millions de réfugiés à travers le monde qui sont pratiquement oubliés.

Les seuls réfugiés qui accaparent, sans interruption, les soucis des Nations unies, des chancelleries, de la presse et des bonnes âmes sont les « réfugiés palestiniens ». Des réfugiés qui, contrairement à tous les autres, bénéficient d’un statut véritablement surréaliste.

Il convient de rappeler que lorsque le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine élaboré par le Comité Spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) créé par l’Assemblée générale de l’ONU, a été approuvé à New York, par le biais de la résolution 181, il a été immédiatement agréé par le yichouv, la communauté juive palestinienne, malgré l’exiguïté de la partie de la Palestine mandataire qui lui était offerte et fermement rejeté par la Ligue arabe et par le Comité arabe palestinien. Les armées arabes de Transjordanie, d’Égypte, du Liban, de Syrie et d’Irak auxquelles se joignirent les Arabes palestiniens attaquèrent le jeune État juif, Israël. Miracle, Israël parvint à vaincre la coalition ennemie. Plusieurs centaines de milliers d’Arabes palestiniens sont amenés à fuir, souvent sur les exhortations de leurs dirigeants, vers des cieux plus cléments. Ainsi naissent les réfugiés palestiniens qui vont se retrouver dans des camps de tentes, devenus, depuis, des immeubles et des villas luxueuses installés dans de véritables agglomérations. C’était il y a trois quarts de siècles et, la plupart de ces réfugiés ont, naturellement, disparu de nos jours. Mais alors qui sont les « réfugiés palestiniens » dont on nous rebat les oreilles alors que tous les autres ont quitté les écrans et les radars ? Ce sont en réalité, les enfants, les petits-enfants et les arrières petits-enfants des réfugiés d’origine ! En 1949 a été créé l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees). Sa mission : venir en aide aux personnes dont le foyer se situait en Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 et qui, du fait du conflit israélo-arabe, ont perdu leur toit et leurs moyens de subsistance. La règle sera même assouplie et étendue à toute personne ayant vécu au moins deux années sur le territoire du futur Israël et qui a été amenée à le quitter. Autre aménagement : il suffisait qu’un Arabe palestinien ait été déplacé de quelques kilomètres pour avoir droit au statut de réfugié, prérogative refusée aux Juifs palestiniens dans la même situation. À l’époque, 726 000 personnes répondaient à ces critères. Mais, au fil des années, les anomalies se sont accumulées. Pour ne pas perdre les bénéfices des services fournis par l’UNRWA, (Santé, éducation, clubs sportifs, associations féminines…) nombre de décès ne sont pas déclarés, les effectifs sont gonflés, on fabrique de fausses cartes (1). L’usage s’est imposé, au fil des ans, de considérer que le statut de « réfugié palestinien » se transmet de père en fils. Or, nous dit Ruth Lapidoth, professeur à l’Université Hébraïque de Jérusalem : « La convention de 1951-1967 sur le statut des réfugiés ne fait pas mention des descendants. Ainsi, le statut n’est pas hérité. En outre, cette convention cesse d’être appliquée à une personne qui a acquis une autre nationalité ». Sans oublier les dizaines de milliers de Palestiniens employés de l’UNRWA qui ont intérêt à voir ce système perdurer car il leur garantit un emploi.

On l’aura compris, le statut de « réfugié palestinien » est véritablement surréaliste. L’ONU s’acharne, contre toute logique, à le maintenir. Cette ONU dont, on ne l’oubliera jamais, l’Assemblée générale a adopté, le 10 novembre 1975 par 72 voix contre 35 avec 32 abstentions, l’infâme résolution 3379 affirmant que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale » (2). Ceci explique peut-être en partie cela.

Notes

  • 1. Une délégation du Congrès américain visitant la Jordanie en 1960 en dénombre 150 000.
  • 2. Fort heureusement, cette résolution a été révoquée le 16 décembre 1991.

© Jean-Pierre Allali

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2 Comments

  1. “L’usage s’est imposé, au fil des ans, de considérer que le statut de « réfugié palestinien » se transmet de père en fils.”

    Oui, et visiblement ce n’est pas la seule chose qui se transmet de père en fils.
    Merci pour cet article qui remet la vérité à sa juste place.

    • De père en fils les biens du défunt moins les droits successoraux. Et pour les palestiniens la qualité de « réfugié » qui se transmettra jusqu’à la fin des temps, ce qui les incitera à rester dans des camps à ruminer des idées de vengeance qui les consolent ! Et le monde y consent car cela lui donne bonne conscience et un milliard de musulmans sont satisfaits !

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