Lucas Burel. A la rentrée du Rassemblement national : “Quand ça ne sera plus Emmanuel Macron, ce sera nous !”

Louis Aliot, Marine Le Pen et Jordan Bardella au Cap d’Agde, le 18 septembre.
PASCAL GUYOT / AFP


Sur fond d’élection interne pour sa succession à la présidence du Rassemblement national, Marine Le Pen réunissait ses troupes ce week-end au Cap-d’Agde, dans l’Hérault.

Il y a cinq ans, le Front national en était réduit à réclamer, en vain, une modification du règlement de l’Assemblée nationale pour abaisser le nombre minimum d’élus nécessaires afin de constituer un groupe parlementaire… Décrite comme « lessivée », y compris par certains de ses proches, après son débat catastrophique face à Emmanuel Macron, des divergences idéologiques au sein de son état-major et une campagne des législatives anecdotique, Marine Le Pen, qui disait alors souffrir de problèmes de dos, avait carrément déserté l’Hémicycle dès le début du mois d’août.

Un quinquennat est passé. Soit une éternité en politique, tant la tonalité des trois « journées parlementaires » du RN qui se sont tenues ce week-end au Cap-d’Agde a été radicalement différente. A l’heure où l’autre opposition, celle de gauche, se déchire autour de la valeur « travail » et fait face aux difficultés de certains de ses cadres, le Rassemblement national, qui dispose du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, voit la vie en rose : 89 députés élus, une « révolution électorale […] inexorable » en France et partout en Europe – en Italie, en Suède et aux Pays-Bays. Et une élection interne pour la présidence d’un parti qui ne souffre d’aucune remise en question de la ligne politique dictée par sa vraie cheffe, Marine Le Pen, qui se débarrasse au passage des accusations de népotisme qui lui ont collé aux basques dès son élection en 2011, à la suite de son père.

« Nous sommes les seuls candidats naturels à sa suite »

Au Cap d’Agde, le RN affiche le visage triomphant et bronzé, été oblige, d’une extrême droite désormais persuadée de jouer le rôle de favori pour la présidentielle de 2027. Dans les couloirs du palais des congrès, où l’essentiel des réunions a été consacré à la formation et à la professionnalisation des élus RN et où régnait encore le sentiment d’euphorie de la divine surprise du printemps, il a d’ailleurs davantage été question de l’exercice du pouvoir plutôt que de sa conquête :

« La seule vraie question qui se pose aujourd’hui c’est : comment être à la hauteur des attentes des Français quand Marine aura été élue en 2027 ? »
Pas un nuage dans le ciel héraultais donc, et un « horizon » politique aussi « limpide » que la feuille de route délivrée par Marine Le Pen, dont l’optimisme et la promesse de « jours heureux » est résumée par le slogan dévoilé ce dimanche : « L’alternance pour la France ».

Un énième pas dans sa quête d’institutionnalisation et un changement de paradigme pour la formation fondée par Jean-Marie Le Pen, historiquement accro aux discours antisystème et qui a longtemps brocardé ce même principe d’alternance. Lequel l’excluait des arcanes du pouvoir en favorisant, de fait, la compétition entre les grands partis de gouvernement de gauche et de droite. Mais « puisque Macron nous a fait le cadeau de tous les tuer, nous sommes les seuls candidats naturels à sa suite… », assure l’entourage de l’ancienne candidate. Celle-ci n’a pas hésité à claironner : « Quand ça ne sera plus Emmanuel Macron, ce sera nous ! »

Nouveau plan de bataille

Une nouvelle composition politique dans laquelle les enjeux de personnes autour de sa succession sont apparus bien secondaires, malgré l’imminence du Congrès, le 5 novembre prochain. Les deux aspirants à la nouvelle présidence, le président par intérim et favori, Jordan Bardella, et Louis Aliot, le maire de Perpignan qui fait figure d’ancien combattant parmi les dizaines de nouvelles têtes que compte désormais le parti, n’ont d’ailleurs rien trouvé à redire au nouveau plan de bataille, promettant l’un comme l’autre de réorienter l’appareil partisan vers la détection et l’accompagnement des élus et l’implantation locale du RN.

« Sur les marchés, au repas des anciens » : comment le Rassemblement national réussit son implantation
Marine Le Pen, qui continue d’invoquer la nécessité de « circonstances exceptionnelles » pour justifier une quatrième candidature à l’élection présidentielle en 2027, ne laisse, en réalité, que très peu planer le doute sur ses intentions. A ses proches, elle l’a répété tout l’été : le « procès en lassitude de la politique » qui lui est fait depuis des années est « complètement faux ». Aussi, la décision de « passer le flambeau » n’est qu’un moyen supplémentaire de « sortir de la gestion partisane » et parler « à tous les Français », « au-delà » de sa « famille politique ».

Charge au groupe parlementaire, dont elle a pris la tête dès sa réélection à Hénin-Beaumont, d’afficher les gages de sérieux de tout mouvement aspirant à conquérir l’Elysée, quitte à voter des textes de lois ou des amendements en provenance d’autres bancs dans l’hémicycle, « pourvu qu’ils aillent dans le bon sens ». « Les textes pragmatiques qui prévoient des mesures concrètes en faveur des Français […] : ceux-là, nous pouvons les voter ! », a-t-elle aussi expliqué à ses troupes, confirmant en outre l’intention du RN de voter contre le budget et de s’opposer à la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.

Un exercice d’équilibriste mâtiné par moments (on est toujours au Rassemblement national) de quelques sorties maison sur l’immigration :

« D’ores et déjà, n’avez-vous pas compris que pour tenter de faire bonne figure aux jeux Olympiques 2024, le gouvernement allait être tenté de vider Paris de ses clandestins, squatteurs et autres crackers, c’est-à-dire de les répartir chez vous, dans nos campagnes et villes moyennes ? »

© Lucas Burel

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4 Comments

  1. Les “clandestins, squatteurs et autres crackers” sont une réalité, non ? Ou bien les journalistes vivent-ils dans un monde parallèle ? MLP fait aujourd’hui figure de centriste. Elle est sans doute incompétente, mais pas cinglée comme Jean-Luc ou Ursula et tout ce qui s’en approche. Depuis au moins 10 ans, plus personne de sérieux ne considère le RN comme une menace prioritaire : Les psychopathes du pouvoir en place, de la NUPES et de l’UE ont montré et montrent tous les jours leur folie, leur racisme, leur antisémitisme, leur fanatisme, leur inhumanite et leur incompétence. Ils nous mènent vers la guerre civile ou la troisième guerre mondiale. Cela dit
    Il n’y a absolument rien à espérer d’une hypothétique victoire de MLP : c’est notre régime politique (national et européen) tout entier sorte de 4ème Reich qu’il faut abattre. Les pseudo élections de nos pseudo démocraties ne servent qu’à divertir les enfants (ou les simples d’esprit).

  2. Je n’éprouve pas une immense sympathie envers MLP et ses partisans mais il est clair que comparés aux néo nazis racistes de la NUPES ou de BLM et aux criminels va-t-en guerre de l’union européenne, ce sont des baba-cools avec Peace and Love au milieu du drapeau. Ceux ou celles qui croient encore que le RN est le danger numéro 1 et qui voient l’extrême droite là où elle n’est pas au lieu de la voir là où elle est réellement.. font réellement preuve d’une bêtise incommensurable. Et cela ne s’arrange pas vraiment au fil des ans…

  3. Après le meurtre raciste et antisémite de Jeremie Cohen, deux seuls candidats ont dénonce cet acte barbare : Zemmour et Marine Le Pen. Quelle a été la réaction de la macrosphere ? “Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit d’un acte criminel” (BFM) Circulez il n’y a rien à voir…Les médias macronistes sont complices de la barbarie antisémite : en fin de compte EZ et MLP sont à peu près les deux seuls candidats…à ne PAS être d’extrême droite !

    Abstenez-vous ou glissez un morceau de chewing-gum (1) dans votre bulletin de vote si vous le souhaitez , mais voter Macron, Hidalgo ou Mélenchon c’est voter pour Dieudonné, Soral et Bouteldja.

    (1) par exemple…Sinon il existe d’autres possibilités…

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