Ce pays que l’on m’avait décrit comme un enfer est devenu un lieu où je respire enfin. Par Alexandre Rifai

Alexandre Rifai

Me voilà en Israël à nouveau. Chaque fois, l’émotion me submerge, et pourtant, elle m’est devenue familière. À peine les roues de l’avion touchent le sol que je ressens cette sensation troublante, cette attirance inexplicable, presque une appartenance.

Tel-Aviv m’accueille comme si je l’avais toujours connue. Ses rues, ses odeurs, son effervescence me sont désormais naturelles. Je me perds volontairement, laissant mes pas me guider, observant ces visages que l’on m’avait appris à haïr.

« Sionistes »… Un mot chargé de mépris dans ma Syrie natale, une insulte, un ennemi sans visage.

Aurais-je imaginé, adolescent en Syrie, qu’un jour je foulerais cette ville tant honnie ? Que je reviendrais encore et encore, non pas en ennemi, mais en amoureux de ce pays et de son peuple ? Cela aurait semblé impensable, presque une trahison.

Et pourtant, me voilà. Je l’assume pleinement.

Parfois, je m’arrête un instant et je me demande : vraiment ? Moi, un Syrien en Israël ? À marcher dans ses rues, à croiser ses habitants, à m’imprégner de cette vie que l’on m’avait peinte comme un mensonge ? Ce qui hier semblait impossible est aujourd’hui une évidence. Ce pays que l’on m’avait décrit comme un enfer est devenu un lieu où je respire enfin.

Un endroit où, libéré des récits façonnés par d’autres, je me découvre libre d’aimer, de comprendre, d’exister autrement. Il n’y a plus d’ennemis imaginaires, plus d’histoires imposées. Juste la réalité d’un peuple, d’une terre, d’une histoire qui m’accueille, qui me touche, qui, à chaque instant, m’appartient un peu plus. Et moi, le cœur battant, tremblant presque, témoin et acteur de ce que j’aurais cru impossible.

© Alexandre Rifai

« FrancoSyrien décidé à me ranger du côté de l’ennemi qu’on m’a désigné »

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