Depuis Israël, Michel Jefroykin lit la Presse pour nous: Élections municipales israéliennes en temps de guerre

Des soldates de l’armée dans un bureau de vote militaire, une photo diffusée le 20 février 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Ce qu’il faut savoir sur les élections municipales israéliennes en temps de guerre

La guerre contre le Hamas a entraîné deux reports du scrutin qui aura finalement lieu 
mardi 27 fevrier – sauf dans les secteurs du pays qui ont été évacués.

Tal Schneider – Times of Israel

Les élections municipales sont là. Mardi, sept millions d’Israéliens pourront se rendre dans les bureaux de vote pour désigner les maires ou les chefs de Conseils locaux qui officieront au sein de 197 autorités municipales et de 44 Conseils locaux. Le scrutin avait été initialement programmé au 31 octobre 2023, soit trois semaines après le début de la guerre déclenchée par l’attaque dévastatrice du groupe terroriste du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, à l’Ouest du Neguev. Il avait été reporté.

Des pans entiers du territoire essuient encore des attaques aujourd’hui – et les élections dans ces secteurs (qui ont depuis été évacués par leurs habitants), à la frontière avec Gaza et à la frontière avec le Liban, auront lieu dans 9 mois, le 19 novembre.

Sont concernées les villes de Kiryat Shmona, de Shlomi et de Sdérot, en plus des Conseils régionaux du sud et du nord où se trouvent des kibboutzim, des moshavim et plusieurs villages arabes. Au total, 180 000 citoyens qui résident dans ces zones n’iront donc pas voter mardi.

Le ministère de l’Intérieur procèdera à des évaluations sécuritaires toutes les deux heures, le jour du scrutin, en collaboration avec le Commandement intérieur de Tsahal et avec la police israélienne afin de garantir la sécurité des électeurs, a fait savoir le directeur-général du ministère, Ronen Peretz, lors d’un point-presse organisé au début du mois consacré à l’organisation du scrutin. Si les attaques du Hamas ou du Hezbollah devaient compliquer les choses le jour J, le ministère émettra alors des instructions aux Israéliens sur la manière dont ils peuvent voter. Il pourra même interrompre le scrutin et le reporter à une date ultérieure en cas de nécessité, a-t-il continué.

Jusqu’à l’assaut meurtrier du 7 octobre – ce jour-là, des hommes armés du Hamas avaient tué 1 200 personnes environ sur le sol israélien et ils avaient kidnappé 253 personnes, prises en otage à Gaza – toute l’attention se focalisait sur le plan de refonte radicale du système judiciaire israélien qui était avancé par la coalition. Toutefois, le 7 octobre et la guerre qui a suivi ont tout changé et ces deux sujets lourds sont dorénavant au centre des préoccupations des citoyens, y compris de ceux qui ne vivent pas près de la frontière, comme c’est le cas également de la sécurité sous tous ses aspects. Et dans ce cadre, une question vient se poser en particulier : ce qu’attendent les citoyens de l’armée et de la hiérarchie politique.

Ainsi, l’une des caractéristiques de ces élections pourrait être un éventuel message transmis par l’électorat israélien à son leadership, un message qui ferait état du sentiment ressenti par les citoyens face au travail qui a été effectué par les dirigeants politiques du pays, avant et après le 7 octobre.

Par les chiffres

Le nombre total d’électeurs en droit de se rendre dans les bureaux de vote, le jour des élections, sera de 7 190 920. Ils voteront dans 75 villes, dans 114 Conseils régionaux et dans 44 Conseils locaux répartis sur tout le territoire israélien.

24 910 candidats se présentent sur 4 500 listes de partis, avec 801 candidats au poste de maire (à noter qu’il y a seulement 83 candidates). Les électeurs déposeront deux bulletins dans l’urne – un pour désigner le chef du Conseil et l’autre pour établir la liste de ses conseillers.

Approximativement 50 000 officiels sont impliqués dans l’organisation de ce scrutin qui coûtera environ un milliard de shekels au pays.

Pour cause de guerre contre le Hamas, environ 400 000 Israéliens voteront loin de leur circonscription électorale, ce qui représente une forte augmentation par rapport au dernier scrutin municipal, en 2018, où ils avaient été 95 000 dans ce cas.

Cette augmentation est due au grand nombre de soldats qui servent actuellement à des fonctions variées ainsi qu’à la hausse du nombre de personnes blessées pour cause de guerre et qui devront voter depuis les hôpitaux où ils sont pris en charge.

Quel est le taux de participation électorale attendu ?

Habituellement, le taux de participation électoral, au cours des élections municipales, est bien inférieur à celui des élections générales au sein chez les Israéliens juifs : environ 71 % à lors des élections générales contre 59 % au cours du scrutin municipal.

Les données issues du secteur arabe – qui constitue environ un cinquième de la population israélienne – présentent une image différente. Un taux de participation très bas aux élections générales est la norme en comparaison avec une forte mobilisation des électeurs aux municipales – 50 % aux élections générales et 80 % au scrutin municipal.

Il est difficile de prédire le taux de participation de mardi en raison de la focalisation de l’attention des médias sur la guerre, au détriment du scrutin. Il y a une crainte généralisée d’attaques à la roquette depuis le nord du pays et, peut-être, depuis le sud ; des tirs qui prendraient pour cible le centre du territoire en cette journée électorale, ce qui pourrait déterminer de nombreux citoyens à rester chez eux.

La plupart des employeurs accordent une journée de congé à leur personnel – une manière d’encourager les Israéliens à aller accomplir leur devoir civique. La question est de savoir si les Israéliens utiliseront ce jour de repos dans cet objectif. Dans certains secteurs, un taux de participation bas pourrait renforcer le score final des partis ultra-orthodoxes dont les électeurs se mobilisent en grand nombre, de manière générale.

Quel est le statut politique des municipalités en Israël ?

Toutefois, le pouvoir politique est hautement centralisé au profit du gouvernement national, ce qui signifie que les décisions prises par les autorités locales sont soumises à des régulations gouvernementales lourdes.

Quelque chose qui entraîne des tensions constantes entre les maires et le gouvernement – un gouvernement qui, pendant la plus grande partie des dernières décennies, a été dirigé par la formation du Likud.

Il y a aussi un important problème de corruption au sein des municipalités. En temps de paix, le sujet est souvent très couvert par les médias – face à un public plutôt indifférent.

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes maires et cheffes de Conseil ?

Les femmes représentent une minorité significative parmi les maires, les responsables et autres membres des Conseils locaux. Au fil des années, les organisations de défense de l’égalité entre les sexes ont tenté d’améliorer la représentativité des femmes élues à la tête d’autorités locales mais le problème réside également dans la pénurie de candidates à de telles fonctions.

Il est également banal, en Israël, de voir d’anciens généraux de l’armée intégrer la politique municipale, ce qui explique également ce nombre minoritaire de femmes.

Au cours du scrutin actuel, à peine 10 % des candidats à la tête d’une mairie (sans compter les membres des Conseils) sont des femmes. Parmi les Juifs israéliens, le pourcentage est plus élevé, à 17%. Le scrutin municipal, en 2018, s’était terminé avec l’élection de 14 femmes – soit 6 % des maires.

Les soldats et les réservistes peuvent-ils voter sur la ligne de front ?

L’armée autorise tous les soldats, même ceux qui se battent actuellement à Gaza, à voter. Tsahal a installé des bureaux de vote mobiles dans le cadre d’une procédure électorale anticipée appelée « les enveloppes bleues », une initiative qui a été lancée le 20 février, notamment sur le territoire de l’enclave côtière.

Les enveloppes bleues sont aussi utilisées dans les prisons pour les détenus et pour les gardiens – ainsi que dans les hôpitaux et dans les services de rééducation où des milliers de soldats sont actuellement pris en charge après avoir été blessés sur la ligne de front. Le décompte des votes des soldats, le travail de vérification visant à s’assurer qu’il n’y a pas eu de double vote, pourrait prendre un peu plus de temps que d’habitude. Les officiels n’attendent pas de résultats définitifs dès mardi, et peut-être même pas mercredi.

Quelles sont les grandes villes où les élections méritent d’être observées de près ?

Tel Aviv : A l’exception de la capitale, Jérusalem, c’est la ville la plus importante dans la mesure où elle est un centre économique et culturel qui est en lui-même doté d’une forte influence.

Le budget de Tel Aviv est celui d’un ministère de taille moyenne et il est de sept milliards de shekels. Trois milliards de shekels sont consacrés au développement des infrastructures municipales seulement. La localité a également le budget le plus important dans le pays en matière de culture, derrière le ministère de la Culture.

Le favori dans cette course est Ron Huldai, qui dirige la ville depuis déjà 25 ans. Ce général de brigade réserviste a fait carrière dans l’armée en tant que pilote d’avion de combat. Huldai se présente face à une générale réserviste, Orna Barbivai, la femme de plus haut rang au sein de Tsahal. Ancienne responsable de l’administration des ressources humaines de l’armée et ancienne ministre de l’Économie dans le précédent gouvernement, Barbivai est très expérimentée dans la gestion d’organisations massives et elle bénéficie du soutien du deuxième parti politique le plus important à la Knesset, Yesh Atid, dont elle a été députée.

Sa difficulté principale : elle affronte le maire en exercice, un homme jouissant d’une forte popularité.

Jérusalem : C’est le maire actuel, Moshe Lion, qui devrait être reconduit à ses fonctions pour un mandat de cinq ans. La campagne, à Jérusalem, est presque ennuyeuse dans la mesure où il n’y a aucun outsider susceptible de faire la différence face à Lion, qui a gagné le respect pour tout le travail qu’il a effectué pour améliorer les infrastructures et l’éducation à Jérusalem-Est, un secteur où de nombreux anciens maires refusaient d’investir des ressources.

Haifa : Les attentes étaient fortes quand la maire actuelle de la ville – c’était la toute première femme élue à ce poste – Einat Kalisch Rotem avait pris la barre en 2018.

Malgré tout, les années passant, elle s’est querellée de manière répétée avec les habitants sur des questions relatives à l’environnement, à la construction et – ce qui est aussi notable – face au problème posé par les sangliers dont la présence était devenue endémique dans la ville. Rotem voulait empêcher « la mise à mort agricole » de ces animaux alors que les habitants étaient horrifiés au vu de leur nombre toujours plus important et des dégâts dont ils étaient à l’origine.

Rotem devrait s’incliner face à l’ancien maire Yona Yahav.

Bnei Brak : En raison de problèmes sanitaires graves dans la ville ultra-orthodoxe la plus peuplée du monde, les élections à Bnei Brak continuent, malgré la guerre, à captiver le public.

Autre intérêt dans ce scrutin : c’est la première fois qu’un candidat ultra-orthodoxe non-ashkénaze se présente dans la ville au poste de maire. Il s’agit du ministre actuel de la Santé issu du parti Shas, Uriel Buso.

Nazareth : Dans cette communauté arabe, le scrutin suit une année marquée par un crime en recrudescence et par un nombre de meurtres qui ne cesse de grimper. Avant le 7 octobre, un membre du Conseil municipal de Nazareth avait même retiré sa candidature en raison de menaces pesant sur sa vie. Cela a été également le cas d’autres candidats dans d’autres villes arabes.

© Michel Jefroykin © Tal Schneider pour TOI

https://fr.timesofisrael.com/ce-quil-faut-savoir-sur-les-elections-municipales-israeliennes-en-temps-de-guerre/

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