Daniel Sarfati. Dibbouk

Un grain breton, une brusque bourrasque et une pluie drue. 

Je me suis réfugié dans la librairie “Le Dilettante”, en face du Théâtre de l’Odéon. 

On est à l’abri dans une librairie, il ne peut rien nous arriver.

J’ai bien remarqué,en tête de gondole, les œuvres complètes de l’écrivain Marc-Edouard Nabe, justement éditées par “Le Dilettante”. 

Le nabot antisémite, fils de Marcel Zanini ( “Tu veux ou tu veux pas”) qui se prend pour L.F Céline, le talent en moins. 

Mais je ne suis pas obligé d’acheter ou de feuilleter. 

À côté, un roman graphique d’occas’.

“Dibbouk”, de Tomek Heydinger. 

Assez surprenant, cette proximité. 

“Un Dibbouk est l’esprit d’un mort. Il prend possession d’une personne vivante et se sert d’elle pour terminer quelque chose que le défunt avait commencé”.

Un mythe entre religion, superstition et fantastique. Un des thèmes de la littérature yiddish.

Dans ce roman, un vieil écrivain yiddish ( il ressemble beaucoup graphiquement à Isaac Bashevis Singer), Moishe Rosenfeld, qui vit à New-York dans les années 60, voit soudain surgir les fantômes du shtetl de son enfance. 

Le mot Dibbouk vient de l’hébreu. 

דבק

Un terme qui veut dire “attacher, coller” mais aussi “contaminer”. 

Quand un Dibbouk s’empare de vous, il est très difficile de s’en débarrasser.

Le dessin m’a plu. Ligne claire à la Rutu Modan. 

Le sujet aussi. 

Le livre était en très bon état, à moitié prix. 

J’aime les livres qui ont une deuxième vie. 

“Je le prends”, ai-je dit au libraire en veste de tweed et pochette cashmere. 

“Intéressant”, j’ai ajouté, “Marc-Edouard Nabe à côté d’un livre yiddish”. 

Il a vaguement ronchonné. 

“Nabe doit être le Dibbouk de Céline”, j’ai conclu.

La pluie avait cessé. J’ai emporté mon trésor au Rostand, pour boire un chocolat chaud.

© Daniel Sarfati

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