Maxime Tandonnet. L’idée même d’un « pacte de gouvernement » LR-Ensemble méprise la volonté populaire

L’idée, agitée par quelques individualités de droite, d’un pacte de gouvernement entre Ensemble (la majorité présidentielle) et la soixantaine de députés de droite (LR et alliés) pour rendre au chef de l’Etat une majorité absolue à l’Assemblée, méprise frontalement la volonté populaire. 71% des Français sont satisfaits qu’il n’y ait pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, selon un sondage Elabe pour BFM et l’Express. Et cette étude est confirmée par de multiples enquêtes d’opinion et corrobore un vaste courant de satisfaction que l’on ressent partout dans le pays.

C’est en effet dans le cadre d’un large consensus que les Français ont choisi cette option par un geste de défiance envers l’exécutif. Ils ont voulu mettre fin à la présidence dite « Jupiter ». Or, l’idée de pacte de gouvernement consiste justement à tourner le dos à ce verdict populaire en reconstituant, par voie de négociation interne à la classe politique une majorité présidentielle absolue. Bafouer la volonté populaire, aussi clairement exprimée dans les urnes, par une combinaison politicienne telle qu’un « contrat de gouvernement » entre Ensemble et LR, reviendrait à violer frontalement le verdict du suffrage universel et à aggraver encore le discrédit de la parole publique et la fracture démocratique entre le peuple et ses représentants qui déjà, se traduit par une abstention gigantesque (54% aux législatives!).

Un tel pacte de gouvernement aboutirait de fait, pour LR, à endosser le bilan du premier quinquennat, la dette publique à 3000 milliards, le vertigineux effondrement scolaire, les politiques sanitaires aussi inefficaces que liberticides, l’accélération du déclin industriel, le désastre sécuritaire, etc. Ce choix équivaudrait à enchaîner le destin de la droite à un nouveau quinquennat dont tout laisse penser qu’il conduit le pays à l’abîme. Il aurait pour effet de laisser le monopole de l’opposition aux formations radicalisées, en guerre idéologique, mais dont les propositions rivalisent de démagogie. Quel plus magnifique cadeau pourrait faire la droite au RN que de disparaître absorbée dans la macronie! Alors que s’ouvre sans doute une ère de crise financière, économique, sociale et politique d’une extrême violence, la disparition de la droite « classique » qui serait alors avalée par « Ensemble » et discréditée, priverait la France d’une espérance de relève démocratique (que pourrait représenter une droite libre) et d’échapper au naufrage. Elle ouvrirait sans doute la voie à l’arrivée inéluctable au pouvoir d’une alliance de gauche radicalisée sur le modèle Nupes.

Quant à l’argument en faveur d’un pacte de gouvernement pour éviter le chaos, il relève de la parfaite hypocrisie. Car rien n’empêche le cas échéant une droite indépendante du gouvernement d’approuver au car par cas des projets de lois nécessaires à l’intérêt général en conditionnant son soutien à l’approbation de ses amendements. La seule question est de savoir si l’opposition LR doit se soumettre à la macronie en entrant dans une combinaison ministérielle pour une poignée de maroquins. Le véritable choix est entre la soumission à un pouvoir qui depuis 5 ans, ne cesse d’humilier et de dépecer la droite et la résistance au nom de l’intérêt supérieur de la France.

Maxime Tandonnet

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

  1. Remarquable analyse! L’auteur m’a convaincu . Pas de ministres LR ni d’alliance avec Ensemble ! Il faudra négocier au cas par cas le soutien aux propositions de Mme Borne. Rester en dehors pour peut être demain remplacer et conduire le pays loin des dangers . Total respect à Monsieur Tandonnet !

  2. L’auteur s’improvise donc, voir déjà le titre, porte-parole de « la volonté populaire ».
    Son article précédant contenait déjà la perle suivante : « …la France profonde a le sentiment… ».

    Qu’en sait-il ? Comme représentant de la « volonté populaire » et de « la France profonde » on pourrait imaginer bien plus crédible qu’un bourgeois énarque ayant sévit, entre autres, à l’Elysée.

    J’estime perso que l’élection législative exprime au moins TROIS volontés populaires, difficilement compatibles : LREM, RN et NUPES.

    D’autant que le discours de l’auteur va à l’encontre des nombreux caciques de LR, actuels et anciens, qui soutiennent et qui soutiendraient la gouvernance Macron, sous une forme ou une autre ; Edouard Philippe en étant le plus emblématique (je vous fais grâce de l’interminable liste).

    Certes, l’apparatchik professionnel Christian Jacob défend le temple en ruines moyennant rodomontades et coups de menton. MAIS rappelons :
    – Dans un mois ou deux il sera remplacé ; il est donc déjà à responsabilité limitée.
    – Le refus de négocier est un point de démarrage classique d’une fructueuse négociation.

    Le plus important : paralysie et instabilité gouvernementales seraient au détriment de nous TOUS ; surtout de la France « profonde et populaire » dont l’auteur fait mine de se soucier.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*