Serge Hajdenberg. Maroc-Israël

Une mini-bombe atomique vient d’éclater dans ce petit monde particulier que sont les relations d’Israël dans le monde avec les pays musulmans, proches ou lointains et en particulier les états arabes.

Qu’importe ce que sont ces pays, qu’ils soient des royautés ou soient des régimes plus dictatoriaux que démocratiques, ils ont tous ou avaient tous des problèmes avec Israël et son peuple. En particulier sa renaissance sur sa terre historique après 3 000 ans d’exil dont une grande partie passée dans ces pays en tant que citoyens de seconde zone. En terre d’Islam leur situation était celle de dimis que je n’essayerais pas de comparer avec celle des juifs dans l’univers de la chrétienté.

C’est un point important de l’histoire de notre peuple mais aujourd’hui ce n’est pas l’objet. Ce qui m’intéresse bien évidemment c’est le retour du Maroc dans le cercle diplomatique des amis d’Israël après en être sorti il y a 20 ans. Disons-le sans nous cacher derrière notre petit doigt il y a eu trop de revers, trop d’engagements non tenus, trop de retours en arrière après bien des espoirs. Mais la vie est ainsi faîte qu’il faut savoir repartir à zéro même à la suite d’une liquidation d’amitiés et en faisant semblant de ne rien remarquer.

Un accord vient d’être conclu avec le Maroc soutenu par l’aide incroyable du Président américain, Donald Trump et de son messager infatigable, son gendre Jared Kushner.

Le roi a obtenu de Donald Trump ce qu’il voulait : la reconnaissance par les Etats-Unis de l’autorité de son pays sur le Sahara Occidental. En échange le Maroc ouvre à nouveau des relations diplomatiques avec Israël et ce n’est pas rien. Cette position des Etats-Unis aura d’autres conséquences avec d’autres états y compris certains d’Europe.

Revenons à nos moutons. Nous pouvons légitimement nous poser la question de savoir si ce traité aura notamment une influence sur la Tunisie, gouvernée par un parti religieux, et qui a une attitude destructrice vis-à-vis d’Israël. Ne nous faisons pas d’illusion concernant l’Algérie, pays qui aurait pourtant tellement d’intérêts à ouvrir une véritable coopération avec Israël.

Cette affaire aura probablement aussi des conséquences inattendues sur les populations des deux pays tout juste réconciliés. Au Maroc, de nombreux hommes d’affaires disent, toujours en privé, qu’ils regrettent jusqu’à maintenant le départ de leurs concitoyens juifs dans les années 60. De nombreux conseillers juifs ont toujours été dans la garde rapprochée de l’ancien et du nouveau roi. Le rapprochement économique avec Israël peut dorénavant se faire au grand jour.

Mais paradoxalement ce sera peut-être en politique intérieure israélienne que cette signature pourrait avoir le plus de conséquences. Partis du Maroc donc dans les années 60, c’est environ 400 000 hommes, femmes et enfants qui sont arrivés sur la terre promise et attendue, parfois dans des conditions incroyablement difficiles dont nous avons souvent parlé ici.

Aujourd’hui les brassages ethniques et la démographie ont certainement permis d’atteindre 600 000 personnes, voire plus, qui se sentent directement positivement concernées et qui sauront très certainement le faire savoir par leurs votes aux prochaines élections.

Le grand gagnant sera alors Benjamin Netanyahou. 

© Serge Hajdenberg

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