La fin de “Débat”. La fin du … Débat?

Marcel Gauchet. Pierre Nora

Alain Finkielkraut reçoit dans Répliques du 19 septembre Pierre Nora pour évoquer le dernier numéro de la revue Le Débat et la place des échanges contradictoires dans la société française.

Alain Finkielkraut s’interroge : la vie intellectuelle reviendrait-elle aujourd’hui sous le paradigme de la guerre ? 

Crise de la réalité du débat ?

Pierre Nora évoque le champ du débat comme lieu de puissance de la démocratie. 

“Les conditions ont beaucoup changé dans la mesure où ceux qui ne veulent pas de débat ne le font pas au nom d’une cause unique et collective qui les projetterait dans un universel vrai, mais en raison de carapace identitaire et particulière qui les enferme”, déclare Pierre Nora

Alain Finkielkraut revient sur ce qu’il appelle les “causes parfaites” qui sont pour lui : le féminisme, l’antiracisme et l’écologie.

Revue Le Débat, un dernier numéro

Pierre Nora évoque le 210ème et dernier numéro et les thématiques abordées : changement de monde, d’économie, de politique, de société, de culture, des mentalités. 

“Avec la fin de la revue du Débat, j’ai été conscient de la responsabilité que je prenais ; je ne l’ai pas conçu comme une démission mais plutôt comme une alerte. C’est précisément pour provoquer cette réaction générale d’alerte et de compréhension”, poursuit Pierre Nora

Ce que disait Kundera en 1983

“Encore ébranlé par cet événement triplement tragique qu’était l’invasion de Prague, je suis venu en France et j’ai essayé d’expliquer à mes amis français le massacre de la culture qui eut lieu après l’invasion. Imaginez, on a liquidé toutes les revues littéraires et culturelles, toutes sans exception. Cela ne s’est jamais passé dans l’histoire tchèque, même pas sous l’occupation nazie pendant la guerre. Or, mes amis me regardaient avec une indulgence embarrassée dont je compris le sens plus tard. En effet, quand on liquida toutes les revues en Tchécoslovaquie, la nation tout entière le savait et elle ressentit avec angoisse la portée immense de cet événement. Si, en France ou en Angleterre, toutes les revues disparaissaient, personne ne s’en apercevait, même pas leur éditeur. A Paris, même dans le milieu tout à fait cultivé, on discute pendant les dîners des émissions de télévision et non pas des revues, car la culture a déjà cédé la place. Sa disparition que nous vécûmes à Prague comme une catastrophe, un choc, une tragédie, on la vit à Paris comme quelque chose de banal et d’insignifiant, d’à peine visible, comme un non-événement. 

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-fin-du-debat

Source: France Culture. 19 septembre 2020

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