Jason Greenblatt au Jerusalem Post : L’application de la loi israélienne en Cisjordanie n’est pas illégale

Settlement of Elon Moreh, near Nablus, West Bank, June 11, 2020
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)

Il ne s’agit pas de terres palestiniennes. Ce sont des terres disputées ; la résolution du conflit dépendra des négociations entre les deux parties. 

Un quotidien israélien a publié, le 13 juin, une libre-opinion de Yousef al-Otaiba, ambassadeur des Émirats Arabes Unis auprès des États-Unis. J’ai œuvré pendant trois ans à la Maison Blanche en faveur d’un rapprochement entre Israël et ses voisins arabes. Bien que, globalement, la position exposée dans la tribune soit susceptible de nuire aux efforts engagés par l’administration Trump et moi-même, je félicite l’Ambassadeur Otaiba de son initiative et surtout de s’être adressé directement au public israélien.
 

Yousef al-Otaiba, ambassadeur des Émirats Arabes Unis auprès des États-Unis

Dans ce texte, admirable sur le fond et sur la forme, l’auteur évite le ton hystérique et les propos à l’emporte-pièce qui marquent trop souvent les commentaires des diplomates et des responsables politiques lorsqu’ils s’expriment au sujet du conflit israélo-palestinien.  

Qu’il n’y ait aucun malentendu. Pour le dire sans détours : je m’inscris en faux contre certains éléments de la tribune. Par exemple, je n’accepte pas la notion que l’extension de souveraineté israélienne sur certaines zones constituerait une saisie illégale des terres. Ma position correspond à celle du gouvernement américain qui, en fait, a dicté l’intégration de ce projet d’extension de souveraineté dans la vision de paix du Président Donald Trump.

Je suis, à titre personnel, favorable à cette démarche, mais la décision ne dépend pas de moi. Je ne suis pas israélien. La décision d’avancer sur cette voie reviendra au gouvernement israélien démocratiquement élu.

 
Je ne peux pas cautionner le terme « terres palestiniennes ». Ce ne sont pas des terres palestiniennes, mais des terres disputées et le conflit ne sera pas résolu sans négociations directes entre les deux parties concernées. Or, la poursuite des négociations s’avère problématique. On a tenu compte de ce blocage, parmi d’autres facteurs essentiels, dans la formulation de notre vision de paix.

La direction palestinienne est scindée, peut-être inéluctablement, en deux parties : d’un côté, l’autorité de Ramallah et, de l’autre, les terroristes de Gaza, assoiffés de sang, financés par l’Iran, qui tiennent sous leur joug quelque deux millions de Palestiniens  qu’ils font souffrir, comme les populations israéliennes. Malheureusement, les responsables de Ramallah avaient déjà rejeté la vision de paix avant même sa publication. En fait, ils ont refusé à maintes reprises des propositions et des plans avancés par des administrations américaines précédentes. Nous sommes arrivés à la conclusion que la direction de Ramallah ne devrait plus bénéficier d’un pouvoir de veto sur l’avenir de ces terres et de ses habitants israéliens. Malgré cela et dans un souci de les protéger, nous avons accordé aux Palestiniens un délai important–quatre ans – pour se mettre en ordre de marche afin de profiter, eux aussi, des nombreux avantages offerts dans la vision de paix.

J’ai appris au cours de longues heures passées dans des capitales arabes pendant une période de trois ans, que notre entente dépasse de loin nos mésententes. Je suis également conscient que des  désaccords sur des questions de fond peuvent  exister entre amis et alliés ; l’État des Émirats est un ami et un allié précieux des Etats-Unis. Il va sans dire que les Émirats sont libres d’agir en fonction de leurs intérêts et selon leurs principes. Tout en reconnaissant le droit d’Israël à prendre des décisions (y compris celle visée par la tribune de l’ambassadeur), je respecterai toujours le droit des Émirats à décider selon leurs propres critères.


Dans sa tribune, l’ambassadeur a bien noté les changements fondamentaux opérés, ces dernières années, en ce qui concerne Israël et la communauté juive dans le monde. Cette transformation est guidée par la vision de Son Altesse le Cheikh Mohammed Bin Zayed et par son leadership déterminé. Son Altesse est pragmatique, elle a l’esprit ouvert, tolérant, et est inspirée par le souhait d’unir la région et de la faire avancer dans une direction positive.

En cas d’une décision israélienne d’avancer le projet d’application de la loi israélienne dans les zones désignées, j’ose espérer que les grands progrès au niveau des rapports entre l’EAU et Israël se poursuivront. C’est crucial pour la région, à de multiples niveaux, notamment la sécurité.

N’oublions pas qu’au mois de janvier dernier, Monsieur l’Ambassadeur Otaiba s’est rendu à la Maison Blanche, accompagné des ambassadeurs Hunaina al-Mughairy d’Oman et  Abdullah bin Rashid Al Khalifa du Bahreïn, à l’occasion de la présentation de la vision Trump de la paix. Ce geste historique m’inspire un très grand  respect. Les ambassadeurs, applaudis et chaleureusement reçus par toute l’assistance, ont eux-mêmes applaudi divers points du projet. Nos amis les ambassadeurs devraient être toujours et encore applaudis et chaleureusement accueillis. Sans approuver tout ce que comporte la  vision (probablement loin de cela), ils sont venus et nous ont soutenus.

C’est avec un grand plaisir que je pense aux repas cacher que je prendrai quand je visiterai de nouveau les Émirats, tout en espérant voir la poursuite du projet de Maison de la Famille Abrahamique à Abu Dhabi, où seront réunies dans un même complexe immobilier, une mosquée, une église, et une synagogue. Je serai ravi d’y mettre les tefillin [phylactères] et d’y prier, comme je l’ai fait l’an dernier dans une synagogue de Bahreïn.


Malgré nos différences profondes sur certaines questions, je resterai éternellement reconnaissant à certains responsables de capitales de la région, qui ont accepté de s’engager dans des conversations franches, sincères et parfois surprenantes.

Nous savons tous que la voie de la paix est terriblement compliquée et difficile. La région est terriblement compliquée. Mais ces discussions et débats difficiles, y compris sur les questions soulevées dans la tribune de mon ami Yousef, sont nécessaires si nous voulons voir se produire des améliorations significatives.

L’auteur a été, pendant près de trois ans, envoyé de la Maison Blanche au Moyen-Orient sous le Président Trump. Il est actuellement un associé de equity crowdfunding platform OurCrowd. Twitter: @GreenblattJD

Traduit de l’anglais, ”Applying Israeli law is not illegal”  Jerusalem Post , 15 juin 2020, https://www.jpost.com/opinion/greenblatt-to-post-applying-israeli-law-in-west-bank-is-not-illegal-631420 

Jason Dov Greenblatt

Avocat américain, Jason Dov Greenblatt était vice-président exécutif et directeur juridique du Président Trump, et son conseiller sur Israël. En janvier 2017, il a été nommé par le Président Assistant et Représentant spécial pour les négociations internationales .

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