Nadine Richon. Dansons, maintenant ! Sans écraser le pied des autres…

Je ne pensais pas entrer un jour dans une pharmacie et m’entendre dire qu’on n’avait ni gel ni masque aux premiers temps de la pandémie. Concernant le gel, on pouvait m’en vendre de fabrication maison, mais un seul, hein, et êtes-vous bien certaine d’en vouloir ? Ben oui, vous venez d’en donner au monsieur (un homme visiblement plus âgé ou connu de la pharmacienne) alors pourquoi pas moi ? Oui madame, voici…

Je ne pensais pas connaître un jour une pénurie (relative et ne touchant pas la nourriture), me promener dans la ville en regardant avec tristesse tous ces magasins fermés, ces cafés barricadés et voir mon fitness sans aucune lumière…


Dire adieu à mon beau-père lors d’une cérémonie réduite à l’essentiel…

Dire adieu à mon beau-père lors d’une petite cérémonie de confinement, réduite à l’essentiel…

Entendre parler de tous ces malades parfois dans un état très grave sans qu’on sache toujours pourquoi, roulette génétique, demain toi si je te contamine, ou moi, savoir les hôpitaux surchargés, les écoles fermées, des personnes âgées encore plus isolées que quand on ne parlait jamais d’elles, et plaindre à ce point les caissières des grands magasins en espérant qu’elles auront une vraie prime… les géants Coop et Migros, ohé, vous avez gagné plus que d’habitude puisque nous avons tous été privés de restaurants !

Sinon mon gouvernement peut prendre toutes les informations strictement nécessaires pour casser la chaîne de contamination : je me fie à vous qui bossez le sujet pour nous, je ne suis pas une rebelle à deux sous.

Un soupir romantique en souvenir

Alors je m’interroge sur la réouverture des restaurants, où il faudra se signaler soi et ceux qui nous accompagnent, mais je comprends la mesure sur le plan sanitaire. Je m’autorise seulement à pousser un soupir romantique au souvenir de ces lieux où l’on pouvait se rendre même sans réserver, en poussant la porte comme un second domicile, et rester le temps qu’on voulait, raconter verre à la main sa vie à un inconnu ou juste observer, rêvasser, lire, seul ou accompagné par un autre incognito.

Ce temps reviendra-t-il ? Comme celui des trains, qui nous emmenaient d’une ville à l’autre avec quasiment la même liberté et sans doute plus de sécurité que la voiture ? La peur du virus s’ajoutera-t-elle à celle du terrorisme ? Porterons-nous un masque pour nous rassurer magiquement, en plus de nos coups d’œil vers les valises isolées ?

La peur du virus s’ajoutera-t-elle à celle du terrorisme ?

Allons-nous vivre parano entre défiance des simples passants et des gouvernants ou grandir, cesser de bondir à la moindre alerte comme un pion qui se croit libre du moment qu’il crie alors qu’il ne sait pas grand-chose, allons-nous apprendre à danser avec le virus et le reste, à nous comporter tranquillement entre vigilance et confiance, avec mesure et patience, abandon de certaines libertés au profit de la collectivité… mais aussi souci de soi dans un art de vivre en mouvement pour prendre sa place sans écraser le pied des autres ?

Dansons, maintenant !

Nadine Richon

Nadine Richon est journaliste suisse et écrivain francophone.

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