Pascal Tenno. Affaire Sarah Halimi: Macron fait un numéro de “pensée complexe”

L’affaire Sarah Halimi, vieille dame juive sauvagement assassinée par un islamiste déclaré “irresponsable” par la justice et ses experts-psychiatres de gauche, hante la macronie. Parce qu’elle symbolise un phénomène chaque jour plus inquiétant: l’impunité morale accordée aux djihadistes, systématiquement considérés comme des “déséquilibrés”.

La communauté juive de France a pris l’habitude de faire le dos rond face à l’islamisme, mais elle n’a pas digéré la mort de Sarah Halimi, traitée par l’État comme un fait divers lié au cannabis plutôt qu’eu terrorisme.

Une mobilisation, discrète mais puissante, commençant par des manifestations dans toute la France, continuée par une campagne de cartes postales “Justice pour Sarah” envoyées à l’Élysée, le tout relayé par un grand nombre d’échos dans la presse mondiale, a eu l’effet escompté: l’Élysée s’est senti obligé de sortir de son terrible silence.

En voyage diplomatique en Israël, Macron a longuement évoqué le dossier Sarah Halimi. Mais il l’a fait en s’emmêlant tellement les pinceaux dans sa propre pensée complexe que personne ne comprend rien à son discours.

Il a commencé par un zigzag hypocrite. “De là où je vous parle, je ne peux vous parler avec le cœur. Je dois respecter ces principes de la République. Le président de la République n’a pas à commenter une décision de justice ni à prétendre la remettre en cause.” Autrement dit: je ne vais pas dire ce que je pense, mais je dis que je vais pas le dire.

Il a ensuite embrayé sur l’émotion. “J’ai reçu tant de lettres, entendu tant d’émoi, vu tant de rage, de colère, à l’idée que, au fond, la justice ne soit jamais faite et ne puisse passer…” Traduction: je me tais, mais je suis ému. Encore et toujours le cœur, alors qu’on lui demande du muscle. On notera au passage que la communauté juive n’a aucunement fait preuve de “rage”. Elle s’est montrée calme, patiente, civilisée. Pas une seule vitrine n’a volé en éclats, pas un seul policier n’a été insulté. Macron voit des Gilets Jaunes partout.

Puis, pour plaire à son auditoire, il a sorti la carte du crime antisémite. “La justice française a reconnu le caractère antisémite de ce crime. (…) Et ce caractère antisémite, personne ne peut le remettre en cause.” Macron croit qu’en parlant d’antisémitisme, il peut éteindre l’incendie. Rien n’est moins sûr, car, tout comme FL24 dès les premiers jours de la mobilisation, la communauté juive a répondu par avance: elle a accusé le pouvoir de lui lancer “un os à ronger”, selon les mots des militants de la cause de Sarah Halimi, très présents sur Facebook.

Pour bien montrer qu’il ne plaisante pas avec ce sujet, il a même ajouté: “La question de l’antisémitisme est celle de la République”, ce qui ne veut strictement rien dire. Là, on baigne en plein macronitude: des formules définitives sans queue ni tête, destinées à tétaniser les esprits faibles.

Il a enfin atteint des sommets de noyage de poisson: “Et, ce que nous apprend ce qui vient de se passer, c’est que, même si, à la fin, le juge devait décider que la responsabilité pénale n’est pas là, le besoin de procès, lui, est là.” En français courant: la justice fait n’importe quoi, mais le peuple n’est pas d’accord. Quel scoop!

Sans compter les formules magiques de Manu Potter, comme l’étrange “La justice doit avoir un lieu”. Oui, Manu. Ça s’appelle un tribunal. What else?

Voilà. C’est tout. In fine, à quoi sert cette allocution? À affirmer qu’il est très secrètement d’accord avec la communauté juive, mais qu’il ne fera rien parce qu’il est un excellent Président.

Si la communauté juive se réjouit de ce discours, elle a perdu la partie. Le moment est venu pour elle d’exiger un passage aux actes. Puisqu’elle a fait reculer l’Élysée d’un pas, elle doit maintenant le faire reculer pour de bon. Et obtenir le procès qui, seul, peut encore rendre son honneur perdu à la justice française.

Allez, Macron. Tu as été courageux, mais le moins possible. Et le moins de courage possible n’est rien d’autre qu’une affreuse lâcheté.

Source: Le Figaro. Article de Pascal Tenno de FL24

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2 Comments

  1. Que peut-on attendre de Macron ? Dans tous les domaines (y compris l’antisémitisme) il incarne le degré optimal de la démagogie et le degré 0 du courage politique. En ce sens, c’est un pur produit de la rue Solférino.

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