Sidney Amiel condamné à 10 ans de prison pour viol et agressions sexuelles

L’avocat général avait requis 10 ans de prison ferme, demandant de la sévérité contre le notable de Chartres, estimant que sa qualité tantôt d’avocat, tantôt d’employeur des victimes, ou de beau-père de l’une d’elle, aggravait son cas. Les jurés l’ont suivi.

10 ans de prison ferme: c’est la peine qu’ont infligée les jurés de la cour d’assises de Versailles à Sidney Amiel, cet avocat accusé d’un viol, d’agressions sexuelles et de tentatives d’agressions sexuelles sur cinq femmes, deux clientes, une employée et une collaboratrice de son cabinet d’avocat à Chartres, ainsi que sur sa belle-fille.

Les jurés ont reconnu toutes les plaintes des cinq victimes, et ont suivi les réquisitions de l’avocat général, qui demandait de la «sévérité» pour cet avocat, qui avait toujours clamé son innocence.

L’avocat général, Bruno Meslin, avait prononcé la veille un réquisitoire ferme contre Sidney Amiel, décrit comme «pervers et manipulateur» dans l’ordonnance de mise en accusation. «Nous avons dans cette affaires des victimes parfaitement crédibles, qui ne se connaissent pas, font des déclarations qui concordent. Ce ne sont pas des rivaux, ils ou elles se plaignent de faits qui se corroborent les uns les autres. En face la défense consiste à dire “il y a des complots contre moi”, ou bien on nous dit “je suis tactile”: c’est léger. Je suis parfaitement convaincu de la culpabilité de Sidney Amiel, et j’ai confiance sur le fait que vous me suivrez», avait-il plaidé.

«Il essaie simplement de se raccrocher à quelques branches assez basses»

S’opposant à une justice qui privilégierait les cols blancs, Bruno Meslin a refusé toute clémence à l’avocat au nom de son statut de notable: «On pourrait dire qu’on a qu’à ne pas être trop sévère avec quelqu’un qui a “ce standing”. Au contraire, sa qualité d’avocat, la connaissance de la règle qu’il a, font qu’il est dans une situation aggravée», a-t-il fait valoir. Il a mis en avant d’autres circonstances aggravantes: le fait que Sidney Amiel ait agi en ayant autorité sur les victimes, soit parce qu’elles étaient ses employées ou clientes, soit en sa qualité de beau-père.

Examinant un par un les témoignages des plaignantes, Bruno Meslin a démonté méthodiquement les arguments de la défense. S’agissant du témoignage de Dominique*, qui portait plainte pour viol, par exemple: «Si elle avait voulu nuire, aurait-elle attendu autant de temps? C’est un argument qui ne tient pas», avait-il dit. «S’agissait-il d’aller prendre la clientèle d’Amiel? Non. Il était reconnu comme grand spécialiste de droit du travail, elle faisait essentiellement du droit civil». Concernant la belle-fille de l’avocat, Andréa*: «On ne pose pas la tête sur la poitrine d’une femme qui n’est pas la sienne».

Tout comme l’argument selon lequel Sidney Amiel serait simplement «méditerranéen»: «Qu’on ne dise pas n’importe quoi!», s’est-il exclamé, rappelant que Nadia*, une cliente et la première à porter plainte, est algérienne et qu’Andréa* est d’origine maltaise. «En réalité je crois tout simplement qu’il ne se contrôle pas, et qu’il essaie simplement de se raccrocher à quelques branches», avait-il dit, se disant «frappé» par la façon dont Sidney Amiel avait varié dans ses récits.

Une «justice de classe à l’envers»?

En face, maître Landon, avocat de Sidney Amiel, a dressé le portrait d’un homme «complètement brisé, qui a tout perdu et qui assiste à sa mise à mort judiciaire». Il a essayé de montrer que l’image de son client ne jouait pas en sa faveur, tentant de mettre en garde les jurés sur l’illusion créée autour d’un personnage décrit selon lui comme «mégalo, pervers, radin, manipulateur, homophobe, obsédé sexuel, dominateur». «Il faudrait ajouter “le diable”», s’est-il emporté, faisant référence aux propos rapportés par Nadia. «Ce dossier sent très mauvais, j’ai rarement vu un dossier avec autant d’animosité, de rancoeur», a-t-il dénoncé.

C’est une «justice de classe à l’envers» qui s’abat contre Sidney Amiel, a défendu maître Landon, trouvant «terrible cette vengeance populaire» qui veuille qu’«on paye le prix fort», «parce qu’on est intelligent et cultivé». «Il n’est pas là pour être la victime expiatoire d’un phénomène général», a-t-il plaidé. Puis, s’adressant à l’association de femmes victimes de violences sexuelles au travail, l’AVFT: «Les propos qui m’ont le plus convaincu, ce sont ceux de votre association. Votre combat est un combat légitime, mais on n’est pas là aujourd’hui pour lutter contre les agressions sexuelles, mais pour savoir si Amiel est coupable d’un crime et de quatre délits».

Cinq complots démontés par l’avocat général

Surtout, maître Landon a essayé de mettre en avant les «failles» qui selon lui sont présentes dans le dossier. Comme l’expertise psychologique sur Nadia, qui selon la psychologue consultée quelques jours après les faits avait décelé «des fragilités». Ou le fait qu’elle aurait eu en sa possession «des documents de Flextronics», une usine dont les salariés sont défendus par maître Amiel, et au sujet duquel l’avocat pense qu’elle complote contre lui, pour casser la défense des salariés.

Plus tôt, l’avocat général Bruno Meslin avait balayé les différentes thèses de «complots» avancés par la défense, cinq au total, répétant plusieurs fois «ça n’est pas sérieux» ou «tout ceci ne tient pas debout»: «Oui l’antisémitisme ça existe. Mais en est-il victime dans cette affaire? Non. Aucune des plaignantes n’a tenu de propos antisémite». Ou encore: «J’ajoute que la quasi totalité des avocats ont quitté Chartres. Tous ces gens là ne sont pas des rivaux d’Amiel. Si l’on voulait avancer cette thèse il aurait fallu nous en dire plus».

«Il méconnaît la connotation sexuelle des gestes qui lui sont reprochés»

Au moment des plaidoiries des parties civiles, un des avocats accusé par Amiel d’être l’un des instigateurs du complot s’était moqué de cette défense, suscitant à plusieurs reprises des rires dans la salle. «Je suis jaloux de Sidney Amiel, il est tellement bon! Voir quelqu’un rouler en porsche jaune, je supporte pas!», avait-il ironisé.

Sentant ces arguments sans doute insuffisants pour faire acquitter son client, maître Landon avait essayé de plaider, à tout le moins, une peine moins importante que celle réclamée par l’avocat général, en rappelant aux jurés les conclusions de l’expertise psychologique conduite sur son client: «Si vous deviez prendre cette piste au combien risquée (de faire condamner Sidney Amiel, ndlr), n’oubliez jamais l’expertise, qui dit qu’il méconnaît ce qu’il y a de sexuel dans les gestes qui lui sont reprochés. Si vous le condamnez par malheur, vous ne pouvez pas lui donner cette peine». Une thèse rejetée par l’avocat général, qui avait affirmé plus tôt: «On ne peut pas penser un instant qu’il ait pu croire lui-même que c’est acceptable». Les jurés ont sans doute aussi estimé qu’Amiel était tout à fait conscient de tout cela. Frédéric Landon, avocat de Sidney Amiel a fait appel du verdict de la cour d’assises de Versailles.

*Les prénoms ont été modifiés.

Source buzzfeed

 

 

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