Nos énarques n’ont pas simplement échoué.
Ils ont théorisé contre la réalité — et la réalité a perdu.
Formés dans le même moule, sortis des mêmes écoles — École nationale d’administration en tête — ils ont imposé à la France une vision élégante, abstraite, parfaitement cohérente… tant qu’on ne la confrontait pas au monde.
Leur fable était simple : à l’Occident, l’intelligence, la création, le concept ; aux autres, la fabrication, la sueur, l’exécution.
À nous les idées. À la Chine les usines.
Un pays pouvait donc vivre de PowerPoint. Ce n’était pas une analyse économique. C’était une croyance de caste.
L’industrie : un abandon méthodique
La désindustrialisation française n’est ni un accident ni une fatalité. C’est une politique assumée, menée avec constance, sans débat et sans jamais regarder derrière soi.
En quarante ans :
• l’industrie est tombée à 10 % du PIB ;
• 2,5 millions d’emplois ont disparu ;
• la balance commerciale est devenue un gouffre de plus de 100 milliards d’euros par an.
On a laissé partir les usines comme on se débarrasse d’un vieux meuble. On a vidé les territoires, remplacé les ouvriers par des consultants, les machines par des slides, le savoir-faire par la communication.
Et quand la pandémie, les pénuries, les crises géopolitiques ont révélé notre dépendance, les mêmes ont feint l’étonnement.
Comme si la réalité avait triché.
Un pays qui ne produit plus ne décide plus.
La France le découvre à ses dépens.
L’agriculture : la même recette, le même mépris
Ce logiciel idéologique s’applique aujourd’hui à l’agriculture.
Les chiffres sont connus, donc ignorés :
• –75 % d’exploitations en quarante ans ;
• agriculteurs divisés par quatre ;
• revenus souvent inférieurs au SMIC ;
• un suicide tous les deux jours.
Ce n’est pas un déclin naturel. C’est une asphyxie organisée.
Comme l’ouvrier hier, le paysan dérange. Il travaille avec le réel, le temps long, le vivant.
Alors on le noie sous les normes, on le culpabilise, on l’expose à une concurrence mondiale dont on a soigneusement supprimé toute réciprocité.
On exige ici la vertu.
On importe ailleurs le dumping.
Mercosur : bon accord en théorie, mauvais choix en pratique
Disons-le sans caricature : Mercosur pourrait être un bon accord. À condition de ne pas se faire contre ceux qui produisent.
Un accord sérieux supposerait :
• des normes identiques ;
• des clauses de sauvegarde automatiques ;
• une traçabilité réelle ;
• des compensations pour les filières sacrifiées.
Or l’accord tel qu’il est porté par la Commission européenne avec le Mercosur n’offre rien de tout cela.
Ce n’est pas du libre-échange. C’est du dumping réglementaire sous label vert.
Une élite qui décide sans jamais payer
Le point commun entre l’industrie abandonnée et l’agriculture étranglée n’est pas la mondialisation. C’est l’élite qui décide sans conséquences. Elle ne vit pas dans les territoires sinistrés. Elle ne dépend ni d’une usine ni d’un champ. Elle parle « transition » quand il s’agit de disparition, « adaptation » quand il s’agit de renoncement, « modernité » quand il s’agit d’abandon.
L’échec n’est jamais sanctionné. Il est recyclé.
Non, ce n’est pas une fatalité
L’agriculture française n’est ni archaïque ni condamnée. Elle a les terres, les savoir-faire, la demande, l’excellence.
Ce qui lui manque, ce n’est pas la capacité. C’est la volonté politique de la défendre.
D’autres pays européens protègent leurs producteurs. La France pourrait le faire aussi — si elle cessait de croire qu’un pays peut vivre sans mains, sans champs et sans usines.
Conclusion
La France n’a pas perdu son industrie ni son agriculture par accident. Elle les a abandonnées par idéologie. Après les usines sacrifiées, si les champs tombent à leur tour, il ne restera plus que des normes, des discours… et une élite très satisfaite d’elle-même.
© Paul Germon

Une analyse sans concession de choix économiques et sociaux qui nous ont conduits à une dure et coûteuse réalité. Avec un système social qui explose du fait d’une immigration peu qualifiée et non maîtrisée avec une dénatalité, le réveil est très douloureux, sur bien des plans. Il devient urgent que le courage politique reprenne le pas, avec des changements de stratégie et d’actions sur plusieurs plans pour retrouver notre souveraineté, économique et militaire, à partir d.une politique sociale, éducative, sécuritaire, sociale et budgétaire responsable.
Pour ne plus laisser la caste politique s’emparer de nos avenirs, une seule voix:
– démocratie directe (sur la base de l’expérience Suisse)
Poursuivre en votant pour un sauveur, why not mais la douleur reviendra.
La France a perdu sa capacité de nourrir sa population…!
On tue les agriculteurs et on va vers un modèle de marché ou de résilience territoriale ! Notre souveraineté alimentaire est menacée !..
Une puissance en déclin !!
Une analyse sans concession ! Pragmatique. Aujourd’hui heureusement des voix intelligentes se font entendre de plus en plus fortes et les Français sont entrain de se réveiller de ce cauchemar. L’idéologie fonctionne de moins en moins bien. Je reste optimiste et je pense qu’un recentrage va se faire🙏 bravo Paul pour ton papier comme d’habitude si pertinent ! Au plaisir de te lire