

Que se passe-t-il en Israël ? Pourquoi parle-t-on d’une « fracture » de l’opinion publique ? Pourquoi ces incessantes manifestations contre la politique de l’actuel gouvernement ?
Un livre, « La question séfarade » de Daniel Bensoussan-Bursztein, donne une clé pour comprendre ces évolutions de la société israélienne.
Les Juifs ashkénazes, très puissants dans l’ Allemagne d’avant guerre, ont été incapables de lutter efficacement contre la montée du nazisme. Après l’effroyable catastrophe de la Shoah, ils ont cependant participé activement et efficacement à la création de l’Etat d’Israël et ont également vaincu systématiquement les pays arabes coalisés contre lui. Ils bénéficiaient alors de la sympathie, du soutien actif des pays occidentaux et de la « gauche progressiste » et ce, jusqu’à la guerre des Six Jours.
Les Juifs ashkénazes qui occupaient la quasi totalité des postes d’influence et de commandement, non seulement n’ont pas su tirer profit de leur éclatante victoire de 1967 mais, par un étrange processus psychique, celle-ci les a plongés dans une sorte d’état de sidération qui les a conduits à se comporter comme des vaincus.
Les pays arabes surpris, ont parfaitement compris que les dirigeants ashkénazes avaient d’une part la nostalgie de leur ancien statut de victimes en lutte contre un oppresseur surpuissant et d’autre part étaient animés par le mépris des Juifs séfarades qu’ils jugeaient stupides, racistes, réactionnaires de droite et anti-arabes primaires.
Les pays arabes vaincus ont alors adopté la rhétorique de gauche du vainqueur et ont poursuivi le combat contre Israël en se cachant derrière le leurre du « peuple palestinien colonisé par l’Etat juif ».
Les Juifs ashkénazes dirigeants ont mordu à cet hameçon empoisonné. Enfermés dans leur contradiction (mépris du Juif sépharade jugé anti-arabes/rhétorique de gauche) ils ont été incapables de déjouer la ruse de leurs ennemis. Non seulement ils se sont montrés inaptes à lutter contre l’OLP, mais ont globalement validé ses poncifs qui ont conduit aux dramatiques « Accords d’Oslo ». Ces derniers ont de facto légitimé le terrorisme musulman qui s’est déchainé en toute impunité contre une population israélienne idéologiquement désarmée.
Jouant habilement du double-langage, la propagande arabe a su gagner à sa cause la plupart des intellectuels, les grands médias et conséquemment l’opinion publique des pays occidentaux.
Prisonniers d’une idéologie mortifère, incapables de poursuivre le combat, les dirigeants ashkénazes se sont alignés sur le point de vue des ennemis d’Israël, adoptant l’invraisemblable théorie des deux Etats comme solution au conflit séculaire qui oppose Juifs et musulmans. Ils n’ont pas vu ou voulu comprendre que la reconnaissance d’un Etat palestinien serait non seulement une défaite pour Israël mais à terme, un formidable signal envoyé à tous ses ennemis de poursuivre le combat jusqu’à sa destruction totale.
En l’état actuel du corps de doctrines appliqué dans les pays musulmans, les incessantes et permanentes agressions perpétrées par les islamistes de tout bord, aboutissant aux tragiques évènements du 7 octobre 2023, ont démontré que la coexistence pacifique des deux peuples est un leurre destiné à mettre Israël au banc des accusés s’il se défend et ainsi de neutraliser sa vigilance et sa combativité.
La conduite de vaincus adoptée par les dirigeants ashkénazes est sans doute imputable au syndrome décrit par Bruno Bettelhaim et Primo Lévy, qui a conduit de nombreux rescapés de la Shoah à obéir au désir de mort de leurs ennemis en se suicidant.
Heureusement que le judaïsme a su trouver en son sein les forces de la Renaissance du sionisme historique. Mais la vieille garde capitularde conduite par les deux Ehud (Olmert et Barak), n’a pas désarmée. Elle aspire à la paix des cimetières qui conduit à réaliser le vœu des ennemis d’Israël: sa complète destruction.
La terrible guerre que mène actuellement Israël sur tous les fronts, montre que le peuple israélien est parvenu à surmonter ses contradictions, qu’il est -ashkénazes et séfarades- uni derrière son gouvernement pour combattre ses puissants ennemis. Les cris d’orfraie que pousse la vieille garde réactionnaire est l’expression de la rancune de la caste de possédants détrônés qui se pensaient propriétaires à vie du pouvoir et qui est prête, pour conserver ses privilèges, à aller jusqu’à la trahison.
Les membres de cette caste ont oublié qu’en démocratie, le pouvoir n’appartient ni aux juges, ni aux « sachants », mais au peuple souverain.
© Sidney Touati pour Dreuz.info
La question séfarade, de la dhimma à la colonisation, une mémoire qui dérange. Daniel Bensoussan-Bursztein. Éditions L’Artilleur
Daniel Bensoussan-Bursztein est journaliste aux Cahiers Bernard Lazare

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