
Si seulement Bibi n’existait pas.
Si seulement le Hamas n’existait pas.
Si seulement certains n’existaient pas.
Si seulement nous savions quelle sorte de sionisme nous voulons.
1/1/2023 : Manifestations contre la réforme judiciaire.
7/10/2023 : Le pogrom.Tous les israéliens sont pour l’éradication militaire du Hamas, certains des palestiniens.
1/2/2025 : La volonté de libérer les otages remise en question.
1/3/2025 : Le gouvernement entreprend la (re) conquête de Gaza.
Depuis le 7/10/2023 la colonisation outrancière de la Cisjordanie, le minimum des Accords d’Oslo vole en éclat.
Les barjots « jeunes des collines » s’en donnent à coeur joie.
Depuis le 7/10/2023, la bonne excuse de pouvoir museler autant que faire se peut le quatrième pouvoir.
Les Haredim refusent d’être soldats, de participer à l’effort de guerre, laissant cela sur les épaules des séculiers.
Seulement, une tribu existe qui devrait se poser du sparadrap sur la bouche : les français juifs détenteurs d’un maavar. La fameuse Alya « maavar »… Afin de passer comme un Israélien qui détient un passeport, plus vite la douane en arrivant et en partant de Ben Gourion. D’avoir pu durant le Covid venir voir sa famille. C’est l’Alya des « au cas ou ».
De mon temps, ce maavar, un laisser passer a la place du passeport que l’on obtient au bout d’un an d’Alya, était donné pour une période de cinq ans. Cette période terminée, il fallait choisir : Alya ou pas Alya. De nos jours, la politique a pris le dessus. Il suffit d’être présent le jour des législatives afin de voter pour Pinocchio. En 12 ans je n’ai pas encore rencontré un français de gauche ayant fait son alya. (Je dois être le dernier)
Le plus incroyable est qu’ils se pensent être Israéliens. Qui d’avoir de la famille, Qui d’avoir un appartement en Israël. Qui les deux : c’est un sionisme de salon.
Ils se satisfont de leur sionisme de salon. Aucune honte de ne pas avoir le droit au « sal klita » (panier d’intégration) qui est la preuve incontournable d’une vraie Alya. Le « sal klita », c’est recevoir une somme d’argent d’aide à l’intégration durant six mois, de pouvoir assister durant cinq mois à un Oulpan. Combien ont-ils des notions d’hébreu ? Rester en Eretz un minimum de six mois ? Trop peu pour eux.
Connaissent-ils, ressentent-ils la société israélienne sous prétexte de venir passer les vacances, les fêtes juives chez moi ? Ils ne feront jamais leur Alya. Sont-ils au courant des tourments internes de la société. Certainement pas.
Je vais vous parler de ces tourments. Ceux de maintenant et ceux de tous les instants.
Ah,Tel Aviv, la ville Blanche qui ne dort jamais. Chaque fois qu’un des « maavar » s’y rend, quel calme, quelle plénitude, quelle volupté. La Tayelet noire de monde. Les cafés, restaurants, pubs, noirs de monde. Il faut réserver à l’avance pour pouvoir dîner. Tout cela recouvre une bien autre réalité.
Pensez-vous réellement que ceux attablés dans les restaurants, bars et pubs ont l’esprit léger ?
Ils sont tous « pleins » car chacun de nous a besion d’une respiration de l’âme. De se détendre psychiquement, physiquement, de retour de très longues périodes ( milouim ) au sud et au nord. D’essayer entre amis de parler d’autre chose. Il est très facile d’entrer en contact avec l’un d’entre nous sur la terrasse d’un restaurant, d’un café, d’un pub. Vous découvrirez alors notre réalité psychique, sans parler de nos tourments professionnels.
Une seule fois, avez-vous parlé à ces derniers ? Que nenni.
Ceux dont on ne parle jamais, ce sont les soldats morts au combat. ( « Haaretz » est le seul journal à en parler tous les jours et qui tienne la statistique !) Parmi ceux qui me lisent, qui peux me dire combien de soldats sont morts et combien de blessés à vie durant les combats nord-sud-Cisjordanie depuis le 7 octobre ?
Chacun de nous, c’est une évidence, a soit souffert de la perte d’un proche, soit soutenu un membre d’un.e ami.e dans son malheur. Pas un de nous ne connaît un qui…
Voici la réalité que ne voient pas les « Maavar », lesquels n’ont pas à en souffrir durant leurs vacances en Israël.
Ce triste tableau m’amène à vous dire ceci, moi qui vis Israël de l’intérieur:
Le cœur brisé d’une mère, d’un père d’otage peut tuer. C’est arrivé.
Plus de 500 000 Israéliens ont sollicité une aide psychologique depuis le début de la guerre.
Les déplacés qui n’avaient pas d’autre choix que d’être logés dans un hôtel. Un hôtel ou la promiscuité etait anxiogène. La difficulté de vivre à deux dans une chambre de 12 mètres carrés du 7 octobre jusque’au 31 mars 2025. Un déracinement total. Dans ces hôtels où eurent lieu des viols, parfois entre jeunes. Des incestes. Des divorces.
Les vatikim, les anciens, les fondateurs du pays, des kibboutzim qui jusqu’au 31 mars (autorisation de retourner par l’armée) ont souffert d’être des déplacés physiquement et moralement.
En reconstruction au milieu des décombres de 13 mois de guerre, le kibboutz Sasa (frontière nord) pleure la perte de personnes âgées évacuées qui ne supportaient pas d’être loin de chez eux. Et ceux qui ne reviendront pas vivre en kibboutz: seuls 65% des kibboutzniks sont retournés à ce jour. Quel est le kibboutz que je vais retrouver ?
439 morts sur les routes en 2024. Le bilan le plus lourd depuis 20 ans. C’est plus que le nombre de soldats tués lors de chacune des quinze guerres menées à Gaza par Israël. Ces morts de la route sont des morts au combat pour la peine des parents. 150 piétons blessés en 2024. (vélos, trottinettes surtout).
Rendez-vous compte quel pourcentage cela représente vis-à-vis de neuf millions d’habitants.
Mon pays vient de dépasser en termes du produit intérieur brut (PIB) les 500 milliard, soit un pib par habitant de 52 640 dollars. 38 000 dollars en France. Nous n’en ressentons aucun effet sur notre vie quotidienne.
Comment finir ses fins de mois ? Les survivants de la Shoah vivent au seuil de la pauvreté, deux millions de pauvres et 750 000 enfants arrivent le ventre vide à l’école. Les prix supérieurs à ceux qui se pratiquent en Europe, entre 10 et 15% plus chers. L’impossibilité pour les primo-accédants d’acheter un appartement.
Voici 20 mois que j’ai dû quitter mon kibboutz. J’ai été en dépression durant six mois.
C’est ma réalité et c’est celle de tant d’autres.
J’espère pouvoir y retourner le 19 juin.
Les « maavar » commentent et donnent leur avis sur notre pays, notre gouvernement.
Que vous soyez de sensibilité de droite, de gauche, faites-moi plaisir: taisez-vous.
© Michel Jefroykin
Kibboutz Hanita
Le 2 juin 2025

Je me tais di l’auteur se tait aussi ! si je n’ai qu’un laissez passer et lui un passeport, cela fait il de lui un expert t un méritant alors que l’absence du document m’interdirait d’exprimer mes idées ? Des considérations de santé , de famille , de moyens peuvent inciter à une aliya complète ou la rendre très difficile . Je ne reconnais qu’un seul mérite supérieur , celui du soldat qui défend son pays et sa vie . Mais avoir un passeport quand on n’est plus mobilisable et vivre en Israël ne fait pas forcément de voys un patriote qui aurait seul le droit d’exprimer son opinion .
Je me tais Michel Jefroykin,pour tout ce malheur.