
Je ne répondrai pas point par point à la dernière tribune en date de Delphine Horvilleur soutenue par Anne Sinclair et Joann Sfar (que j’apprécie tous) …
Des plumes bien plus alertes, des bien meilleurs connaisseurs d’Israël et de la lutte sans merci que l’Iran et la bande des H (Hamas, Hezbollah, Houthis) lui livrent depuis ce funeste 7 octobre s’en sont chargé.
Je me placerai simplement du point de vue de l’analyse de la communication et des médias pour estimer que ces sorties précédées, si l’on comprend bien l’auteure, d’un long épisode de rongeage de frein, étaient néfastes pour l’image d’Israël et des Juifs dans leur globalité, pas que de Benyamin Netanyahou. Un premier ministre israélien qui se fout du reste littéralement de l’avis de trois français juifs, une rabbine, une journaliste aussi prestigieuse soit-elle et un auteur de BD en quête de cohérence.
Qu’on me comprenne bien. Je ne défends nullement Netanyahou et quelques-uns des ministres qui l’entourent et assurent sa survie politique et sa survie judiciaire. Je défends une idée de la vérité et de la liberté, tandis que dans notre pays les Juifs rasent les murs, changent de nom quand ils commandent via Uber Eats ou un VTC, etc.
Une tribune navrante ou au timing stupide
Alors pourquoi est-ce que je trouve cette tribune navrante, ou tout au moins son « timing » stupide ? Tout simplement parce que l’image déjà passablement écornée des Juifs et d’Israël, dans les médias de gauche et dans les médias publics – ce qui semble parfois relever du pléonasme –, en a pris un coup décisif. Il me semble que cette tribune a enfoncé le clou d’un cercueil déjà patiemment construit à longueur de « Quelle Epoque ! » et de « C ce soir » principalement.
En exprimant une honte et l’impossibilité de se taire devant ce qui se passe à Gaza, Mme Horvilleur a ouvert en quelque sorte en grand, en très grand, la boite de pandore !
La preuve de ce que j’avance en a été donné aussitôt, dans l’émission « Quelle Epoque ! » en date du 10 mai. Léa Salamé, en bonne fille de qui elle est (j’aimerais tant voir Paul de Saint-Sernin lui dire que son père fut un voleur comme il le fit avec Louis Sarkozy, j’aurais tant aimé le voir rappeler à Apolline de Malherbe qui est son patron actuel et ses accointances tragiques à Beyrouth avec le Hezbollah…) n’a jamais caché son parti-pris anti-israélien, aussi bien sur les antennes de France Inter que sur France2. Mais ce 10 mai on a eu une sorte de précipité du biais idéologique permanent contre ce que nous sommes et contre le seul pays où nous sommes majoritaires et pleinement vivants dans le monde.
A froid, j’ai essayé de me rappeler de chaque épisode ou mot choquant dans une émission qui ne donne jamais lieu à un débat d’idées mais à un spectacle à sens unique qui avait déjà à maintes reprises et longuement tapé sur Israël (De Villepin, Barrot, Lemire et sa collègue, Polony empalant BHL avec l’assistance énergique de Léa Salamé peu de temps après le 7 octobre pour son livre, etc.).
Dans l’émission du 10 mai, il y a d’abord eu chronologiquement l’épisode Jakubowitz-Mélenchon-Goebbels. Je peux trouver la comparaison faite par Maitre Jakubowitz hasardeuse – Mélenchon est plus proche de Drumont ou de Doriot qu’autre chose, par ses mots et sa stratégie politique trempée de haine – et trouver insensée la réaction d’Apolline de Malherbe, pourtant descendante d’une famille de Justes, validée par Yad Vashem. Devant un Ardisson défendant bizarrement à ce moment de l’émission « les Juifs » et pointant l’antisémitisme crasse de Mélenchon et de ses adeptes, Mme de Malherbe a évoqué le fameux point Godwin qui délégitime, souvent à raison, toute volonté de comparer les faits actuels avec ceux de la 2ème guerre mondiale, du nazisme et de la Shoah. Que n’a-t-elle, plus tard dans l’émission, évoqué ledit point quand le larmoyant Ardisson comparait Gaza à Auschwitz (terrible) une fois que Raphaël Pitti – dont les téléspectateurs apprirent si peu de choses sur les biais idéologiques et l’énergie habituelle à déboulonner tout ce qui vient d’Israël et des Juifs – avait fait son laïus victimaire coutumier, devant une Avignonnaise à la coiffure improbable et comme chacun sait grande connaisseuse de la géopolitique, opinant du chef et applaudissant à tout rompre chacun des propos dudit Pitti.
Avant de revenir à cet « humanitaire », a-t-on entendu parler dans cette émission, y compris dans les saillies drolatiques du talentueux mais répétitif Philippe Caverivière, de la visite honteuse du « président » autoproclamé de la Syrie qui est de ceux venus tuer à de si nombreuses reprises en France et à Paris ? Que nenni. Israël, toujours Israël, rien qu’Israël…
Du reste Caverivière lui-même s’est moqué de la « précision des frappes chirurgicales de Tsahal » devant un public gagné depuis longtemps à sa cause. On n’aura pas plus entendu parler des nouveaux otages assassinés à Gaza (il n’y en aurait plus que 21 de vivants). Ne parlons même pas des autres conflits majeurs, hors Ukraine-Russie, qui font florès dans le monde et tuent à une échelle bien supérieure à ce qui se passe à Gaza. « No Israël, no Jews ? No interest… »
L’humanitaire larmoyant
Raphaël Pitti ne voit pas le rapport entre ce qui se passe à Gaza et le 7 octobre. Il n’a pas un mot de compassion, lui le « grand humanitaire » pour les otages encore aux mains des salauds du Hamas – qui les torturent, les violent, les affament… Quand il parle des douleurs intolérables des civils palestiniens la larme à l’œil, devant Ardisson plus tout à fait étanche et Suzanne qui opine encore du chef bicolore au même titre qu’une femme au premier rang des spectateurs, nous pouvons répondre que Oui nous sommes tristes et choqués de l’absence d’alimentation et d’eau pour une partie de la population civile gazaouie (mais en précisant qu’il n’y a pas qu’un pays aux frontières de Gaza et que le Hamas ne détourne pas 10% des biens comme il le dit mais sans doute plus de 60% selon des ONG moins partisanes que celle de Monsieur Pitti). Oui, nous sommes tristes que des civils meurent, nous ne savons pas nous réjouir de la mort de ceux qui veulent notre mort, contrairement à d’autres. Oui, il est même possible de mettre en doute l’idée de déplacer (« déporter » disent-ils goulument, sachant combien ce mot nous glace) les populations palestiniennes de Gaza et d’installer durablement Israël sur place. Mais pas à l’aune des mensonges répétés, pas à celle de la nazification d’Israël et des Juifs.
« Génocide », « Apartheid », « Auschwitz » … ne sont pas des mots déposés. Mais ce sont des mots définitivement dégueulasses et faux pour condamner Israël avec autant de force que des missiles ou des bombes. L’équation Gaza= Auschwitz du vieux canasson ridé, cerné de groupies enthousiastes, est une bombe à sous-munitions. Il ne m’étonnerait pas d’apprendre dans quelques jours une croissance subite des actes contre les Juifs, pourtant déjà au sommet…
Dans cette émission « d’infotainment » qui accueillait aussi la jolie ex-mannequin venue soutenir la Croix Rouge (dont on sait comment elle s’est comportée pendant la Shoah et comment 80 ans plus tard elle le fit à Gaza), et un scientifique-pêcheur de silures dans la Seine sous l’œil de Djamel Debbouze (Kamoulox !), le clou fut enfoncé par le sieur de Saint-Sernin qui, le rappelait Salamé, « va à la messe » et dont nous rappellerons, nous, qu’il est le cousin de… Dominique de Villepin !
Le snipper version 2025 délivrait urbi et orbi « un message aux Juifs les incitant à redevenir humains » … Que répondre à un tel niveau de conscience et de discernement, à une telle inversion des valeurs, à une telle ironie mordante…
Rien, il n’y a rien à répondre. Il y a tout en revanche à se désoler qu’une émission de service public puisse à ce point prendre parti dans un conflit qui la dépasse et puisse inviter à longueur de plateaux des opposants farouches à Israël dans toutes ses dimensions. A quand un plateau composé exclusivement d’Agnès Levallois, de Rima Hassan, de Pascal Boniface, de Dominique de Villepin (le cousin de Paul), de Salah Hamouri et de Ségolène Royal ? Au moins ce serait clair.
Bien sûr, le biais idéologique permanent des émissions de service public n’a pas commencé avec la tribune de Delphine Horvilleur et les propos d’Anne Sinclair et Johann Sfar. Ils lui ont juste donné un nouveau moyen de s’exprimer avec plus d’ardeur encore. Et c’est triste, vraiment trop triste…
© Geka
Les médias, en effet, ne désarment pas… Eh bien moi, je vais vous dire une des raisons pour lesquelles j’aime Israël et suis en admiration devant son peuple : un peuple de grands lecteurs ! Les Israéliens sont parmi les plus gros lecteurs du monde de la littérature. Israël est un des pays où on lit le plus. Le marché du livre se caractérise par un dynamisme et un plurilinguisme rares. 9 millions d’habitants, près de 50 % de « vrais lecteurs », et une vie littéraire d’une qualité exceptionnelle. Le « peuple du Livre » est bien le peuple « des » livres…
Oui c’est une drôle d’époque où les valeurs sont inversées
sniper
« Ardisson plus tout à fait étanche »
😉
Il a beaucoup baissé en effet. C’est bien dommage.
Entendu ce soir sur CNews que Thierry Ardisson s’était excusé (il est le seul à l’avoir fait). G.W. Goldnadel qui l’a eu au téléphone assure qu’il était vraiment désolé et regrettait vivement ses paroles.
Les juifs, si je peux m’exprimer ainsi sans froisser, avec une si petite population, ont distillé dans le monde une intelligence hors normes et ont défendu des causes qui leur ont coûté cher. Je comprends pourquoi ce sont d’énormes lecteurs.