“Geoffroy de Lagasnerie, un degré de stupidité rarement atteint dans l’histoire de l’édition”. Par Frédéric Beigbeder

Frédéric Beigbeder a lu Se méfier de Kafka. “La prochaine fois, je dépose un préavis de grève”, menace-t-il.

Frédéric Beigbeder
© François Bouchon

En novembre dernier, un universitaire de Caroline du Nord publiait “Oublier Camus”. Ce mois-ci, c’est Geoffroy de Lagasnerie qui autoédite son pamphlet contre Kafka. Cette épidémie révèle un procédé commercial: taper sur un grand écrivain pour cesser d’être invisible. Déjà, dans “La Grande Librairie” en juin 2023, on avait pu admirer Faïza Guène critiquant ainsi “La métamorphose” (1915): “C’est un mec, il se lève un matin, il a la flemme, il va pas au travail et il se transforme en cafard”, avec l’approbation de son voisin de canapé, Philippe Besson.

Deux grands maîtres du style écrasant un cloporte austro-hongrois: un sommet audiovisuel. La mode est de pourfendre des génies pour attirer l’attention, comme une groupie insulte la star qui vient de lui refuser un selfie. Le stratagème fonctionne: ma hiérarchie m’a commandé de lire Lagasnerie, c’est donc qu’il suffit aux crapauds de baver pour occuper l’espace.

Qu’affirme Lagasnerie pour amuser la galerie? Qu’il faudrait “Se méfier de Kafka” : c’est le titre. L’essai est si confus et mal écrit qu’on a sué pour comprendre ce que l’auteur voulait dire. Grosso modo, il semblerait que Kafka, dans “Le procès” (1925) et “La colonie pénitentiaire” (1919), ait défini une forme de justice oppressive dont nous serions tous les esclaves.

Maître de l’humour noir

En imaginant des personnages accusés et exécutés sommairement sans savoir pourquoi, Kafka nous pousserait paradoxalement à accepter le système pénal et son totalitarisme fasciste. Le contresens est absolu. Franz Kafka riait en lisant ces horreurs à ses proches, on ignore pourquoi il les a écrites (d’ailleurs il a demandé à Max Brod de les brûler), mais mon hypothèse est que ce maître de l’humour noir entendait dénoncer l’atrocité de la condition humaine tout en provoquant notre hilarité sadique. C’est un peu comme de reprocher à La Fontaine de faire l’éloge de la retraite à 64 ans dans “La cigale et la Fourmi”. Ou supposer que Molière fait l’apologie des prédateurs sexuels parce qu’il a écrit “Don Juan”.

Un tel degré de stupidité faussement subversive a rarement été atteint dans l’histoire de l’édition contemporaine. Lagasnerie, le Fouquier-Tinville de l’Odéon, se situe au même niveau d’intellect que les deux militantes vertes qui ont jeté de la soupe sur La Joconde au Louvre ou que les 2000 censeurs ayant pétitionné contre Sylvain Tesson. Vite, vite, vite, une augmentation! Non, non, non à l’exploitation!

Se méfier de Kafka, de Geoffroy de Lagasnerie, Flammarion, 18€ pour seulement 96 pages dont 5 pages de notes, 12 pages blanches de chapitre et un bon tiers de citations de Kafka, Bourdieu, Derrida et Foucault, soit un coût par page de presque 40 centimes d’euro. Un achat uniquement recommandé à la gauche pata negra. 

© Frédéric Beigbeder

Source: Le Figaro

https://www.lefigaro.fr/livres/geoffroy-de-la

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1 Comment

  1. Geoffroy de Lagasnerie est un ignare et un néo fasciste déguisé (idéologiquement proche des nazis de la FI). Loin d’être un cas unique, ce déchet de la pensée humaine est parfaitement représentatif du naufrage
    intellectuel et culturel du monde occidental moderne.
    “Oublier Camus”
    “Se méfier de Kafka”…
    On a bien compris qu’il s’agit de la même engeance vert-brune.

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