Frédéric Sroussi. 7 octobre : La gauche, aux ordres, a déjà rompu l’union sacrée ! 

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou lors de la cérémonie de remise du prix Genesis 2016 à Jérusalem, le 23 juin 2016 (Reuters)

Dès le 15 novembre dernier, à peine plus d’un mois après le cataclysme qui frappa Israël le 7 octobre 2023 et alors que le pays était en train de vivre un mouvement de solidarité sans précédent entre, quasiment, tous les secteurs de la société, le chef de l’opposition de gauche (de centre gauche diront certains), M. Yair Lapid, demandait publiquement la démission de l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou : réaction stupéfiante, totalement irresponsable et inimaginable dans un pays autre qu’Israël (aucun des opposants politiques de George W. Bush n’avait osé demander sa démission après le 11 septembre !). 

En fait, quand je pense à mon pays, je me remémore souvent cette phrase de l’ancien ambassadeur des États-Unis en Inde, John Kenneth Galbraith  : “L’Inde est une anarchie qui fonctionne”. Eh bien, nous pouvons en dire autant de l’État hébreu tant les différentes composantes du pouvoir sont atomisées et la hiérarchie naturelle non respectée, à tel point que les ordres du premier ministre et du ministre de la défense sont même remis en cause par l’armée, et cela pour des raisons politiques. Même Ehud Barak, alors ministre de gauche de la défense, en avait fait les frais comme il l’a raconté dans une interview donnée au quotidien israélien Yediot Aharonot

Sauf qu’en Israël, cette situation anarchique ne fonctionne plus et la pire des preuves en est le drame abominable du 7 octobre.

La gauche israélienne n’a donc pu s’empêcher en pleine guerre existentielle de reprendre ses manifestations contre le gouvernement actuel en osant même détourner un slogan réclamant la liberté pour nos otages en un “Libérez Israël de Netanyahou !”

Les plus grandes manifestations – au moment où j’écris ces lignes- se sont déroulées le samedi 20 janvier à Tel-Aviv, à Césarée (devant la maison de B. Netanyahou) et à Jérusalem.

Des proches tiennent des portraits de l’otage israélienne Liri Albag, enlevée par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre et actuellement détenue dans la bande de Gaza, lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages, à Tel Aviv, le 4 novembre 2023. – AHMAD GHARABLI / AFP

Le timing n’était pas du tout fortuit puisque quelques jours avant ces énièmes parades obscènes du camp de la gauche, le Premier ministre B. Netanyahou se confrontait directement à Joe Biden et à son administration en rejetant – à raison ! – l’idée de la création d’un “État palestinie” après la guerre, ce qui signerait la fin de l’existence d’Israël…

Joe Biden n’a jamais caché qu’il est légitime, selon-lui, que Washington ait son mot à dire dans les affaires internes d’Israël, et ce, jusqu’à prendre parti officiellement contre la réforme judiciaire enclenchée par la majorité actuelle ! Rappelons que lorsqu’il était Premier ministre, Yair Lapid avait déclaré que sous son mandat, l’Amérique n’aurait jamais de «mauvaises surprises» de la part d’Israël…

Je pense donc sincèrement que l’administration Biden/Blinken soutient et même encourage les manifestations antigouvernementales.   

Avant de continuer et de montrer que les États-Unis sont des spécialistes de la déstabilisation des pays qui leur tiennent tête – y compris en Europe – , je voudrais dire ici que malgré les propos que j’entends et que je lis, je ne suis pas du tout un admirateur inconditionnel de B. Netanyahou. Il devra lui aussi rendre des comptes au peuple pour le cataclysme du 7 octobre (lui-même l’a admis), mais de la même manière que TOUS les anciens Premiers ministres de ce pays ( et les responsables de l’armée !) qui n’ont jamais voulu régler le problème du Hamas, ni celui du Hezbollah et encore moins celui de leur parrain , l’abominable République Islamique d’Iran (soutenue par les deux monstres antisémites russes et chinois)! 

Je suis un légitimiste et on ne demande jamais en pleine guerre la démission d’un chef de gouvernement élu démocratiquement.

Comme je l’ai écrit supra, j’accuse les Etats-Unis de l’administration démocrate de manipuler l’opposition au gouvernement israélien actuel comme ils l’avaient fait en Serbie lors de l’opération “Otpor” commencée en 1999 lors du conflit en ex-Yougoslavie. Voyez par vous même à quel point des similitudes existent entre cette opération de déstabilisation et de subversion réalisée contre la Serbie et l’acharnement incessant dont a été victime le gouvernement de B. Netanyahou en 2023, qui se solda par la déstabilisation de tout le pays, y compris de Tsahal (nous avons vu le résultat !). 

En 1999, après la campagne de bombardement de la Serbie par l’OTAN (qui causa la mort d’environs 500 civils), le gouvernement serbe de Slobodan Milosevic ne voulu toujours pas céder à tous les diktats étasuniens. Qu’à cela ne tienne !  L’administration Clinton avait déjà décidé de changer de stratégie et de se concentrer sur une déstabilisation du pouvoir de l’intérieur. (Yvan Kalezic : “Le mouvement serbe Otpor : une stratégie de subversion”).

Washington avait donc entrepris de financer et d’entraîner un mouvement étudiant serbe créé en 1998 nommé Otpor (Résistance). L’USAID finança l’opération subversive, et la façon de déstabiliser la Serbie s’organisa autour de séminaires dirigés principalement par l’International Republican Institute (proche du parti républicain, il faut bien le dire !) et du National Democratic Institute (prétendant être apolitique mais assez proche du parti démocrate et soutien des “idées libérales”).

La stratégie prévoyait de harceler le pouvoir serbe par le biais d’une résistance non violente. Il n’empêche que c’est un colonel américain à la retraite du nom de Robert Helvey qui allait enseigner les techniques de subversions aux étudiants de l’Otpor lors de séminaires organisés en 2000 à Budapest. Comme l’explique le chercheur Yvan Kalezic dans un article publié sur le site de l’Ecole de Guerre Economique : “Les principes de base du combat non violent sont : l’affaiblissement des piliers du régime que sont l’armée, la police et les médias (…)”

Comparaison n’est pas raison mais – comme par hasard – Israël a vécu en 2023 un évènement totalement inédit et à première vue “improbable” : une grève de milliers de réservistes au sein de certaines unités de Tsahal (Armée de l’air, renseignement, cyber et certaines forces spéciales) ! Prenant pour prétexte la plus que nécessaire et démocratique réforme judiciaire, une hystérie collective s’était alors emparée d’une grande partie de la population israélienne.  Des manifestants décidèrent même de bloquer la route menant de Jérusalem à l’aéroport Ben-Gourion afin d’empêcher le Premier ministre Netanyahou de se rendre en visite officielle en Italie ! Des députés de droite se retrouvèrent séquestrés chez eux pour les empêcher d’aller voter (les séditieux bloquèrent les entrées et sorties de leurs résidences), des commandants de bord de la compagnie aérienne nationale El-Al refusèrent de piloter des avions qui devaient transporter B. Netanyahou, une traductrice officielle refusa d’accompagner le Premier ministre lors de ce même voyage en Italie, etc. Tout cela au nom de la “démocratie”, bien sûr !

J’avais même vu, lors d’une manifestation antigouvernementale qui se déroulaient à Tel-Aviv, un manifestant brandissant l’étendard des services de renseignements de Tsahal (vous savez, ce service qui n’a rien vu venir des attaques du 7 octobre…) ! 

L’actuel chef d’état-major, Herzi Halevy, n’avait alors jamais pris aucune mesure contraignante contre les militaires rebelles avec qui – selon ses dires – il préférait “négocier”…

Intelligemment la CIA avait préféré rejeter la faute des  actions séditieuses des Israéliens de gauche sur le …Mossad qui aurait été derrière ces manifestations gigantesques. Un rapport “top secret” de la CIA – remis à jour le 1er mars 2023 – faisait état d’une volonté des services secrets extérieurs israéliens  “d’encourager des responsables du Mossad et les citoyens d’Israël à protester contre la réforme judiciaire du nouveau gouvernement israélien” dirigé par M. Netanyahou.   Il est vrai que l’actuel directeur du Mossad avait osé permettre à ses employés de manifester contre le gouvernement légitimement élu de l’État hébreu ! Avec un édifice sécuritaire sapé de l’intérieur et de l’extérieur, le Hamas pouvait attaquer Israël avec une facilité absolument déconcertante.

L’establishment de gauche avait déjà été utilisé en 2023 – prétextant encore la réforme judiciaire jugée «non démocratique » – pour tenter de faire tomber “le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël”.

Les oligarques de la gauche-caviar et leurs soutiens étrangers s’échinent maintenant à faire pression sur M. Netanyahou pour stopper la guerre ou pour faire prévaloir une “solution diplomatique”, ce qui dans les deux cas signerait la fin de l’existence d’Israël…

Netanyahou pliera-t-il une fois de plus, comme il l’a fait dans l’Affaire Guilad Shalit, affaire dont les conséquences menèrent aussi aux massacres du 7 octobre ? 

© Frédéric Sroussi    

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13 Comments

  1. Je suis très étonné par ce message. L’horreur du 7 octobre a été suivi d’une réponse forte du peuple d’Israël pour répondre aux enjeux de sa survie et rien de moins. Il faut reconnaître que nous sommes entrés dans une autre monde depuis. Le peuple d’Israël et le peuple juif a montré au monde du courage, de l’intelligence, de l’ingéniosité depuis des siècles. Et ce qui caractérise l’esprit du peuple juif c’est la volonté, la nuance, la discussion et l’innovation pour trouver le nouveau ou le mieux. C’est au contraire une fierté, pour Israël et pour son peuple, qu’ils puissent après plus de 100 jours de guerre dire à leurs dirigeants qu’ils doivent s’adapter à la volonté du peuple. Si Israël était entouré d’une armée de char et bombardé par une aviation étrangère la question ne se poserait pas et le peuple ne manifesterait pas. Là les armées ennemis sont bloquées aux frontières et c’est Tsahal qui a l’initiative. Dans ce moment clé il est normal que le peuple vibre. Pour moi, c’est l’intelligence d’Israël qui vibre et c’est son droit. Je pense que dans l’histoire, rare ont été les peuples qui ont su se mobilisés pendant les phases de conflits pour dire aux gouvernements : non on ne vous laisse pas les clés sans rien dire. La plupart tremblaient dans leurs chaumières ou tombaient dans l’exaltation de l’affrontement. Même en guerre le peuple garde son esprit critique.
    Bref, encore une fois je sens que je suis un peu à contre courant de beaucoup mais je voulais vous donner un point de vue différent. Vous l’avez également compris je suis plutôt l’aile gauche en France comme en Israël. Il y a des torts à gauche oui je vois vos commentaires sur le site mais concevez que peut-être, peut-être il y a de l’aveuglement à droite. Le secret d’une humanité d’avenir c’est l’échange.
    Shalom et Salam à tous
    Hakim

    • Cette guerre s’arrêtera quand la horde d’assassins et de monstres du Hamas sera éliminée . Ce n’est pas Israël qui a ouvert les hostilités mais le Hamas . Netanyahu et la majorité du personnel politique israélien estimait que laisser Gaza se renforcer ne pouvait qu’affaiblir l’Autorité palestinienne et rendre impossible la création d’un État palestinien . Il n’y a aucune possibilité qu’un État palestinien n’ait pas pour seul but l’élimination d’ Israël . Sauf peut être dans quelques siècles . Les commentaires simplistes qui assimilent les islamistes à des gens raisonnables sont tous faux . La preuve : Gaza évacuée a été transformée en territoire piège à juifs ! Non merci , les israéliens même les lecteurs intoxiqués de Haaretz le savent même s’ils espèrent qu’un miracle transforme des faiseurs de pogroms en gens raisonnables .

    • j’ai aime votre commentaire surtout que chez la droite israelienne ce qui n’est pas BIBI est “GAUCHE”. Le peuple israelien s’avere plus centriste que “extreme droite / gauche”, surtout que le gouvernement actuel qui se pronnonce de DROITE se base sur les partis religieux d’extreme droite et messianique et surtout sur la division du peuple.

    • “…dire à leurs dirigeants qu’ils doivent s’adapter à la volonté du peuple…” mais quand la volonté majoritaire du peuple s’exprime clairement en faveur d’une coalition conservatrice, comme lors des élections de 2022, vous, “élite” autoproclamée de gauche, refusez de vous y adapter et vous créez chaos et division pendant 10 mois, pour affaiblir Israël, jusqu’à la catastrophe du 7 octobre causée par les
      gauchistes, idiots utiles d’Obama (qui déteste Netanyahu!)
      Haute Trahison par arrogance et collusion avec l”étranger (La CIA d’Obama)!

  2. Netanyahou était, le 7 octobre, dans sa seizième (16 !!!) année (non consécutive) et tant que Premier Ministre. La première fut 1996…
    Il était donc beaucoup plus longtemps à ce poste que n’importe qui en Israël (même le fondateur Ben-Gourion) et d’ailleurs que n’importe quel gouvernant d’une démocratie au monde. Rappelons qu’en France, par exemple, le Président est limité à deux mandats de cinq ans ; aux USA, deux mandats de quatre ans.
    Il est donc le premier responsable politique (à ne pas confondre avec les responsables techniques, militaires et professionnels de la sécurité) à la défaillance catastrophique inouïe du 7 octobre.
    Rappelons, entre autres, que sa grande trouvaille consistait à encourager le financement du Hamas par le Qatar, permettant les innombrables accès à Gaza d’émissaires qatari porteurs de valises d’argent. Le prétexte étant de monter le Hamas contre l’Autorité palestinienne (d’Abbas), histoire d’attiser une rivalité qui empêcherait (disait-il) la genèse d’un Etat palestinien.
    Nous ne savons désormais que trop bien à quoi servirent ces valises ; et l’idée d’un Etat palestinien n’a jamais été aussi répandue et soutenue mondialement.
    Otage de sa « coalition » lestée de crapules et de fanatiques, craignant les procédures judiciaires pour corruption à son encontre, il est incapable de prendre une décision digne d’un Homme d’Etat.
    Son indécision laisse l’armée dans un flou, ignorant les VRAIS, les réalistes buts de guerre à poursuivre. En vérité Tsahal ne sait plus quoi faire exactement. C’est dangereux.
    Il doit partir. MAINTENANT.

    • Il partira ! Mais pas ARSHAV ( maintenant)
      Mais quand il décidera de se retirer ou quand il sera battu aux élections . Quant aux
      « affaires judiciaires «  il n’a jamais été jugé ( il aurait pu l’être quand Bennett et Lapid plus Raam, plus des partis minuscules de gauche et tous les leaders ambitieux venus du Likoud , s’étaient ligués contre lui . Vous savez pourquoi : il n’y a ni preuves ni témoins ! Il faudrait le condamner parce que vous ne l’aimez pas ? La politique , la démocratie méritent mieux que des haines recuites !

  3. L’influence de Biden sur la société Israélienne est désastreuse. Et tant que les Israéliens n’en auront pas conscience, la bataille contre le Hamas ne pourra jamais être gagnée.
    La “gauche Israélienne”, cela n’existe pas. De même que la “gauche américaine” : ce que l’on nomme “la gauche américaine”, c’est en réalité la New Left…Qui représente en réalité la négation de la “gauche”, à savoir le remplacement des luttes sociales par des luttes identaires ayant elles-mêmes cédé la place à une idéologie raciste héritée du nazisme : suprémacistes noirs (version Afro-americaine du KKK) pro islamistes et pro Hamas. Tant que le monde n’aura pas compris ce qu’est réellement le parti de Biden et ce que sont les USA modernes, il n’y aura aucun espoir. Je ne parle même pas des pays européens qui se prostituent aux États-Unis (c’est aussi pour cela qu’il y a le bordel en Europe) mais la wokisation d’Israël la rend extrêmement vulnérabille face au Hamas.
    Il est vital pour Israël de comprendre la menace existentielle que représentent le wokisme et le parti du sénile wokiste. Et Hubert Bouccara avait assez correctement résumé les choses il y a 3 ans : https://www.tribunejuive.info/2020/11/06/hubert-bouccara-ces-democrates-americains-sacrement-fachos/

    • “L’influence de Biden “?
      Mais c’est Hussein Obama qui décide derrière sa marionnette Biden, Obama qui anime la CIA de son état profond mis en place entre 2008 et 2016

  4. La situation politique intérieure d’Israël est d’autant plus préoccupante que la société Israélienne est en proie à cette inversion des valeurs et ce
    confusionnisme importés des États-Unis et d’Europe. Espérons que la majorité des Israéliens resteront Unis et ne laisseront pas fourvoyer par les dangereux illuminés déguisés en
    humanistes et progressistes. Il est exact qu’il y a beaucoup de choses à redire autour de Netanyahu et son bilan voire une partie de son entourage, mais l’essentiel est de garder l’unité face aux nazis
    extérieurs (et leurs complices intérieurs). L’ingérence et les tentatives de déstabilisation sont en outre une pratique systématique des gouvernements américains : aucun pays n’y échappe.

  5. Natanyhou est responsable de la catastrophe du 7 octobre, lui et les ministres nommés par lui, lui et le chef d’état major nommé par lui. S’il était honnête, il aurait démissionné immédiatement, après avoir nommé un remplaçant dans son parti. Il ne l’a pas fait. Les membres de la Knesset auraient pu faire un vote de défiance et faire tomber le gouvernement actuel. Une nouvelle majorité d’union aurait été formée sans avoir de recours à de nouvelles élections, mais les députés actuels, accros à leurs postes et à leurs privilèges n’ont rien fait. Résultat : le peuple est pris au piège, ou il réclame des élections, et c’est le chais pendant plusieurs mois, ou il supporte Natanyahou et son équipe de perdants et c’est une guerre sans victoire au bout.

  6. C’est la gauche Anti-Bibi acharnée, aux ordres de la CIA d’Obama, qui a affaibli et déconcentré Israël, jusqu’à la catastrophe, après 10 mois de chaos indescriptible!
    La gauche coupable de Haute Trahison et de collusion avec Hussein Obama et sa CIA!

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