Daniel Sarfati. Je pense à vous, mes chéris, mes enfants qu’un diable a emportés

Mardi soir aucun petit monstre n’est venu à ma porte pour me menacer. 

Pour réclamer des friandises. 

Pour partager une soupe à la citrouille. 

Et moi, pour plaisanter, j’aurais dit : 

“Mais quelle est cette fête que je ne connais pas ?

Ça n’est pas déjà Hanoucah ou Pourim ?”

Et le petit monstre m’aurait répondu avec reproche :

“Mais c’est Halloween, Monsieur !”

Hier soir, aucun petit fantôme n’est venu pour m’effrayer. Il n’aurait pas eu besoin de hurler : 

“Houhou !”, pour me faire peur. 

Cela fait trois semaines que je suis terrorisé. 

Hier soir, aucun enfant ne m’a demandé de le protéger. 

Et pour cause. 

Ces enfants sont quelque part derrière des dunes de sable, dans des souterrains. 

Sans doudou, sans bonbons. 

Sans soupe à la citrouille. 

Certains, peut-être déjà recouverts d’un suaire, qui n’est pas celui des fantômes. 

D’autres sous la garde d’hommes masqués de noir. 

Au delà de tout effroi. 

Je suis resté éveillé toute la nuit à les attendre. 

Dans la peur, la honte, la culpabilité. 

Nous n’avons pas su les protéger. 

Serons-nous capables de les faire revenir ? 

À la place de leurs petites mains qui réclament leur dû de sucreries, ce sont leurs visages figés sur des affiches. 

Des affiches que d’autres monstres déchirent par haine. Car ces affiches, sont comme des miroirs inversés qui leur renvoient leur inhumanité. 

Au petit matin, toujours personne n’a toqué à ma porte. 

Le silence. 

Je pense à vous, mes chéris, mes enfants qu’un diable a emportés.

Revenez avant Halloween, Hanoucah ou Pourim. J’ai pour vous tant d’amour.

© Daniel Sarfati

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