Les Palestiniens de Cisjordanie. Par Daniel Horowitz

Daniel Horowitz

Les peuples n’existent pas à l’état naturel. Ce sont des entités intersubjectives qui  s’incarnent à partir d’une conscience collective se référant à une continuité historique. Il est difficile de déterminer cas par cas comment nait une telle conscience, mais on peut en identifier des éléments constitutifs.  L’ethnie, le territoire, le régime politique ou la langue, par exemple, peuvent être des marqueurs. Mais il arrive aussi qu’un peuple se construise à partir d’un mythe fondateur unique, précis et daté.

Celui des apatrides Palestiniens est fait du refus obsessionnel du droit à l’existence d’Israël. La conscience collective qui les agrège est née du mépris atavique du Juif, souvent encore perçu comme Dhimmi dans  la psyché arabe.  Le veto des apatrides palestiniens contre toute souveraineté juive sur quelque portion de la Palestine historique que ce soit est fait à la fois d’antisémitisme et de rejet de la modernité.

Ces apatrides ont bien entendu le droit naturel à une citoyenneté, mais pas d’un Etat dont le projet serait de “jeter les Juifs à la mer”  conformément à la formule d’Ahmed Choukeiry, premier président de l’OLP[1]. Formule entretenue depuis par les ennemis d’Israël à travers le monde. Dans ces conditions, une Palestine souveraine entre Israël et la Jordanie n’aurait d’autre raison d’être que de reproduire le schéma irréductiblement criminel du Hamas à Gaza.

En réalité les Palestiniens de Cisjordanie sont des jordaniens. La Cisjordanie avait été annexée en 1950 par la Jordanie suite à la guerre d’indépendance d’Israël.  Ses habitants avaient reçu la nationalité jordanienne et ne revendiquaient pas d’Etat indépendant, les Jordaniens eux-mêmes étant en majorité ethniquement palestiniens.

Les Cisjordaniens n’ont commencé à exiger un Etat qu’après être passés sous contrôle israélien en 1967. Une manière réaliste de résoudre le conflit consisterait à se tourner à nouveau vers la Jordanie. A nouveau, parce que cette option avait déjà été envisagée par le passé, mais sans succès. Israël évacuerait la partie arabe de la Cisjordanie et la cèderait au royaume hachémite. Une nouvelle frontière serait convenue entre Israël et la Jordanie, qui prendrait en compte la consanguinité, la langue, la continuité territoriale et la sociologie des populations concernées. Cette solution rendrait aux apatrides palestiniens leur dignité et une nationalité au sein d’une fédération jordanienne dont la clé de voute ne serait donc plus juive.

© Daniel Horowitz. 2/11/2023

[1] Organisation de Libération de la Palestine créé en 1964

Source: https://danielhorowitz.com/blog/index.php/category/politique/


Blog Daniel Horowitz

“Chaque homme doit inventer son chemin”. J.P. Sartre


Daniel Horowitz est l’auteur de “Leibowitz ou l’Absence de Dieu” 2ème édition. L’harmattan. Mars 2023


Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. Ce raisonnement est globalement interressant , il n integre pas les elements suivants :
    – la Jordanie est un etat fantoche et parfaitement illegal , car crée par la puissance mandataire anglaise en rupture avec son propre mandat .
    – la Jordanie qui integrerai les palestiniens imploserai rapidement sous la pression des islamistes , le roi et sa bande seraient balayés en quelques jours , laissant place a un nouveau pôle terroriste qui deviendrai le nouveau coeur du terrorisme regional avec l armee iranienne a quelques km de Tel aviv .
    Il faut comprendre que la Jordanie est une cible molle pour les islamistes .

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*