Pour poursuivre notre visite du Golan et du Sud, côté Syrien, en répondant aux appels à l’occupation irano-syrienne de ces contrées avec une main- de fer, tels que plébiscités par la presse française
Environ dix ans après le déclenchement de la guerre civile syrienne, quelque un demi-million de Druzes de la province de Sweida ont bénéficié d’une forme d’autonomie. Leurs voisins rebelles de la région d’Horan, imposant un rapport de force au régime, y participaient.
Ehud Yaari|N12| Publié le 06/12/21 15:06
S’étant implanté ces derniers mois autour de Deraa, la capitale du Horan, Assad évacue désormais populations vers les zones druzes. Ses services de sécurité y dirigent des gangs pour écraser les forces indépendantes qui sont apparues dans la région, dans le but de reprendre le contrôle de toute la montagne (le Djebel Druze) – qui culmine à 1 600 mètres d’altitude. Après la nomination d’un nouveau gouverneur, les chefs du renseignement local ont été remplacés, la division 15 est retournée à sa base sur la montagne et les dirigeants de la communauté druze ont été tenus de déclarer leur allégeance.
Rappel : Il y a des années, ils rêvaient d’une connexion entre Israël et le Djebel druze, à moins de 100 kilomètres de la frontière du Golan. C’était l’un des rêves stratégiques de Yigal Allon, peut-être le grand commandant stratège qui est né pour nous éclairer.
À la fin de la guerre des Six Jours, il proposa d’établir un État druze entre le mont Hermon et le district de Sweida, qui nous séparerait de la Syrie. Une sorte de renouveau du petit État druze qui s’est déroulé durant 15 ans, dans les années 20-30, sous l’égide du Mandat français. L’idée est restée encrée sur du papier « top secret », mais les liens avec le Djebel druze n’ont pas cessé. Les chefs de communauté en Israël, par exemple, maintiennent toujours des canaux de dialogue.
Israël et la Jordanie, où la couronne hachémite entretient une amitié traditionnelle avec le Djebel druze, ont un intérêt à l’autonomie non déclarée des Druzes, mais les deux pays n’ont pas vraiment agi résolument pour les renforcer et leur créer un couloir humanitaire et para-militaire d’auto-défense. En tout cas, il y a un différend entre les deux directions spirituelles rivales – des familles- à Sweida concernant le lien avec Israël et l’aide qu’ils reçoivent. Par ailleurs : ceux des cheikhs des montagnes qui soutiennent le camp druze yazbek au Liban contre les partisans de la maison Junblat se retrouvent entraînés vers le Hezbollah, dont les émissaires tentent de mobiliser des avant-postes sur la montagne comme ils l’ont fait dans certains villages druzes sur les pentes du mont Hermon.
Le chef druze qui tentait de constituer une force sérieuse contre Assad – les « hommes d’honneur » – Cheikh Wahid Balaus a été assassiné en septembre 2015 par des agents du régime. Ses partisans sont toujours organisés en milice indépendante hostile au régime, tout comme les fidèles de Samar al-Hakim au sein de l’Unité antiterroriste. D’autres milices sont gérées par les agences de renseignement syriennes et s’occupent également d’enlèvements, de vols et d’assassinats de dissidents.
Dans ces bouleversements, les Druzes ont tendance à baisser la tête tant qu’ils ne sont pas enrôlés de force en masse pour le service militaire obligatoire et sont traités patiemment par les représentants du gouvernement. Des milliers de jeunes druzes tentent actuellement d’obtenir des passeports pour tenter d’émigrer, tandis que les dirigeants locaux recherchent le soutien des Russes dans l’espoir de freiner Assad et de ne pas laisser les « gardiens de la révolution » iraniens pénétrer dans la montagne.
Israël, quant à lui, restera avec le vieux rêve d’un partenariat transfrontalier avec les Druzes. Cela ne s’est pas matérialisé avec les Druzes dans les montagnes du Shouf au Liban et ne se matérialisera pas sur les montagnes druzes en Syrie.
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