Christian Authier. Rendez-vous avec Robert Redeker

© R. Redeker

Chaque semaine, une personnalité toulousaine passe à la question. 

Bio express

Né en 1954 en Ariège, agrégé de philosophie, Robert Redeker a été professeur dans des lycées à Decazeville, Auch, Cugnaux ou Saint-Orens. Il a aussi enseigné à l’Ecole nationale d’aviation civile (ENAC) de Toulouse et au Centre de formation universitaire (CFU) de l’université Toulouse I.

Il a également signé des articles et des tribunes dans de nombreux médias (Le Monde, Le Figaro, Marianne…) et a été membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes. Depuis 2000, il a écrit une vingtaine d’ouvrages parmi lesquels Le Sport contre les peuples (Berg International, 2002), Egobody : la fabrique de l’homme nouveau (Fayard, 2010), Bienheureuse vieillesse (éditions du Rocher, 2015), L’Ecole fantôme (Desclée de Brouwer, 2016) ou Les Sentinelles d’humanité. Philosophie de l’héroïsme et de la sainteté (Desclée de Brouwer, 2020).


Ce que vous préférez dans la philosophie ?

L’autorité des textes, l’autorité de la pensée. A la racine d’auctoritas, vous avez un verbe, augeo qui veut dire faire naître.

Ce que vous aimez le moins ?

Tout le mal de certaines sociétés occidentales – wokisme, relativisme, néo-féminisme, néo-antiracisme, antispécisme, crétinisme des revendications à l’infini, les folies du genre et le terrorisme de l’écriture inclusive, la dictature des minorités, démence de la repentance, etc. – vient de ce qu’il y a quelques décennies une grande partie de la philosophie contemporaine a pris un préjugé pour un résultat intellectuel incontestable. Ce préjugé se nomme : l’anti-essentialisme.

La qualité indispensable pour enseigner la philosophie ?

L’engagement philosophique couplé à l’objectivité. Toute pensée philosophique exige un engagement qui vous prend tout entier, dont l’énergie est contagieuse. C’est cette énergie contagieuse qui compose et porte le rythme de l’enseignement. 

Le philosophe qu’il faudrait lire ou relire aujourd’hui selon vous ?

Machiavel. 

Le penseur ou intellectuel le plus injustement méconnu ?

Parmi les contemporains, Maxence Caron. C’est un grand.

Ce qu’il y a de progressiste en vous ?

Pas grand-chose.

De conservateur ?

Presque tout.

Le métier que vous auriez pu exercer ?

Coureur cycliste.

Le don ou le talent que vous aimeriez avoir ?

Jouer du piano, comme le faisait si bien Vladimir Jankélévitch. Et comme Nietzsche aussi.

L’exploit sportif que vous admirez le plus ?

La victoire de Luis Ocana à Orcieres-Merlette, le 8 juillet 1971, la plus grande date sans doute de l’histoire du cyclisme.

Votre personnage historique favori ?

Napoléon. A égalité avec Jean-Paul II.

Personnage de fiction ?

Don Quichotte. A égalité avec Sancho Pança.

La musique ou la chanson qui ne vous quitte pas ?

Le thème de Die Moldau, qui fut composé par Smetana. Et presque toutes les chansons de Charles Trenet.

Le film dont vous ne vous lassez pas ?

Les Visiteurs du soir de Marcel Carné, à cause d’Alain Cuny.

Votre livre de chevet ?

Les Soirées de Saint-Pétersbourg de Joseph de Maistre. Je passé l’été avec les livres de Jacques Maritain, et me remets à saint Thomas d’Aquin.

Votre usage des réseaux sociaux ?

Semblable aux cafés du commerce, où je ne vais plus guère. Je les fréquentais assez, lorsque j’aimais aller jouer aux courses.

La mode qui vous laisse indifférent ?

Regarder des séries à la télévision.

Le préjugé qui vous exaspère ?

Que tout le monde aurait droit à la parole. Que toutes les civilisations se vaudraient. Que toutes les œuvres et tous les arts auraient la même valeur, que l’on pourrait mettre sur le même plan une chanson de variétés et Beethoven, un clip braillard de rap et Bach, un poème d’enfant et une strophe de Ronsard. Je suis contre l’égalitarisme.

Le conseil que vous n’avez pas suivi ?

Aller à la messe tous les dimanches. J’y vais souvent, mais pas assez, vraiment pas assez.

Le parfum ou l’odeur qui vous enivre ?

Celui des fromages de mon Couserans natal. Et la non-odeur ouatée de la neige ; la neige étouffe dans la ouate les odeurs autant que les bruits.

Le cadeau que vous offrez le plus souvent ?

Des livres et du vin.

La boisson qui vous rend meilleur ?

Le vin. En particulier le vin karasi du domaine Zorah, en Arménie. Le cépage est l’areni noir. Peut-être le plus ancien vin du monde, et certainement l’un des plus authentiques.

Votre plat favori ?

Le cassoulet de l’Hôtel-restaurant du Lauragais à Villefranche de Lauragais, que j’emporte chez moi pour l’accompagner avec l’une des meilleures cuvées de mon ami de lycée Philippe Laduguie, Domaine Saint-Guilhem à Castelnau-d’Estrétefonds.

Le pays ou la ville où vous pourriez vivre ?

Napier, en Nouvelle-Zélande. J’en ai un souvenir émerveillé.

Le paysage qui vous apaise ?

Les prairies quand l’herbe est balayée par le vent, faisant croire à une mer.

Le voyage dont vous rêvez ?

Celui que décrit sainte Thérèse d’Avila dans son autobiographie, lorsqu’elle vit, le temps d’une excursion mystique au Paradis, son père, sa mère, saint Joseph et d’autres personnes.

Ce que vous préférez à Toulouse ?

Ce qu’elle fut : une civilisation.

Ce que vous aimez le moins ?

Ce qu’elle est devenue, sa soumission à la modernité techno-marchande.  

Votre devise ?

Rien de bien original. Je me contente en essayant de la suivre tant bien que mal, de la devise des alchimistes : lege, lege, relege, ora, labora, et invenies. Pour ceux qui ont oublié leur latin du collège : lis, lis, relis, prie, travaille, et tu trouveras.

Écrit par Christian Authier

https://lopinion.com/articles/portraits/9587_rendez-vous-avec-robert-redeker?fbclid=IwAR2OjV2V6SNwfzin71Lym_E1QWxP-KFlJmnzdv0nLOHwEABkCW4uHGuSPRk

http://www.redeker.fr/

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