La Chronique littéraire de Patricia Drai. “Se souvenir d’Hélène Berr – Une célébration collective”

Même s’il semble difficile d’associer le terme de centenaire au destin d’une toute jeune femme à la destinée tragique, cet ouvrage collectif, voulu et imaginé par Mariette Job et Karine Baranès-Bénichou, marque le centenaire de la naissance d’Hélène Berr.

Hélène, brillante étudiante juive parisienne, est née en 1921. Elle a tenu son journal d’avril 1942 à février 1944 mais son avenir – particulièrement prometteur, elle préparait l’agrégation d’anglais  – a été brisé par le régime nazi : déportée avec ses parents, le 8 mars 1944, elle a été transférée à Drancy puis déportée à Auschwitz le 27 mars, jour de son anniversaire. Elle est morte en avril 1945 à Bergen-Belsen.

Le fiancé d’Hélène, Jean Morawiecki, a conservé ce journal durant 50 ans avant de le remettre à la nièce d’Hélène, Mariette Job.

Préfacé par Patrick Modiano, l’ouvrage a été publié en 2008 et traduit dans de nombreuses langues : le succès fut immédiat tant auprès de la critique que des lecteurs.

La qualité littéraire de l’œuvre ne laisse aucun doute sur la maturité et la clairvoyance de cette jeune intellectuelle particulièrement douée.

Le manuscrit est désormais exposé au Mémorial de la Shoah à Paris.

Mariette Job, dont l’engagement sans faille pour nous faire découvrir le journal de sa tante défunte, a pu compter sur le précieux concours de Karine Baranès-Bénichou, fondatrice de l’Association “Femmes artistes et mémoire juive”, organisatrice du colloque “Etty Hillesum, Charlotte Salomon, Hélène Berr – La vie qui est en elles”  : ensemble, elles ont sollicité une quinzaine de contributeurs, notamment le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, Karen Taïeb, Boris Cyrulnik, Ivan Levaï, Isabelle Carré ou encore Guila Clara Kessous.

Chacun d’eux nous livre son témoignage et un vibrant hommage à l’intelligence et à la mémoire d’Hélène.

Des lycéens et des professeurs ont écrit de très belles et émouvantes pages en hommage à Hélène, preuves de la transmission de l’histoire de la Shoah aux jeunes générations.

Mariette Job cite volontiers cette phrase de Jean Jaurès qu’elle a faite sienne : “La fidélité aux morts ce n’est pas de porter leurs cendres mais de brandir leurs flambeaux”.

Avec toutes celles et tous ceux qui ont compris et reçu le message d’Hélène – lumineux et humaniste –  Mariette Job et Karine Baranès-Bénichou, nous offrent à travers cet ouvrage collectif une véritable leçon de vie.


Se souvenir d’Hélène Berr – Une célébration collective

sous la direction de Mariette Job et Karine Baranès-Bénichou

Editions Fayard – 308  pages – 22.00 €


© Patricia Drai

Patricia Drai anime “Entre vous & moi” sur Radio Judaïca Lyon  le mercredi de 11 h à 12 h

www.radiorjl.com

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1 Comment

  1. Après la lecture de son journal, je ne parviens pas à le ranger ; il est devenu mon livre de chevet. Grace à Hélène je découvre l’oeuvre de Roger Martin du Gard – Les Thibaut, duquel elle rappelle l’extrait suivant :
    “Plus les pistes lui paraissent brouillées, plus l’homme est enclin, pour sortir à tout pris de la confusion, à accepter une doctrine toute faite qui le rassure, qui le guide. Toute réponse à peu près plausible aux questions qu’il se pose et qu’il n’arrive pas à résoudre seul s’offre à lui comme un refuge ; surtout si elle lui paraît accréditée par l’adhésion du grand nombre ! Résiste, refuse les mots d’ordre ! Ne te laisse pas affilier ! plutôt les angoisses de l’incertitude, que le paresseux bien-être moral offert à tout “adhérent” par les doctrinaires!”.
    Je compte découvrir ensuite ses autres lectures qui sont listées en fin du livre. Ce sera ma façon de prolonger sa présence parmi nous.

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