Charles Rojzman. Hypocrisie sociale: L’Affaire Berry

Charles Rojzman

Assez d’hypocrisie. Cette recherche de pureté est suspecte. Chacun s’arroge le droit, en fonction de son idéologie ou de ses émotions, de condamner le racisme, l’islamophobie, l’esclavagisme, les violences policières, la pédophilie, sans regarder la réalité d’une violence universelle dont nous sommes tous, à des degrés divers évidemment, auteurs et victimes.

Le combat contre les élites socialo-libertaires nécessaire en raison de leur arrogant aveuglement sur les questions de sécurité et d’identité nationale et de leurs égarements de mœurs devient malsain dès qu’on feint de croire que le mal de la société est à cet endroit seulement. On mine ainsi le soubassement la société qui finira par s’écrouler sur elle-même, nous entraînant tous dans sa chute.

La réalité que je connais pour avoir entendu des milliers de personnes c’est que nous avons tous été victimes d’une forme ou l’autre de violence. Maltraités ou abandonnés, humiliés ou culpabilisés, avec des intensités variables mais souvent dès le plus jeune âge par des parents eux-mêmes déjà victimes de ces mêmes violences. La réalité, c’est qu’aucun de nous n’est exempt  de comportements  qui peuvent faire du mal à nos proches ou à d’autres dans les lieux  où nous vivons et où nous travaillons.  

Toutes les époques en crise ont connu cette tentation de désigner des boucs émissaires et les tentations totalitaires se sont toujours manifestées par le rejet répulsif des élites démocratiques, même si celles-ci ne sont pas toujours à la hauteur des idéaux démocratiques proclamés. La république de Weimar qui précéda l’épisode national-socialiste, pour ne citer qu’elle, ne fut pas exemplaire.

Je ne cherche pas à excuser les fautes graves parfois commises. Je mets en garde contre cette forme de populisme qui finit souvent d’ailleurs en antisémitisme. Il suffit à ce propos de lire les nombreux commentaires qui suivent déjà les articles sur l’affaire Berry.  

Me considérant moi-même en politique comme un populiste attaché viscéralement au peuple, à son bon sens et conscient de ses souffrances, je me méfie quand on commence à montrer du doigt, à brûler des livres et à livrer à l’opprobre public des personnalités qui n’ont pas fait pire que le commun des mortels : Je sais qu’on reproche à nombre d’entre eux de nous avoir, au même moment, fait la morale sur d’autres sujets, mais on peut le leur reprocher sans pour autant livrer leur nom en pâture et dresser à leur encontre un acte d’accusation avant tout jugement. La présomption d’innocence et l’état de droit existent encore. Peggy Sastre dans un récent article rappelle ces mots de John Adams, l’un des pères fondateurs de la démocratie américaine : “Il est plus important que l’innocence soit protégée que la culpabilité soit punie, car la culpabilité et les crimes sont si fréquents dans ce monde qu’ils ne peuvent pas tous être punis. Mais si l’innocence elle-même est citée à comparaître et condamnée, peut-être à mort, alors le citoyen dira : Que je fasse le bien ou le mal est sans importance, car l’innocence elle-même n’est pas une protection”, et si une telle idée s’imposait dans son esprit, alors ce serait la fin de toute forme de sécurité.

Je ne justifierai jamais l’inceste ni la pédophilie car je sais trop bien leurs conséquences psychologiques mais je sais également qu’un enfant peut aussi avoir été détruit par d’autres violences dont on parle peu et dont les auteurs ne se sentent pas toujours coupables : Abandonner un enfant est aussi grave que des jeux de séduction aussi condamnables soient-ils, je le répète. Un abandon peut conduire au suicide.

Mettons alors sur la table toutes les violences et nous verrons ce qu’il en est.

Assez d’hypocrisie. Cette recherche de pureté et de propreté sent mauvais. Les loups sont entrés dans la ville et se repaissent déjà de cette odeur de chair étalée que nous offrons à leurs narines impitoyables.

© Charles Rojzman

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