Benoît Frydman. “C’est un massacre de masse” dans les maisons de repos

© Christophe Bortels

Benoit Frydman, juriste et philosophe à l’ULB, jette un œil très sévère sur la gestion de la crise du Covid 19 dans les maisons de repos. Il ose même une expression très forte : “massacre de masse”. Il s’en explique au micro de la RTBF.

Invité du JT de la Première, le philosophe et juriste Benoît Frydman a employé “des mots forts” pour dénoncer la situation qui a lieu au sein des maison de repos belges depuis le début de la crise sanitaire.

Il faut des mots forts pour qu’on pour qu’on n’attende pas deux ans et demi que quelqu’un s’asseye sur un dossier, et qu’on aborde clairement ce qu’il s’est passé. Oui, je pense qu’on a laissé mourir des gens dans des conditions inhumaines. En masse, 4.800 personnes, c’est en masse. Chacun qualifiera, moi je suis scandalisé par ce qu’il s’est passé. Et bien entendu, je pense aux 4.800 familles. Je pense que les morts demandent justice.  Et je compte sur les médias. Ils sont là dans l’affaire Chovanec, c’est très bien. Soyez sur cette affaire. Ces familles ont le droit, les gens sont morts. Ils ont souffert. On dit de certains qu’ils sont morts dans leurs excréments. Certains ne sont pas morts du Covid, ils sont morts de soif.

“Donc, c’est effectivement l’histoire d’un massacre de masse”

Benoît Frydman pointe la responsabilité des pouvoirs publics, qui cherchent justement à se dédouaner selon lui, et il appelle à ce que la justice soit saisie. 

“La clarté doit être faite, et c’est très bien qu’il n’y ait pas de commission d’enquête. La justice va pouvoir faire son travail. Les politiques n’ont pas voulu d’une commission d’enquête, c’est parfait. Ce qu’il faut, c’est un juge d’instruction, voire plusieurs. Je pense que trois juges d’instruction pour aller voir en profondeur, ce serait bien. Vous imaginez l’ampleur du dossier, dans les trois régions”, ajoute-t-il. Donc, c’est effectivement l’histoire d’un massacre de masse. Tout le monde se souvient de l’affaire du sang contaminé en France. On a jugé ça au criminel. Dans un pays où le pouvoir est dilué, les responsabilités sont diluées. Ce n’est jamais la faute de personne. Et le problème vient toujours du haut vers le bas. Les services publics eux-mêmes sont contaminés dans cette déresponsabilisation. D’ailleurs, les hôpitaux n’avaient pas de directive claires.  Mais on leur a quand même donné des conseils, même s’il y avait 55% de chambres qui restaient libres, il ne fallait quand même pas admettre les vieux des maisons de repos. La clarté doit être faite, et c’est très bien qu’il n’y ait pas de commission d’enquête. La justice va pouvoir faire son travail. Les politiques n’ont pas voulu d’une commission d’enquête, c’est parfait. Ce qu’il faut, c’est un juge d’instruction, voire plusieurs. Je pense que trois juges d’instruction pour aller voir à fond, vous imaginez l’ampleur du dossier, dans les trois régions.

Défenseur des scientifiques

Le professeur de droit s’est aussi exprimé sur les polémiques autour du rôle des scientifiques dans les décisions autour de la gestion de la crise du coronavirus. “Les virologues doivent avoir une liberté d’expression complète. Le compromis est de l’ordre du politique. Mais la science ne fonctionne pas comme ça. Toute l’histoire moderne de la science est faite de polémiques et de controverses. On vit dans une démocratie, pas au pays des bisounours. Il est tout à fait normal qu’ils donnent leur avis.

Quand des chefs d’entreprise tentent de faire taire Marc Van Ranst en l’assignant en justice, c’est grave. Il doit être défendu. On tente d’en faire un bouc émissaire. Il ne faut pas en revenir au procès de Galilée et défendre la totale liberté d’expression des scientifiques”, ajoute-t-il. 

https://www.rtbf.be/auvio/detail_le-grand-oral-benoit-frydman?id=2673470&jwsource=cl

Source: LaLibre.be 29 août 2020

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