Seine-Saint-Denis : les habitants d’une cité s’accordent avec les trafiquants

Saint-Ouen, ce dimanche 19 juillet. Un apéro organisé par une amicale de locataires de la cité Charles-Schmidt pour occuper le terrain face aux dealers. LP/Thomas Poupeau

Pour retrouver le calme, notamment la nuit, une amicale de locataires a poliment demandé aux trafiquants de changer leurs habitudes, rapporte « Le Parisien ».

Dans une petite cité de la ville de Saint-Ouen où circulent incessamment acheteurs et trafiquants depuis une trentaine d’années, on goûte depuis deux semaines à un brin de tranquillité. Rien à voir avec une éventuelle intervention des forces de l’ordre ou avec une réduction du trafic provoquée par la pandémie. Ici, dealers et voisinage cohabitent désormais en toute intelligence depuis la création d’une nouvelle amicale de locataires

« Le trafic de drogue est ici une réalité », expliquent les habitants, un « lieu de ravitaillement favori des cadres parisiens des beaux quartiers ». « Le va-et-vient des clients provoque des nuisances, les jeunes eux-mêmes, qui, d’ailleurs, ne sont pas de la cité, font beaucoup de bruit jusqu’à 1 heure du matin ! Sans compter les déchets partout », déplore l’amicale. Cette dernière, qui comporte déjà un tiers des habitants de la cité, entreprend ainsi régulièrement de nettoyer les parties communes des « déchets de la nuit ». Deux fois par mois, elle organise également un « apéro » en bas de la cité, où tout le monde est convié.

« On s’en fiche de ce qu’ils font »

Mais c’est directement auprès des responsables du trafic que l’amicale des locataires a souhaité agir pour mettre fin, avant tout, aux nuisances sonores, la nuit, dans les couloirs. « On s’en fiche de ce qu’ils font, insistent les habitants. On veut juste qu’ils le fassent dehors ! » Et les dealers de se montrer compréhensifs. Sur les murs de la cité, ceux-ci placardent une affiche appelant chacun à ne pas faire de bruit : « S’il vous plaît, le sommeil est important pour commencer une bonne journée. Silence après 22 heures ! De la part des jeunes et des habitants. »

« Depuis une quinzaine de jours, cela se passe bien, il y a moins de soucis, les jeunes jouent le jeu, et nous, on les laisse faire leur business », se réjouit un habitant. Pour la présidente de l’amicale, cette solution est la seule qui soit à la portée des habitants. « J’ai moi-même parlé avec eux, explique-t-elle. Ils ont fait des affiches, ne font plus de bruit dès 22 heures et arrêtent de dealer dans le hall… Le reste, c’est le rôle de l’État ! » Par cette opération, les habitants espèrent également se faire entendre du bailleur social sur les conditions de vie dégradées au sein de la cité et l’absence, depuis trop longtemps, de gardien.

Source: Le Point. Le Parisien. 20 juillet 2020.

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2 Comments

  1. Une solution qui permettrait de limiter la casse dans ce taudis qu’est la France moderne : légaliser le cannabis.
    Avantage sécuritaire (des réseaux et des trafics disparaîtraient : moins de criminalité et de tensions entre police et quartiers )
    Avantage sanitaire (Le cannabis vendu illégalement peut être coupé avec des saloperies)
    Avantage financier : les taxes du cannabis rapporteraient rapidement des milliards à l’Etat (qui pourrait en profiter pour payer les heures supp des policiers et du personnel hospitalier)

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