Sarah Cattan. Comment osez-vous, en 2020, masquer d’un “carré noir” les visages de ces 17 femmes haredim, mortes du Covid-19?

Morts du Covid-19: 47 hommes et 17 “carrés noirs” haredim

4 avril. Alors que les chiffres s’affichent, certains nous bouleversent doublement : Regardez cette photo. Elle vous dit qu’à ce jour 47 hommes et 17 carrés noirs haredim sont morts du Covid-19 à travers le monde. Dans la mort « aussi », la femme n’a pas de visage chez nos extrémistes à Nous. Un carré noir pour chacune d’elles. Comment des Hommes supposés consacrer leur vie à l’étude des Textes peuvent-ils être de tels monstres, doublés de dictateurs. Où sont vos visages, chères défuntes? Comment osez-vous vous taire, épouses Haredim…

Pour rappel, les Haredim ou Craignant-Dieu, en hébreu חרדים,  sont des Juifs orthodoxes à la pratique religieuse d’un autre temps.

Je ne sache pas qu’il y ait des nuances qui distinguassent les hassidim, les mitnagdim, les sefardim et autres mizrahim concernant la place infâme reconnue à la gent féminine.

Leur méfiance vis-à-vis de toute innovation sociale les amène à vivre en en marge des sociétés laïques environnantes, et que ces dernières fussent juives n’y change rien.

Leurs rabbins sont l’unique source de pouvoir légitime à leurs yeux.

Présents dans de nombreuses communautés juives de la diaspora, notamment en Amérique du Nord et en Europe occidentale, ils sont fortement implantés en Israël, où ils ont leurs quartiers, voire leurs villes, leurs partis politiques, leurs magasins et leurs écoles, et affichent sans vergogne leurs réticences, voire leur hostilité, face au sionisme.

Leur pratique religieuse extrême, rigoriste et obscurantiste les amène à une revendication de séparatisme social, marqué par leurs vêtements mais encore par le traitement indigne réservé à la Femme, le tout étant expliqué par … la terreur à l’idée de violer une des 613 mitzvot ou commandements recensés par la tradition: Eux participent à un système gouverné par deux principes fondamentaux : Daat Torah : « ce que dit la Torah », et Emounat Hakhamim : « la foi dans les sages ».

Rien donc qui ne fût gouverné par les textes sacrés. Il en découle, pour aller vite, que la démocratie, reconnue chez les non-Juifs, est refusée par ce qui s’apparente à une secte puisqu’elle est une remise en cause manifeste de Daat Torah et de Emounat Hakhamim.

Femmes sans visages

Outre leur influence sur les partis religieux israéliens, on déplorera leur philosophie archaïque et, aujourd’hui, on rendra un hommage appuyé à ces femmes sans visage auxquelles il est demandé d’avoir un maximum d’enfants et qui passent de l’autorité d’un père à celle d’un mari, le tout vêtues de … vêtements « modestes ».

A noter : les « patrouille de la pudeur » qui circulent dans les quartiers habités par les haredim du nord de Jérusalem et s’en prennent aux femmes vêtues de façon « provocante » mais encore aux jeunes couples qui auraient osé se retrouver, fût-ce pour bavarder.

Esti Weinstein: il n’y a pas de suicide. Il n’y a que des meurtres

Pour rappel encore : le  suicide, en juin 2016, d’Esti Weinstein, née dans une famille ultra-orthodoxe liée au courant hassidique de Gour, l’une des sectes les plus sévères de l’ultra orthodoxie juive, mère de 7 filles, qui choisit de quitter sa Communauté, n’ignorant pas que les Haredim considéraient comme morts ceux des leurs qui abandonnaient leur mode de vie, allant pour certains à porter le deuil et à organiser l’enterrement symbolique de celui ou de celle qui les avait quittés, pour marquer la cassure. Le corps d’Esti fut découvert dans sa voiture. La jeune femme de 50 ans avait laissé un mot d’adieu à la seule de ses 7 filles qui l’avait suivie dans son choix laïc. Ce mot raconte les rigueurs de la vie au sein de la secte hassidique de Gur, mais aussi la douleur ressentie lorsque sa famille coupa tout lien avec elle après sa décision d’abandonner la religion. Dans ce texte, Esti décrit la seule rencontre qu’elle eut avec celui qui devait être son mari lorsqu’elle accepta, contrainte, un shiduch, ou mariage arrangé. Esti raconte douloureusement comment, durant leur mariage, son mari ne l’appela jamais par son prénom. Esti confie encore qu’un jour, elle se risqua à demander à son mari de lui faire l’amour plus que les deux fois par mois autorisées dans les takanot : le courageux époux alla s’enquérir auprès d’un conseiller et prononça à son retour ces mots : Le rabbin a dit que ce mois-ci nous ne devrions pas refaire à nouveau l’amour et a ajouté  que si tu ne l’acceptais pas, je devrais dormir dans le salon, et que si cela aussi n’aidait pas et que tu continuais d’insister, je devrais dormir … dans la synagogue.

Esti quitta la religion et se donna la mort, 8 ans après : les religieux ne l’avaient pas tuée de leurs propres mains. Elle se suicida, entraînant un débat qui fit rage concernant les pratiques de cette Communauté et le traitement réservé aux femmes.

Esti avait demandé par écrit des funérailles gaies, légères et rythmées par de la musique. La communauté ayant refusé de céder, les amis laïcs d’Esti et sa fille Tami introduisirent une requête au Tribunal de Tel Aviv, pendant que les plus déterminés empêchaient l’ambulance transportant son corps de quitter l’hôpital.

Le Tribunal statua pour un enterrement laïc, conforme aux dernières volontés de la défunte, exprimées par écrit, comme l’a relayé I24News : Ne faites pas beaucoup d’efforts pour la cérémonie, je voudrais quelque chose de modeste avec beaucoup de fleurs. Rappelez-vous que c’est ce que j’ai choisi comme le meilleur pour moi. J’accepte que vous disiez que je suis égoïste, j’accepte aussi votre manque de compréhension concernant mon choix.

Néanmoins, le tribunal ayant ajouté que ses deux parents ultra-orthodoxes devaient être en mesure de participer aux obsèques de leur … fille, l’enterrement fut composé d’une cérémonie laïque suivie d’une cérémonie religieuse.

Si la mort d’Esti rouvrit ce débat passionné, force est de constater 2 choses : son manuscrit n’a pas été édité. Ces 17 carrés noirs disent le reste.

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14 Comments

  1. Ça ressemble aux listes électorales des partis islamistes: les hommes avec photos mais les femmes un carre vide. les électeurs devaient doc voter pour un carré vide. Ces extrémistes religieux sont partout les mêmes. La femme pour eux n,est qu,un corps consommable à merci.

  2. Bien vrai, tout ça.
    Pour avoir une idée de ces communautés allez voir la série TV israélienne « Shtissel » et la série américaine « Unorthodox ». Les deux avec l’excellente Shira Haas.

    Détail technique : il y’a en tout 58 photos. Donc 41 hommes (et non 47 comme dit l’article) et 17 femmes-carrés-noirs.

    Une raison possible au déséquilibre numérique hommes-femmes (alors que le Covid19 ne connait pas la différence) : la contamination est largement due aux séjours, en groupe compact, à la synagogue.
    Les hommes y passent beaucoup plus de temps que les femmes vu leurs rôles différents dans le rite.
    Exemple : vendredi soir, veille de Shabbat, l’homme va obligatoirement à la synagogue alors que la femme reste, tout aussi obligatoirement, à la maison à l’attendre avec le repas.

    Notons aussi, pour la même raison, le pourcentage important de rabbins parmi les défunts.

    Et n’oublions pas le rôle de Pourim. Cette fête, un ou deux jours avant le confinement, a connu, comme tous les ans, une forte affluence, donc promiscuité, aux synagogues. Elle explique largement le nombre élevé des Juifs parmi les infectés (constaté clairement en région parisienne).

    Rectification : la phrase « les hassidim, les mitnagdim, les sefardim et autres mizrahim » mélange torchons et serviettes.
    Les deux premières catégories peuvent bien correspondre aux « ultraorthodoxes » alors que les deux dernières correspondent aux Juifs non-ashkénaze, à la pratique religieuse souvent moins contraignante et assez peu présents chez les « ultraorthodoxes ».
    Pas toujours bien acceptés d’ailleurs…il n’y a pas que les femmes qui y sont « mises de côté »…

    Enfin, sachons que la survie démographique d’Israël à long terme dépend de ces ultras, vus leurs nombreux enfants (tout y est fait pour ça…).
    C’est un problème majeur vu qu’ils ne font que très peu d’études scolaires « ordinaires » (non religieux) ; idem pour l’armée.
    Souvent ignorants en math, physique, chimie et langues étrangères, c’est un poids mort sur une économie visant l’excellence technologique et l’autosuffisance militaire.

  3. « Comment osez-vous, en 2020, dit Sarah Cattan, masquer d’un “carré noir” les visages de ces 17 femmes haredim, mortes du Covid-19 ? »
    Afin de comprendre ceci, et malgré quelque évolution acquise au niveau des mentalités, il est utile de rappeler que si on a pu dire qu’Israël est le peuple choisi, cela voulut dire primitivement le sexe choisi.
    La maison d’Israël, c’est la puissance féminine, ce sont les fidèles de la gynécocratie.
    On sait aujourd’hui que ce régime a duré jusqu’au VIIIème siècle avant notre ère et que c’est pendant sa longue durée que régna la vérité dans la religion et la justice dans la vie sociale.
    Mais l’homme s’est révolté contre la Femme et contre sa loi, il l’a attaquée, et la lutte, une fois commencée, a grandi, elle est devenue formidable, et nous allons voir les grandes femmes d’Israël soutenir de longues guerres dans l’agonie de leur puissance. C’est ce grand événement qui fait le fond de la Bible, et ainsi elle apparaît comme un livre du plus grand intérêt, digne du grand respect qu’on lui accorde ; l’histoire qu’elle renferme est bien réellement l’Histoire sainte.
    L’Histoire Sainte : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/faits-et-temps-oublies.html

    • Hé! Anwen!
      T’as oublié la lutte formidabilissime entre les coquecigrues et les balivernes!

      Hé ! La modération !
      Que viennent faire ici ces fumisteries ?

      • On modère les articles inutilement agressifs, les attaques ad hominem, les méchancetés , la haine raciste,
        Les opinions et les idées de chacun on les publie mais , vous savez, vous avez le droit de ne pas les lire !

  4. Si ces rav font figurer leur portait c est qu ils sont fiers. Fiers d etre les plus cons ? Transformer leurs fidèles en idolâtres ? Oubli des principes d humilité ?
    Pas de compassion pour d aussi mauvais juifs

  5. Il y a un commentaire important ci-dessus. Je le reproduis entre guillemets:
    “Rectification : la phrase « les hassidim, les mitnagdim, les sefardim et autres mizrahim » mélange torchons et serviettes. Les deux premières catégories peuvent bien correspondre aux « ultraorthodoxes » alors que les deux dernières correspondent aux Juifs non-ashkénaze, à la pratique religieuse souvent moins contraignante et assez peu présents chez les « ultraorthodoxes ».
    Pas toujours bien acceptés d’ailleurs…il n’y a pas que les femmes qui y sont « mises de côté »…

    Lilian P.

  6. L’histoire de cette femme est triste mais ne faisons pas de généralité ! Je connais beaucoup de femmes de ces communautés qui sont très heureuses de leur condition et ne voudraient pour rien au monde vivre selon les codes de nos sociétés modernes. Ces communautés ne veulent convertir personne ne sont un danger pour personne et veulent simplement vivre selon leurs valeurs. Ils sont une composante démographique et religieuse très importante du Peuple Juif au même titre que les autres.

    • Chère Myriam, si une chose est exacte, c’est qu’il n’y a en effet aucune volonté de convertir qui que ce soit. Au point qu’y “entrer” par exemple à l’occasion d’une histoire d’amour est … plus que difficile. Je n’ai pas dit que Esti Weinstein symbolisait toutes les femmes de ce milieu. Je parle d’elle car in fine, pourquoi est-elle morte? Pour avoir voulu “Partir”. Juste “partir”. C’est un peu le sort réservé aux … apostats … Enfin, j’ignore si beaucoup de femmes sont heureuses: ça ne vous choque en rien, vous, la vie de ces femmes, entre grossesses, féminité bafouée, travail pour subvenir aux besoins, et là, pire que tout, cette case noire. Ainsi, on “efface” le nom d’une Juive?

  7. Le plus grave est peut-être encore à venir.

    Les infos les plus récentes (dont d’aujourd’hui) en provenance de New York et notamment des quartiers de Brooklyn densément peuplés et entièrement ultraorthodoxes que sont Williamsburg, Crown Heights et Borough Park sont alarmantes.

    Ces quartiers ressemblent à Bney-Brak en Israël. La pauvreté, la promiscuité des petits logements abritant des familles avec de nombreux enfants y génèrent des véritables pépinières à CoronaVirus.

    Surtout les nombreuses « yeshivott » (écoles talmudiques) qui pratiquent l’étude traditionnelle en salles communes comptant des centaines de jeunes élèves à la fois pendant des journées entières.

    Des dépistages au hasard y mènent à une évaluation de 70% de la population atteinte par le Virus ; et bien davantage dans les « yeshivott ».
    Rien d’étonnant si ces ultraorthodoxes sont accueillis comme des pestiférés par la population « générale » en ville ; le tout à l’origine d’un vent de panique antisémite.

    Les « yeshivott » étant incapables de traiter le problème, le système de soins américain étant ce qu’il est et de nombreux élèves y possédant la nationalité israélienne, l’idée a germé de les renvoyer en Israël par avion.
    Avec les problèmes que cela poserait en Israël et même dans les avions…
    Israël pourrait même refuser de les recevoir…

  8. Merci à S.Cattan pour ce coup de projecteur sur une presse un peu obscure(antiste) peu connue. Il semble utile de préciser qu’il s’agit d’une page du quotidien israélien/ultra orthodoxe “Hamevasser” au bas de laquelle est portée la mention – Qui peut rester insensible à cela? -et en haut et un extrait du rituel – notre Père notre Roi, écarte l’épidémie de ton héritage -.Si seulement ce cri d’alarme ou d’alerte pouvait avoir un impact sur ceux qui se montrent peu enclins à suivre les directives de confinement imposées en Israël.
    Ce journal est le reflet d’un mixage du parti Deguel hatora et de diverses obédiences h’assidiques; on peut en effet se poser la question: Pourquoi la menace du COV.19 – qui concerne tout le monde et pas seulement les craignants D.- est évoquée en utilisant le visage des victimes orthodoxes comme “emblèmes”. Un appel pour un “gewald!”(sauve qui peu!) excluant le portrait féminin n’est pas étonnant c’est la “ligne éditoriale” de cet organe de presse.
    Il faut savoir qu’il y a parmi les journaux juifs dits “communautaires” diffusés en France au moins un spécimen qui va dans le même sens, c’est a dire sans publication d’image de la Femme; il est pourtant largement disponible et sert de porte-voix à des institutions qui ne sont pas ultra-orthodoxes.
    On peut également remarquer au passage, que la communauté H’abad admet tout à fait dans ses publications les photos de femmes sans que cela pose problème.
    Ce rigorisme aveugle a l’égard des femmes qui a tendance a se renforcer dans certains milieux ultra religieux, n’est pas prêt de changer; mais il existe en Israël des évolutions prometteuses heureusement, dans la mouvance du sionisme religieux, ou l’on voit des synagogues, des cercles d’études ouverts, dans l’esprit et dans les faits a la modernité, en harmonie avec les exigences religieuses et les sensibilités de chacun. Ce sont plutôt des initiatives de ce genre qui sont le signe d’une évolution en marche qu’il serait bon d’évoquer dans vos colonnes.
    Avec mon plus cordial chalom, bonne fête de Pessah’ .

  9. Tous ces ultras , oublient une chose ,l’importance et la place qu’ont tenues nos matriarches dans la communauté hébraïque. Commençons par Sarah , Rachel ,Lea,Rivka ,Myriam ,judith,Esther, Et toutes les autres . Même Tsiporah fut une grande femme et Moshé ne l’a jamais blâmée bien au contraire !

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