Thierry Seveyrat. La différence, c’est peut-être la décence

Aïssa Maïga

Je reviens sur cet épisode Aïssa Maïga de cette improbable soirée des Césars, moment dit-on de cinéma. Je pense, comme cinéphile, à l’actrice, très identifiée, avec bientôt 25 ans de carrière, passée chez Mickaël Haneke (“Caché” avec Juliette Binoche), Abderrahmane Sissako dans “Bamako” (elle est l’affiche du film), Michel Gondry et ” L’Écume des Jours“, Dominique Cabrera pour “Corniche Kennedy“, Cédric Klapish par ci ou Serge Moati par là.
34 films, 19 series télé, 3 pièces de théâtre.

De quoi a manqué Aïssa Maïga ? Avant de se décréter rebelle de plateau télé, à quel “plafond de verre” s’est-elle heurtée ? De quelle essentialisation la militante membre du jury des “Y’a bon awards 2012” de Rokhaya Diallo a-t-elle souffert ? Un peu plus tard dans la soirée, Roschdy Zem, 54 ans et plus de 80 films, remercie ; “tous les réalisateurs avec lesquels je bosse depuis 30 ans, qui m’ont permis d’obtenir et d’avoir cette chose nécessaire pour un acteur, à savoir un parcours”, “ce métier (qui) me permet de vivre une expérience exceptionnelle, extraordinaire, captivante”, et “mes deux héros, Fatima et Gilabi-Zabzem, mes deux parents, qui m’ont fait ce que je suis, je leur doit tout, et soyez-en sûrs, s’ils étaient là, ils vous remercieraient un par un, je le fais pour eux”.
Roshdy Zem a grandi avec ses parents marocains dans le bidonville de Nanterre puis les HLM de Genevilliers.

Zem ne calque pas des catégorisations pertinentes aux États-Unis mais ineptes, et pour tout dire obscènes, sur la réalité sociale française ; il dit et témoigne de ce qu’appartenir à une collectivité qui nous dépasse signifie, plutôt que de politiser une pigmentation cutanée ; il parle de reconnaissance, ne vient pas pour se plaindre, ajoute “je voudrais dire à tous ceux qui ont le sentiment dans la vie de partir d’un peu loin, que ce qui est important ce n’est pas de courir vite dans l’espoir de rattraper ceux qui sont devant, mais de courir plus longtemps”.
Zem n’a pas joué dans l’intervalle “des tonnes de rôles de dealers, d’hommes de ménages à l’accent mohamed, de rôles de terroristes, de mecs hypersexualisés” ; et Maïga non plus.

La différence, elle tient peut-être au décrochage idéologique d’une génération confite dans l’idéologie du “moi je”, abreuvée des fadaises diversitaires et victimaires (“diversité, tolérance, inclusion”), qui ne produit plus que des radio-crochets de reprises musicales, aucun auteur qui sache écrire, et des films où l’on geint.
La différence, c’est peut-être la décence.

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1 Comment

  1. La plupart des actrices noires françaises et américaines ressemblent à Rockaya Diallo : elles sont aussi racistes qu’ignares. A ce propos Whoopi Goldberg est allée jusqu’à déclarer que la Shoah n’était pas liée à du racisme parce que c’était “une affaire entre Blancs “!!! Nos sociétés nihilistes au bord de l’implosion en sont réduites à encenser ce qui existe de plus bête et méchant et inversement à stigmatiser ou diaboliser ses meilleurs éléments.

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