L’homérique combat de l’homme et de la housse de couette… Michèle Chabelski

Bon

  Jeudi 

     Certains problèmes sont mineurs. D’autres majeurs. Et comme je sais que vous me lisez avec bienveillance et intérêt, je vais  évoquer ici l’épreuve qui nous est régulièrement imposée:  j’ai cité l’enfilage de la couette dans sa housse.

   Nous sommes aujourd’hui nombreux à avoir remplacé l’antique couverture par une couette négligemment déposée sur le lit qui évite le matin ce sport qu’imposait la couverture. 

  Tire d’un côté, ca plisse de l’autre.

   Tire vers le haut, c’est trop court en bas.

    Casse ton dos pour border, écorche tes genoux pour être à la hauteur, ou pire, suis les conseils de Marie Claire: tu gardes le dos droit et tu plies légèrement les genoux pour ménager tes vertèbres. Genre t’es Marlène Dietrich en train de faire son plumard, cou droit, dos droit, les genoux servant de balancier pour atteindre la hauteur choisie.

   Tu parles!

    Alors bien sûr, t’as balancé les couvertures roulées dans une housse de plastique et tu t’es offert une couette.

   Et bien sûr dans une visée esthétique  et hygiénique tu t’es offert plusieurs sets de draps, taies d’oreiller et housses de couette assortis à la couleur de tes yeux ou de ta nuisette…

   Vous avez bien lu: housse de couette…

   Ce mot t’a fait frissonner dans une vision apocalyptique d’impitoyable combat où tu luttes à mains nues contre un  implacable adversaire .

   Par définition la couette est molle.

   La housse aussi.

     Mathématiquement, mou + mou= insolubilité.

   Je demande :

     Comment faire entrer un truc mou qui plie, plisse, se tord, renâcle, résiste, tressaute dans un autre truc mou qui ne fait aucun effort pour accueillir l’assaillant avec bienveillance ?

   Tu prends la couette, tu la tords dans l’espoir fou qu’une fois a l’intérieur tu vas pouvoir la relâcher, tu la pousses, tu l’encourages de la voix, parfois tu jures entre tes dents comme si elle pouvait t’entendre, et après plusieurs merde merde emplis de désespoir,tu contemples le désastre: une grosse boule informe gît sur ton lit, mélange enchevêtré de couette estropiée et de housse difforme…

   L’ensemble n’est pas beau à voir…

   T’as envie de pleurer…

      Parce qu’il faut d’abord démêler cette espèce d’agrégat informe, sortir le morceau de couette déjà inséré et tout recommencer..

   Je connais des gens qui préfèrent travailler quelques heures supplémentaires juste pour s’offrir l’expertise d’une personne disposant d’un master. 

Un master en couette évidemment.

    Car il existe en ce bas monde , si si, j’en ai vu, des gens, souvent des femmes, qui t’attrapent d’une main ferme la couette, de l’autre la housse et grâce à une maîtrise et une autorité que flairent les deux rebelles parviennent   à enfourner l’une dans l’autre,  à secouer le tout avec hardiesse et à déposer l’ensemble harmonieusement amalgamé sur le lit, tel John wayne, soufflant sur son flingue avec une désinvolture signant à la fois sa compétence et sa confiance en lui. 

   Je reconnais que ce n’est pas donné à tout le monde.

   Je me demande parfois pourquoi personne n’a songé à créer des housses de couette à fermeture éclair, que tu étalerais sur le lit comme une parturiente sur son lit de douleur et sur laquelle tu déposerais négligemment la couette avant de remonter la fermeture clair d’un index désinvolte..

   Elementaire, mon cher Watson!

  Mais personne n’y a pensé…

   Alors on continue l’homérique combat de l’homme et de la housse de couette…

   Que cette journée sèche vos larmes légitimes eu égard aux dures journées d’otages innocents qui se profilent à l’horizon…

    Je vous embrasse 

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