Présidentielle : budget maltraité, par Richard Liscia

Les candidats de la droite à l’élection présidentielle ont publié des programmes abondants. Ils n’ont pas caché leurs intentions. Ils veulent tous relancer l’économie par une diminution de la dépense publique et par une réduction de la pression fiscale capable d’orienter le capital vers l’investissement.

LA GAUCHE s’est hâtée de les critiquer. Non sans à-propos, elle souligne que des économies drastiques sur la dépense publique, assorties de vagues de licenciements dans la fonction publique, mettraient la France à genoux. L’argument du pouvoir est que nous avons besoin de plus de juges, de plus de policiers, de plus d’enseignants. Et de rappeler que Nicolas Sarkozy a réduit les effectifs de la police alors que nous avons tant besoin de policiers. C’est de bonne guerre. Mais cela n’explique pas les dépenses du gouvernement en période électorale. Il a certes été contraint d’augmenter les effectifs de la sécurité et il sait que personne, ni à droite ni à gauche, ni dans l’opinion, ne le lui reprochera. En revanche, il a construit un budget 2017 qui veut dire : après moi, le déluge. Ce budget ne correspond pas aux critères de Maastricht, dont il s’éloigne au lieu de s’en rapprocher. Il distribue toute une série de cadeaux fiscaux propres à satisfaire l’électorat traditionnel du PS, classe pauvre et classe moyenne. Il met en danger, et de façon très sérieuse, l’engagement du gouvernement à ramener le déficit budgétaire au-dessous des 3 %. L’opposition le dit, la Commission européenne le dit, mais le pouvoir n’en a cure.

Sacrifier le budget aux nécessités électorales.

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François Hollande a choisi de sacrifier l’équilibre du budget à la nécessité de renforcer son électorat qui diminue comme peau de chagrin. Certes, il n’est pas le seul président qui se soit livré à des largesses électorales au détriment des fondamentaux de l’économie. En même temps, il n’en est plus à un vice de gestion près. Par ailleurs, la majorité actuelle est très à l’aise pour annoncer le cataclysme auquel conduirait l’application des dispositions prévues par les différents programmes de la droite. La critique est possible dans la mesure où ces programmes se ressemblent. Ils prévoient tous une forte diminution de la dépense publique en cinq ans (100 milliards pour M. Sarkozy, 110 pour François Fillon, qui présente la réforme la plus aboutie), le report de l’âge de la retraite (65 ans dans le cas d’Alain Juppé), une augmentation de la TVA pour compenser une baisse des impôts pour tous et la suppression de l’ISF. La majorité attaque donc la philosophie de ces programmes sur plusieurs points : ils ne sont pas de nature à garantir l’équilibre budgétaire, ce qu’on ne peut savoir qu’à l’usage ; ils créeront du chômage à cause des suppressions de postes de fonctionnaires ; ils sacrifient à terme le fameux « modèle social » français.

Toute baisse d’impôt doit être financée.

Ces critiques ne sont pas particulièrement excessives. Les candidats doivent revenir sur leurs propositions et abandonner l’idée que la relance de l’économie française passe par l’abandon des critères de Maastricht, qui ne sont pas, décidément, la tasse de thé de la France. Toute diminution d’impôt doit être financée. Le budget doit revenir à l’équilibre. Il faut aussi être très précis au sujet des dépenses. Si les suppressions de postes de fonctionnaires ne sont pas possibles dans la police et dans la justice, sont-elles plus acceptables à l’Éducation nationale ? Bref, on a trop l’impression qu’à la générosité fiévreuse du pouvoir correspondent des promesses de la droite plutôt calculées pour séduire l’électorat. Ni la gauche ni la droite ne jouent le sérieux et la transparence. Ce qui n’enlève rien au bilan désastreux de la gauche au pouvoir. Au moins la droite a-t-elle pour argument qu’elle va tenter ce qui n’a jamais été fait en France, ce qui est fait ailleurs avec succès et ce que M. Hollande n’a pas su faire avec ses usines à gaz dont on ne saura jamais si elles étaient inspirées par les théories social-démocrates, un zeste de marxisme, ou une timide incursion dans le libéralisme, qui ne fut pas assez franche pour réduire le chômage, mais fut assez complexe pour ne produire aucun résultat.

Le prochain gouvernement devra appliquer la politique volontariste, dégagée de tous les tabous, que le président actuel n’a pas su conduire. La nature du mal français crève les yeux : il est dû à l’absence d’une stratégie qui a diminué ailleurs le nombre des chômeurs. Quant au fameux « modèle social », qui nous vaut absence de croissance et taux de chômage insupportable, n’a-t-il pas un furieux besoin de changer ?

Richard Liscia

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