Quand parlent vignes et oliviers
Lorsque Mark Twain visita la Terre d’Israël en 1867, il décrivit un paysage « désolé et sans charme ». Pendant près de deux millénaires, les montagnes de Judée et de Samarie étaient restées largement en friche, leurs terrasses abandonnées, leurs pressoirs à huile silencieux.
Pourtant, ces mêmes collines avaient connu une toute autre réalité. Les fouilles archéologiques révèlent l’ampleur stupéfiante de l’industrie oléicole antique : des centaines de pressoirs datant des VIIIe-VIIe siècles avant l’ère vulgaire parsèment la région. Sur le site d’Ekron, plus de 100 installations ont été découvertes.
Le retour s’est amorcé discrètement. Après 1967, une enquête agricole comptabilisa 477 600 dunams d’oliviers en Judée-Samarie, témoins silencieux d’une présence millénaire jamais totalement éteinte. Mais c’est dans les années 1990, malgré les sinistres Accords d’Oslo, que la renaissance s’accélère spectaculairement.
Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Judée-Samarie abrite un cinquième des exploitations viticoles israéliennes.
La cave de Psagot produit 300 000 bouteilles annuellement, cent fois plus qu’à son ouverture en 2003.
La cave Tura est passée de 26 000 à 80 000 bouteilles en trois ans.
Au total, 29 établissements vinicoles transforment les cépages cultivés en altitude, bénéficiant d’un terroir exceptionnel.
Leur production se vend à environ 60% en Israël, le reste s’exporte jusqu’aux États-Unis et en Europe.
L’huile d’olive connaît un renouveau similaire. Israël produit désormais 15 000 à 16 000 tonnes d’huile extra-vierge par an, dont une part significative provient des 81 000 acres d’oliveraies qui embellissent à nouveau ces montagnes bibliques.
Des sols restés en sommeil durant l’exil retrouvent leur vocation ancestrale. Après une longue hibernation de deux millénaires, la terre elle-même accomplit la promesse et témoigne de sa réalité.
Les producteurs actuels travaillent parfois à quelques mètres de pressoirs vieux de 3000 ans, dialogue silencieux entre générations que seule cette terre pouvait orchestrer.
B »H.
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