Daniel Corwin répond à Barbara Lefebvre: Zemmour? À cheval donné on ne regarde pas les dents

En réponse à la Tribune de Barbara Lefebvre publié le 4/11 par Marianne sous le titre “Nous, enseignants, refusons la récupération de nos combats par Éric Zemmour” et signée – dans l’urgence – par de nombreux enseignants,  https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/nous-enseignants-refusons-la-recuperation-de-nos-combats-par-eric-zemmour

Daniel Corwin répond :

Ma réponse à Barbara Lefebvre et aux autres signataires, que je salue

À mon sens il y a deux volets.

Le premier, c’est que le sursaut qu’on n’osait plus espérer est comme un chevauchement tectonique : moins explosif rien ne se passait, et pour que le mur du son soit miraculeusement franchi, l’énergie derrière est fulgurante, pleine d’excès.

Il n’est plus temps de philosopher, mais d’agir

Je suis de ceux qui détestent les sorties d’Éric Zemmour sur Pétain, les Sandler, Dreyfus. Les visages de Myriam Monsonego, d’Arieh et Gabriel Sandler sont à jamais imprimés dans ma rétine, et en débordent régulièrement.

Et pourtant et même si son choix de poulain diverge, Richard Malka le disait il y a quelques jours aux prix de la Laïcité : il n’est plus temps de philosopher, mais d’agir.

Pour empêcher d’autres enfants de connaître le même sort. D’être condamnés à être des proies, ou des loups de moins en moins solitaires. Ou tout simplement de finir dans le fanatisme de la wokitude, “troisième glaciation intellectuelle” comme l’appelle Jacques Julliard, antichambre d’autres fanatismes bien pires.

Éric Zemmour a des sorties de route qui, si elles venaient de quiconque d’autre, me verraient l’ignorer à jamais.Ne dit-on pas que les plus grandes qualités, on ne les trouve jamais chez ceux qui n’ont aucun défaut ?

J’aurais aimé qu’il n’ait que ses prodigieuses qualités. Et aucun de ces défauts qui laissent un goût si amer.

Pourtant je ne vois personne d’autre pourfendre comme lui un demi siècle de léthargie enkystée, institutionnalisée, komsomolisée sur nos yeux et nos oreilles.

Quelqu’un qui a osé parler de l’éléphant dans la pièce avec une telle conviction, une telle force, qu’en relevant la tête de millions de gens il libère la parole jusqu’au PS.

D’autres l’ont fait, chacun a posé sa pierre à l’édifice. Les signataires de cette tribune n’ont de leçons de courage et d’engagement à recevoir de personne. Mais ils, elles, sont chaque jours plus isolés, méprisés par la hiérarchie et les collègues, voire diffamés, et déconsidérés par nombre de journaux.

Et bien souvent ce courage laïque se conjugue au féminin. Ils, elles, sont héroïques.

Le roi est nu

Mais avec celui dont la France entière connaît le visage depuis le tournant du siècle, il se passe autre chose : enfin on le dit haut et fort, le roi est nu.

Enfin la population regarde les choses en face et relève la tête. Et ceux qui dissertent à longueur d’antenne sur les habits neufs de l’empereur, ceux qui quand la température monte accusent le thermomètre, sont ce qu’en addictologie on appelle des “enablers”.

Des figurants d’un théâtre d’ombres, qui par leur inaction ou leurs encouragements poussent à reprendre une dose de ce qui vous tue lentement mais sûrement.

“Ceux qui de leurs mains, de leurs bouches ou de leurs yeux”, disait Jaurès, “applaudissent les huées fanatiques, laissent passer le mensonge triomphant. Le courage c’est de chercher la vérité et la dire”… On en avait oublié le goût. Oh, pas dans nos cercles, certainement pas.

Mais pour des millions de nos concitoyens condamnés à raser les murs dans l’ombre, c’est l’arrivée des secours. La lumière au bout du tunnel, enfin. L’espoir.

Y a-t-il quelqu’un d’autre porteur de la même énergie, mais sans les scories? A-t-on le temps ? Les jeunes qui avaient dix ans lors de l’attentat de Charlie sont déjà majoritairement anti Charlie.

Nous ne sommes qu’à T + 6 ans.

Qu’en sera-t-il en 2027 ?

Ensuite, parler de “prosélytisme islamiste” est un doux euphémisme pour ce à quoi sont confrontées les personnes les plus vulnérables qui soient dans la société : les enfants.

Ils voient très vite qui a la puissance et l’impunité, et qui est démuni et est sommé de s’excuser – ou pire, qui parmi les adultes hausse les épaules et détourne le regard ; c’est à dire, qui les trahit, eux, leur détresse, leur avenir, leur survie même.

À nouveau, nos signataires se démènent, restent à la barre malgré la tempête et l’indifférence.

La lame de fond est là

Mais, justement, la lame de fond est là. Dans un début de siècle où le monde adulte trouve toujours un prétexte pour se défausser de Mila, de Samuel Paty, de Fatiha Agag Boudjahlat, de Didier Lemaire, de Bernard Ravet ou, pour ceux qui connaissent des “anonymes”, pour se défausser des enseignants confrontés aux violences et intimidations superbement ignorées par les CPE et autres proviseurs et souvent le reste de la salle des profs.

Et dans un monde où on pourrait transposer le dicton juif : deux laïques, trois opinions.

Les enfants sont livrés à eux-mêmes et n’ont d’autre choix que d’adopter les codes de la meute plutôt que d’être dévorés par elle.

Egalité et Fraternité sont inopérants. 404 not found

Dans le monde réel la laïcité tout comme les grands mots de liberté, égalité et fraternité sont inopérants, 404 not found.

Elle est nécessaire, plus que jamais, mais pas suffisante. Et dans le monde réel elle est la victime de tous les accommodements que les insensés croient raisonnables, à commencer par un hommage à Samuel Paty qui aura été relégué au rang d’option.

Pas de vagues. Sauf la démographique, bien entendu.

Et on n’arrête pas un tsunami avec des maîtres nageurs. Aussi courageux soient-ils. Surtout quand ils sont chaque jour plus isolés pour sauver l’honneur, chaque jour accusés d’être “haineux”, “rageux”, “racistes”.

Injuriés, frappés, tiktokés par ceux-là même à qui ils ont consacré leur vie. Bien souvent – et je suis moi-même métis et fils d’une telle prof de français quelque part à l’étranger – ils sont les premiers serviteurs d’une égalité et d’une fraternité dans lesquelles, comme l’a incanté Bob Marley reprenant le célèbre mot d’Haïlé Sélassié, l’idéal est “colorblind” : aveugle aux couleurs.

Contrairement aux obsédés de la race qui eux, gagnent chaque jour du terrain, chaque jour mille gamins.

Or le rouleau compresseur islamiste/ indigéniste qui s’empare des esprits dès la cour d’école primaire, est une identité incroyablement forte. Partout où elle passe, à coups de punchlines chantées ou prêchées, à coups de coups de poings, l’herbe trépasse.

Or la nature a horreur du vide.

Si en face pour nos enfants il n’y a que des slogans désertés, issus de bribes d’éléments de langage de colloques grisonnants timidement bredouillés – sauf par quelques champions et championnes qui font immédiatement la une des journaux tant ils sont menacés – il se passe ce qui se passe partout, dans tous les milieux, exponentiellement. Et dans ce véritable entonnoir collectif qui engloutit nos destins et pèse sur nos têtes, même des enfants juifs en viennent à reprocher à leurs parents d’être juifs.

Le Point avait interrogé les camarades de classe de Mila. C’est de l’un d’eux que l’appel au lynchage était parti. “Elle a eu ce qu’elle a cherché, elle devait s’y attendre, lâche un petit blond en reniflant. Il y a 70 % de musulmans ici, ça ne pouvait pas bien se passer.”

Soit les enfants apprennent à dénoncer, à défoncer les Mila, les Samuel Paty passés présents et futurs, soit ils sont marginalisés en pleine adolescence, harcelés, en viennent à se suicider.

Il faut donc du système D en contrefeu pour contrer cet incendie. Une identité forte.

Est-ce idéal ? Non.

Des dérives sont-elles possibles ? Oui.

À cheval donné on ne regarde pas les dents

Il fallait que ça bouge avant. L’immeuble est en flammes. On a le choix entre la certitude de finir calcinés, ou risquer de se casser une jambe en sautant vers le tremplin des pompiers.Il ne fallait pas jouer avec le feu avant. Plus le choix. À cheval donné on ne regarde pas les dents.

Et si quelqu’un peut mobiliser aussi fort et mieux, qu’il ou elle s’avance.

Quant à Eric Zemmour dont je salue le courage qui va jusqu’à un courage physique hors normes, j’espère qu’il saura se départir de son “plaisir aristocratique de déplaire” au fur et à mesure que la pression woke et de défrancisation baissera, n’étant a minima plus dopée par les institutions. Peut-être saura-t-il mettre de l’eau dans son vin. Peut-être pas.

Mais si on ne sonne pas immédiatement la fin de la récré…

Des amis ont vécu l’arrivée du Front Islamique du Salut, d’autres, celle du Hezbollah. Ils sont pétrifiés de revivre tout cela. En France. Maintenant.

© Daniel Corwin

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