Le « palestinisme » est bel et bien une idéologie
Les tenants de la « cause palestinienne » tentent de nous faire croire depuis plus de cent ans, qu’un prétendu « peuple palestinien » livrerait, en toute légitimité, un « combat d’émancipation nationale » pour l’établissement d’un « Etat palestinien ». Pourtant, depuis plus de cent ans, aucun pays réel ne s’est formé, aucune structure pré-étatique ou étatique, aucune administration civile ou politique, aucune économie ne se sont mises en place. Il y a bien un drapeau, des chartes, des discours, des combats, des reconnaissances diplomatiques, des échanges culturels, des jumelages, des représentations internationales, des ambassades, mais tout cela reste fictif. Cent ans de soi-disant « cause palestinienne » pour un Etat qui fait semblant d’exister mais qui n’existe toujours pas. De 1917 à 1948, le Mandat britannique sur la Palestine avait pour unique objectif de permettre la création d’un Etat pour les populations arabes, à coté d’un Etat pour les populations juives. Mais les populations arabes de la Palestine mandataire n’ont rien créé, pas même une armée, et ce sont les pays arabes voisins qui ont déclaré la guerre à Israël pour l’empêcher, en vain, de créer son Etat. De 1948 à 1967, sous l’administration égyptienne à Gaza, et jordanienne en Judée-Samarie, aucune tentative d’autonomie pré-étatique ne fut entamée par les populations arabes, mis à part un « gouvernement de toute la Palestine » éphémère et symbolique à Gaza. De 1967 à 1993, au détriment de ses propres intérêts sécuritaires, et contrairement à ce qui s’était passé après sa victoire de 1948, Israël n’a pas annexé les territoires conquis, dans l’espoir qu’une autonomie arabe pacifique allait se mettre en place. De 1993 à 2023, l’officialisation d’une « Autorité palestinienne » et toutes les aides financières internationales n’ont toujours pas donné naissance à des structures pré-étatiques permettant la création d’un quelconque « Etat palestinien ». Pendant que la « cause palestinienne » devenait la « cause de toutes les causes », sur le terrain, dans le monde réel, aucune « émancipation nationale » n’a vu le jour. On se demande d’ailleurs comment il aurait pu en être autrement puisqu’aucun « peuple palestinien » et aucune « souveraineté palestinienne » n’ont jamais existé dans cette province de Syrie-Palestine, ni pendant les quatre cents ans d’Empire ottoman qui ont précédé les Britanniques, ni pendant les quatre cents ans d’empires islamiques qui ont précédé les Ottomans. Il y a bien des populations arabes qui vivent entre le Jourdain et la Méditerranée, mais ce que l’on nomme le « peuple palestinien » et le « projet national palestinien » ne sont que les appellations d’une construction idéologique syncrétique, formée de diverses idéologies antijuives et anti-occidentales qui se sont agrégées les unes aux autres, au fil des ans, formant une méga-idéologie planétaire : le « palestinisme ».
Le « frérisme » des années 1920
La première idéologie qui s’est créée n’a pas pris ouvertement la forme d’une idéologie, et passe, encore aujourd’hui, pour une simple radicalisation religieuse. Lorsque l’Angleterre a vaincu l’Empire ottoman et occupé la Palestine en 1917, des notables palestiniens, dont Amin Al Husseini, ont estimé que la terre islamique de Palestine ne devait pas être occupée par des « croisés » britanniques ni dirigée par des « dhimmis » juifs. En cela, ils faisaient preuve, apparemment, d’une réaction religieuse dans la droite ligne du Coran. D’ailleurs, de 1920 à 2023, c’est toujours la défense de la mosquée Al Aqsa qui a constitué le fil conducteur de l’islamisme palestinien. Pourtant, ce qui se joue lors de la chute de l’Empire ottoman, en 1917, n’est pas simplement la réactivation d’un islam conquérant. Suite à l’abolition du Califat et du Jihad par les Turcs en 1924, la création des Frères musulmans en Egypte en 1928 pour rétablir un Califat et un Jihad moderne, s’est accompagnée d’une idéologisation de l’islam, donnant naissance à ce que le créateur des Frères musulmans, Hassan Al Banna, très proche de Amin Al Husseini, a appelé le « renouveau islamique ». Outre l’impératif de relancer le Jihad en utilisant tous les moyens modernes de réislamisation des musulmans, et outre le combat pour Jérusalem considéré comme une entrée dans le Jihad moderne, l’idéologie des Frères musulmans a introduit une théorie conspirationniste contre les Juifs directement inspirée de la théorie du « complot juif mondial » forgée par la police du Tsar au 19e siècle. Ainsi, le « renouveau islamique » n’est plus seulement antijuif parce que Mahomet critique les Juifs dans le Coran, il fonde sa force combative sur une prétendue « légitime défense » contre un prétendu « complot juif mondial » contre l’islam que Sayyid Qutb a détaillé dans « Notre guerre contre les Juifs », un ouvrage souvent accompagné par « Le protocole des sages de Sion ». Avec « Mein Kampf », il s’agit là d’un triptyque antijuif qui vient donner au Jihad un semblant de légitimité morale, d’autant que pour les Frères musulmans, ce combat contre les Juifs s’identifie au combat contre l’Occident puisque tous ceux qui ne dénoncent pas ce prétendu « complot juif » sont immédiatement assimilés à des Juifs. Il y a donc un noyau idéologique au cœur de ce « renouveau islamique » que l’on peut appeler le « frérisme », et c’est autour de ce noyau que vont pouvoir s’agréger d’autres idéologies qui n’ont pas besoin d’être apparentées à l’islam. En ce sens, le « frérisme » est le substrat sur lequel se fonde l’idéologie syncrétique du « palestinisme ». Les alliances qui sembleront parfois « contre nature » au sein de cette idéologie syncrétique peuvent s’expliquer par ce substrat idéologique. C’est ainsi que dès les années 1930, et bien que la notion de race soit totalement étrangère à la pensée musulmane, le « frérisme » du Mufti de Jérusalem, Amin Al Husseini, et de nombreux autres dirigeants arabes, font bon ménage avec le nazisme. Aujourd’hui, en Europe et aux Etats-Unis, l’Occident commence à entrevoir le danger du Jihad moderne porté par les Frères musulmans, mais ils ne l’envisagent encore qu’en terme « d’extrémisme religieux » comme s’il s’agissait d’une dérive intégriste. Pourtant, une profonde connaissance des textes conspirationnistes antijuifs du « frérisme » ne laisse aucun doute : il s’agit bien du noyau de base d’une puissante idéologie syncrétique qui va agréger au fil du temps, l’islamo-nazisme, l’islamo-marxisme, l’islamo-gauchisme, l’islamo-wokisme, cumulant toutes les idéologies du vingtième siècle dans un «palestinisme » syncrétique et unificateur.
Le « soviétisme » des années 1960
Si le marxisme est bien l’idéologie fondamentale du vingtième siècle de part son influence sur les esprits contemporains, les idéologies concrètes et pragmatiques qui ont porté ce marxisme tout au long du vingtième siècle, sont le « soviétisme » russe et le « gauchisme » occidental qui ne sont pas les héritiers du marxisme mais son incarnation. D’une certaine façon, le marxisme est une idéologie intellectuelle qui a provoqué une révolution mentale rendant possible l’avènement du communisme en 1917, dans un contexte géostratégique de bouleversement du monde, mais pour maintenir dans la longue durée cette révolution dans la sphère soviétique, c’est le « soviétisme » qui a incarné le marxisme russe et continue de le faire. C’est pourquoi, le pilier fondamental de la « lutte des classes » inopérant dans une « dictature oligarchique » s’est reporté sur la lutte contre le capitalisme, à l’intérieur de l’Union soviétique et à l’extérieur. Mais cette lutte ne s’est pas présentée comme une simple politique économique. Pour que la forme révolutionnaire et populaire que portait le marxisme soit recyclée, il fallait donner une forme idéologique au capitalisme et c’est le fascisme et le nazisme qui ont rempli cette fonction. Le nazisme a été désigné comme la forme ultime du capitalisme, même si les nazis s’attaquèrent aussi aux pays capitalistes. Les soviétiques ont vu dans l’impuissance occidentale face à la montée du nazisme, une complicité, et se sont présentés, dès les années 1930, comme l’unique rempart contre le nazisme. Ils ont pu ainsi fédérer les populations diversifiées de l’Union soviétique et les mobiliser pour le terrible combat qu’elles auraient à mener. C’est pourquoi, après la Seconde Guerre mondiale, et de plus en plus, pendant la Guerre froide des années 1960, le « soviétisme » a forgé une propagande puissante dite « antinazie » mais en réalité, anticapitaliste et antioccidentale, désignant les occidentaux comme les nouveaux nazis. A partir de 1967, les Israéliens, en tant qu’alliés de l’Occident, sont devenus les nouveaux nazis du Moyen-Orient. Ce développement idéologique allait de paire avec des intérêts stratégiques de l’Union soviétique auprès des pays arabes, et le KGB fut ainsi la forgerie idéologique de la prétendue « cause palestinienne » à la fois dans les discours et dans les représentations. La propagande de nazification d’Israël et la fabrication d’un mythe du Fedayin guérillero arabe au keffieh sont des apports directs du « soviétisme » et vont conduire en 1975 à la résolution de l’ONU « sionisme égal racisme ». Si la victimisation du pseudo « peuple palestinien » n’est pas encore apparue, et ne va se construire qu’avec la prochaine strate idéologique des années 1980, le « soviétisme » a mis en place une nazification d’Israël tellement efficace que l’image d’un Etat juif s’est érodée dans les esprits « pro-palestiniens » pour devenir celle d’une « entité sioniste », ce qui sous-entend une fabrication idéologique déconnectée de l’Histoire juive et du peuple juif.
Le « gauchisme » des années 1980
Parallèlement à l’idéologie du « soviétisme » qui s’est développée dans le domaine des idées et des discours, la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique a vu naître une idéologie beaucoup plus pragmatique et opérante, le « gauchisme » anticolonialiste, car d’une certaine façon, les idées et les discours menés « à l’arrière » par la jeunesse européenne et américaine, étaient liés aux actions menées « sur le front » par les populations dites « colonisées ». Sans compter que parfois, lors de guerres en Algérie, en Indochine ou au Vietnam, les jeunesses européennes et américaines furent directement mêlées à ces combats, à leur corps défendant. C’est pourquoi le « gauchisme », principalement anticolonialiste, fut, entre 1950 et 1970, ce que l’on pourrait appeler une « idéologie opérante » en cela qu’elle ne se contenta pas de changer les mentalités et les discours mais elle participa concrètement à la décolonisation politique et économique en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Le marxisme qui voyait dans l’impérialisme, « le stade suprême du capitalisme » (selon l’ouvrage de Lénine) fut donc incarné par la jeunesse occidentale à travers le « gauchisme » anticolonialiste. Or, par une sorte d’ironie de l’Histoire, au moment même où la décolonisation aboutissait, un basculement se faisait au Moyen-Orient où Israël, en gagnant la Guerre des Six Jours de 1967, passait de l’image d’un petit pays socialiste et précaire, à un Etat puissant et prétendument « colonisateur ». Au moment même où les derniers colonisés disparaissaient dans le monde, le « palestinien » devenait la nouvelle figure du colonisé. Peu importe que la conquête de la Judée-Samarie et Gaza aient une motivation sécuritaire et non expansionniste, le « gauchisme » qui avait prouvé son efficacité entre 1950 et 1970, fut mis au service de ce que le « soviétisme » avait déjà formaté : une prétendue « cause nationale révolutionnaire » palestinienne. Le « gauchisme » étant une « idéologie opérante », ce sont moins les discours que les événements sur le terrain qui lui ont permis de progresser au sein de « l’idéologie syncrétique du palestinisme ». La présence de l’armée israélienne depuis 1967 dans des territoires dits « occupés », le renforcement de la coopération militaire avec les Etats-Unis après la Guerre de Kippour en 1973, le peuplement juif de la Judée-Samarie dite « colonisée » à partir de 1978, la guerre menée hors de ses frontières en 1982 pour stabiliser la zone sud du Liban, le déclanchement d’une intifada à Gaza en 1988 par la population, tout cela renforçait l’image d’un prétendu « impérialisme israélien » et d’un prétendu « combat d’émancipation palestinien ». La précarité stratégique d’Israël, la violence du terrorisme palestinien et le droit d’une nation juive à vivre sur sa terre historique étant sorti de l’équation, le « gauchisme » s’est senti entièrement légitime pour investir le « palestinisme » comme dernier combat contre le colonialisme. Et ce n’est pas un hasard si ce combat idéologique a été mené contre Israël à la fois de l’extérieur et de l’intérieur. En réécrivant l’Histoire du sionisme pour nier la précarité du pays, en contextualisant la violence arabe et en déjudaïsant le récit moderne du peuple juif, le « gauchisme » de la nouvelle historiographie israélienne pseudo-universitaire et pseudo-scientifique a conduit au processus d’Oslo de 1993 qui se voulait la fin d’un pseudo « empire colonial israélien ». Bien entendu, comme c’est le cas avec tout processus idéologique, il importe peu que ces théories ne se fondent pas sur la réalité, puisque leur force et leur raison d’être sont justement de créer une réalité nouvelle à partir d’une idée abstraite. C’est pourquoi, connaître les strates idéologiques qui s’accumulent dans le « palestinisme » ne nous renseigne pas sur la réalité que nous vivons mais sur l’intensité de la pression qui agit sur nous et cherche à nous faire accepter une réalité qui ne s’impose pas d’elle même. Bien qu’appartenant au domaine de l’imaginaire et du symbolique, l’idéologie syncrétique du « palestinisme » est néanmoins « agissante » et sa vocation génocidaire qui s’est dévoilée, pour les plus lucides, le 7 octobre 2023, accentue une menace bien réelle. Cet étrange mécanisme inversé qui dilue le réel pour nous faire douter qu’il existe et qui renforce l’idéologique pour violer notre réalité, a trouvé son apogée dans la dernière idéologie venue s’agréger au « palestinisme » : le « wokisme ».
Le « wokisme » des années 2000
Le « wokisme », la dernière idéologie venue s’agréger au « palestinisme », présente des caractéristiques auxquelles, ni le conspirationnisme du « frérisme », ni la propagande antinazie du « soviétisme », ni l’anticolonialisme militant du « gauchisme » ne nous avaient préparés. A tel point que pour bon nombre de personnes, le « wokisme » reste un mystère, une nébuleuse mal définie, une explosion de phénomènes incohérents. La multiplication des systèmes de médiation des discours, la diversification des réseaux sociaux, la démocratisation de l’information, la dématérialisation des rapports sociaux contribuent à la confusion. On serait tenté de renoncer à voir dans cette jungle un quelconque système idéologique : plus de discours construits, plus d’idées défendues, un monde sans idéologie, sans intention, sans direction. En réalité, si le « wokisme » qui sépare le monde entre « oppresseurs » et « opprimés » n’apporte rien de nouveau sous le soleil, il repose sur un socle tout à fait nouveau : la « déconstruction ». Ce système de pensée que les philosophes français ont exporté dans les universités américaines dans la seconde moitié du vingtième siècle et qui est devenu le discours dominant sous l’appellation de « French Theory » repose sur l’idée que derrière chaque réalité qui nous semble naturelle ou que l’on pensait être le résultat d’une succession de causes et d’effets, existe une construction préalable qui n’a rien de fortuite et qu’en analysant les discours sur cette réalité on peut retrouver la construction sous-jacente qui l’a fait naître. Ainsi, par la déconstruction du discours sur une réalité on peut déconstruire cette réalité et construire librement sa propre réalité. La remise en question de toutes les normes dites « naturelles » et l’affirmation de ses propres normes sont devenus le nouveau système de pensée occidentale et ont dépassé le cadre exclusif de la recherche universitaire. En fait, loin de mettre fin aux grandes idéologies du vingtième siècle, le « wokisme » a créé un « tout idéologique » pour tous ceux qui avaient une cause à défendre contre un ordre établi : féminisme, antiracisme, genrisme, anticolonialisme, écologie, etc. Cette nouvelle idéologie qui a vu le jour auprès des élites occidentales porte en elle l’autodestruction de cette même pensée occidentale. Ce qui donnait à l’Occident sa singularité face à l’Orient, était justement cette capacité à analyser la réalité de façon rationnelle et d’en faire un élément de sagesse et de transmission évoluant d’une génération à l’autre. La notion de savoir et de progrès repose sur une confiance dans notre capacité à appréhender la réalité. L’exercice de l’esprit critique n’est possible que face à la confiance que nous avons dans l’objet de notre critique. Si tout n’est que construction idéologique, fabrication de systèmes arbitraires, désillusion et tromperie, il n’y a plus de pensée occidentale, plus de recherche de vérité, plus de progression. En cela, le « wokisme » est une idéologie destructrice qui entraîne l’Occident à sa perte. A travers la prétendue « cause palestinienne » qui a été choisie comme l’archétype de toutes les « causes » lors de la conférence de Durban, en septembre 2001, l’idéologie du « palestinisme » est donc devenue, au tournant du vingt et unième siècle, une idéologie syncrétique tournée vers la destruction de l’Occident en cumulant toutes les attaques idéologiques du vingtième siècle : « frérisme », « soviétisme », « gauchisme », « wokisme ». En cela, le « palestinisme » est un agent destructeur de la pensée occidentale dans ses fondements et les « pro-palestiniens » qui appellent à la création d’un Etat palestinien « du Jourdain à la Méditerranée » veulent supprimer, en détruisant Israël et son peuple, le dernier maillon qui rattache l’Occident à la réalité.
© Dr. Isaac Attia
* Dr. Isaac Attia est Historien et Sémiologue, ancien Enseignant et Chercheur à l’Institut Yad Vashem de Jérusalem, co-auteur et coordinateur du « Livre noir du palestinisme » (en vente sur le site : israelmagazine.co.il). Cet ouvrage collectif est préfacé par le ministre de la Diaspora et de la Lutte contre l’Antisémitisme Amihaï Chikli, et co-écrit par Bat Yéor, Shmuel Trigano, André Darmon, Pierre-André Taguieff, Ephraïm Herrera, Yana Grinshpun, Georges-Elia Sarfati, Richard Darmon, Yves Mamou, Catherine Stora, Yéochoua Sultan, Léon Rozenbaum et Brigitte Ullmo-Bliah. En Israël, le livre est en vente dans toutes les librairies Steimatsky. Pour une conférence dédicace du livre : ivriout@gmail.com.

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