Et si Macron était vraiment antisémite (n’en déplaise à M. Paul Amar) ? 

Par Frédéric Sroussi

Alors que sur le plateau de CNews, le 4 septembre dernier, un débat concernant le tsunami d’actes antisémites en France avait lieu, l’excellente journaliste et présentatrice Sonia Mabrouk déclara avec justesse qu’il était « temps d’interroger le silence d’Emmanuel Macron ».

Une gêne se fit alors sentir parmi certains des invités.

Sonia Mabrouk posa alors la question suivante : « Pourquoi le chef de l’État n’adresse-t-il pas quelques mots (aux juifs) ? », ajoutant: « Moi vraiment je ne sais pas, ou alors je préfère ne pas savoir, car si c’est pour cette raison, ce n’est pas possible… »

C’est alors que le journaliste Jonathan Siksou rappela avec pertinence le motif pour lequel Emmanuel Macron refusa de participer à la marche contre l’antisémitisme, et qui consistait « à ne pas opposer les Français les uns aux autres ».

Le journaliste ajouta alors avec courage qu’Emmanuel Macron « assumait d’être le Président des antisémites ». (Jonathan Siksou précisa qu’il ne traitait pas le Président français d’antisémite).

C’est alors que l’ancien Secrétaire d’État socialiste André Vallini répliqua : « On ne peut pas dire des choses pareilles ».

Puis vint l’intervention de la formidable éditorialiste et politologue Céline Pina qui approuva et corrobora les propos de Jonathan Siksou.

Mais, le brave Paul Amar, lui aussi présent autour de la table, vint alors, dans un réflexe que je qualifie de pavlovien, à la rescousse du Président Macron tout comme avant lui le rabbin Haïm Korsia : « Non, Je ne suis absolument pas d’accord Jonathan, il n’est pas le Président des antisémites ».

On venait pourtant de lui expliquer pourquoi il l’était en le déduisant logiquement des dires-mêmes d’Emmanuel Macron ! 

Puis Paul Amar, certainement de peur de ne pas avoir été assez clair, répéta : « Emmanuel Macron n’est pas antisémite ». Pour nous en convaincre M. Amar décida de frapper un grand coup en faisant montre d’un talent oratoire digne de Bossuet : « Il n’est pas le Président des antisémites (…) parce qu’il a énormément d’amis Juifs, au sein de la communauté (…) »

Le plat depuis longtemps faisandé de « l’ami juif »

Quoi ?! Il a osé ! Paul Amar a osé nous resservir le plat pourtant depuis longtemps faisandé de « l’ami juif » ! Nous le savons tous, nombre d’antisémites se défendent de l’être en mettant en avant le fait supposé les absoudre d’avoir un « ami juif ».  Sartre l’expliquait avec brio : « Aussi l’attirance sadique de l’antisémite est si forte qu’il n’est pas rare de voir un de ces ennemis jurés d’Israël s’entourer d’amis juifs ». (Réflexions sur la question juive). 

Alors que dire d’un Président qui osa définir les actions d’Israël et de son Premier ministre depuis le début de la guerre à Gaza par les termes « barbarie » et « abject(ion) » ?  Que penser d’un Président accusant l’État juif « d’affamer la population civile » en reprenant ainsi à son compte la propagande du Hamas ? Comment considérer les infâmantes accusations d’Emmanuel Macron en présentant les Juifs d’Israël comme des « tueurs de femmes et d’enfants » (comme il osa le prétendre à la BBC en novembre 2023, feignant d’ignorer que seuls le Hamas et les autres mouvements terroristes sont sciemment visés ; des dommages collatéraux existent, mais comme dans toutes les guerres !) ? Comment caractériser ses décisions de boycotter des entreprises israéliennes, l’arrêt de livraisons de matériel servant à la défense d’Israël – en tentant donc d’affaiblir l’État hébreu qui se bat pour sa survie -, puis sa volonté de reconnaître l’État imaginaire de « Palestine » qui ne fera qu’aggraver les risques sécuritaires d’Israël ?

Pire encore, comment expliquer, comme nous en avons parlé supra, le silence assourdissant du Chef de l’État concernant les attaques antisémites de toutes sortes dont les Juifs français sont victimes de façon incessante depuis le 8 octobre 2023 ?

Comment – revenons-y – expliquer son absence à la marche contre l’antisémitisme ?

Le Chef d’État qui aura vu partir un grand nombre de Juifs de France sous la contrainte sans même tenter de les retenir

Et pour finir, que penser d’un Chef d’État qui restera dans l’histoire comme celui qui aura vu partir un grand nombre de Juifs de France sous la contrainte sans même tenter de les retenir ?

Je rappelle à Monsieur Macron qui connait mal son propre pays que la présence juive sur le territoire que représente aujourd’hui la France date de l’antiquité !  

Alors, tous ces propos, tous ces actes, surtout mis bout à bout, peuvent-ils encore laisser le doute planer quant à la nature réelle du Président Macron concernant les Juifs ? Personnellement, je dis que non…

© Frédéric Sroussi