
Politologue, spécialiste de l’Iran et observateur de longue date de l’opposition iranienne, Hamid Enayat intervient régulièrement sur les dynamiques internes du régime et sur les perspectives de transition. Cet entretien s’inscrit dans un moment charnière : la guerre de douze jours entre l’Iran et Israël en juin 2025 a rebattu les cartes régionales et domestiques, tandis que le Sommet mondial Pour un Iran libre 2025, fin juillet, à Rome, a remis au premier plan le projet du CNRI – Conseil national de la résistance iranienne – et le « plan en dix points » défendu par Maryam Radjavi. Dans ce contexte, nous interrogeons M. Enayat Sur la faisabilité d’un changement de régime porté par les Iraniens, la crédibilité Des oppositions et les politiques concrètes à même de produire des résultats.
1) Le Diplomate : Concrètement, quel est aujourd’hui (mi-août 2025) l’état du Rapport de force intérieur en Iran après le conflit de juin (pertes humaines, Interpellations massives, resserrement sécuritaire) et quelles tendances jugez-vous durables (moral des forces, cohésion des élites, capacité répressive, Société civile) ? Qu’est-ce qui, selon vous, a réellement changé — et qu’est-ce Qui n’a pas changé ?
Hamid Enayat : Depuis les affrontements de juin 2025, l’équilibre du pouvoir interne en Iran a été sensiblement bouleversé. La guerre que le régime pensait pouvoir utiliser pour détourner l’opinion publique des soulèvements et protestations internes est elle-même devenue un facteur aggravant la crise interne du système, au point de le placer dans une phase de règlement décisif.
La grave faiblesse des structures économiques et des services publics, mise en évidence dans les déclarations franches de figures comme l’actuel président Massoud Pezeshkian, témoigne d’une incapacité structurelle et d’une impasse dans la gouvernance. La cohésion des élites est également clairement sous pression : par exemple, Mir-Hossein Moussavi – ancien Premier ministre assigné à résidence depuis le soulèvement du 2009 – a appelé, au plus fort de la propagande de victoire du régime dans la guerre, à un référendum sur la Constitution. Hassan Rohani, ancien président, et de nombreuses autres figures de l’appareil étatique ont également réclamé des réformes politiques, tandis que certaines factions plus dures du régime défendent ouvertement même le rétablissement des exécutions massives des années 1980. Ces fractures montrent que l’autorité de direction d’Ali Khamenei, le guide suprême, s’est affaiblie et que l’unanimité qu’il exigeait avec insistance avant la guerre n’existe plus au sein du pouvoir.
Au sein de la société, la résistance organisée – en particulier les unités de résistance affiliées au principal mouvement d’opposition les Moudjahidine du peuple – maintient une mobilisation répétée. Cependant, le régime, par une répression sans précédent, y compris l’installation de postes de contrôle à Téhéran et dans les grandes villes ainsi que l’imposition d’une atmosphère policière, tente d’étouffer tout mouvement de protestation dans l’œuf. La présence massive des forces de sécurité dans les espaces publics est telle qu’elle évoque celle d’une armée d’occupation en territoire étranger. Cette situation a considérablement limité l’activité de la société civile – syndicats, mouvements étudiants, enseignants – qui, bien que continuant à organiser sporadiquement des manifestations sectorielles, voient leur ampleur et leur organisation affaiblies sous ce climat de répression.
En définitive, ce qui a réellement changé, c’est la forte baisse de la légitimité du régime, l’affaiblissement de la cohésion des élites et l’inefficacité des instruments traditionnels de répression. Ce qui, en revanche, n’a pas changé, c’est la dépendance du régime à la violence comme unique outil de survie : un régime qui, jusqu’à son dernier souffle, cherchera à préserver son pouvoir par la répression, les exécutions et la menace.
2) Le Sommet mondial pour un Iran libre s’est tenu sous l’égide du CNRI le 31 juillet dernier, à Rome, réunissant dirigeants politiques internationaux, législateurs, défenseurs des droits humains et membres de la diaspora iranienne dans un appel unifié au changement de régime et à l’instauration d’une république démocratique en Iran. Quel bilan en tirez-vous ?
Hamid Enayat : La conférence mondiale pour un Iran libre, tenue le 31 juillet 2025 à Rome, a marqué un tournant dans le renforcement du front international contre la République islamique. La présence de figures politiques de premier plan, de parlementaires et de défenseurs des droits humains venus de divers pays a transmis un message clair et uni : soutenir une république démocratique, laïque et fondée sur l’égalité, comme alternative légitime et durable au régime actuel en Iran. Par ailleurs, la communauté internationale semble de plus en plus convaincue que le régime iranien est sur le départ.
La réaction nerveuse du régime à cette conférence – notamment à travers les déclarations virulentes de ses ambassades à Rome, Londres, Copenhague et ailleurs – témoigne de l’impact de l’événement. La diplomatie du régime, adoptant un ton défensif, a accusé les pays occidentaux de « soutenir le terrorisme », une rhétorique qu’il utilise depuis des années face à une opposition structurée bénéficiant d’un appui international. Cette fois, cependant, la différence réside dans l’ampleur et la coordination des positions internationales en faveur d’une alternative démocratique.
Le principal message de la conférence de Rome est que le véritable visage de l’Iran n’est pas la répression, la guerre et les exécutions, mais l’espoir de liberté, de progrès et de coexistence pacifique. L’alternative proposée par le Conseil national de la Résistance iranienne – fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité entre les sexes, un Iran sans armes nucléaires et sans peine de mort – est aujourd’hui plus que jamais reconnue comme une option crédible sur la scène internationale.
En somme, la conférence de Rome a de nouveau attiré l’attention mondiale sur la question iranienne, renforcé la légitimité de l’alternative démocratique et accru le coût politique du soutien au régime pour les gouvernements étrangers. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait devenir l’un des leviers efficaces pour modifier l’équilibre des forces au détriment de la République islamique.
3) Vous défendez une ligne « ni guerre, ni complaisance ». À l’épreuve des faits récents, quelles mesures précises recommandez-vous aux Européens et aux Américains qui soient à la fois efficaces et tenables (sanctions ciblées, IRGC, diplomatie nucléaire, isolement financier, justice internationale), sans glisser vers l’escalade militaire ouverte ?
Hamid Enayat : La politique du « ni guerre, ni complaisance », mise en avance par la Résistance iranienne en 2007, exige que le monde occidental – en particulier l’Europe et les États-Unis – loin d’amadouer le régime iranien s’adressent à ce dernier avec un langage de fermeté. L’expérience de l’accord nucléaire de 2015 a démontré que faire des concessions sans contrôle effectif ne change pas le comportement du régime, mais lui fournit au contraire les ressources financières et la légitimité nécessaires pour poursuivre ses programmes déstabilisateurs. Le déblocage d’environ 150 milliards de dollars et l’autorisation de poursuivre l’enrichissement d’uranium ont conduit aujourd’hui à une situation où le régime détient plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60%, et la menace d’accéder à l’arme nucléaire demeure.
Dans ces conditions, l’Occident doit adopter un ensemble de mesures précises et équilibrées :
- Activation du mécanisme de déclenchement par les pays européens pour rétablir les sanctions multilatérales prévues dans le cadre du JCPOA (le mécanisme appelé le SNAPBACK);
- Inscription complète du Corps des Gardiens de la Révolution islamique sur la liste des organisations terroristes par l’Union européenne (comme les États-Unis l’ont déjà fait) ;
- Sanctions financières ciblées contre les institutions et individus responsables des exécutions, de la répression et de l’exportation du terrorisme ;
- Conditionnement des relations diplomatiques à l’arrêt des exécutions politiques et à la fin des violations systématiques des droits humains ;
- Poursuites judiciaires contre les responsables du régime devant les tribunaux internationaux pour crimes contre l’humanité, en particulier dans des affaires telles que le massacre des prisonniers politiques en 1988.
Ces mesures ne sont pas seulement efficaces et durables ; elles évitent, contrairement aux options militaires, d’aggraver les tensions. La pression diplomatique, l’isolement financier et les poursuites internationales peuvent contraindre le régime à rendre des comptes, sans ouvrir la voie à un affrontement militaire direct. Parallèlement, le soutien à une alternative démocratique, telle que le Conseil national de la Résistance iranienne, peut dessiner pour l’Iran un avenir non nucléaire, libre et pacifique.
4) Le CNRI promet un transfert du pouvoir au peuple dans les six mois suivant une chute du régime, via une Assemblée constituante. D’un point de vue institutionnel et sécuritaire, comment crédibiliser ce calendrier (sécurité intérieure, neutralisation/encadrement des appareils coercitifs, pluralismepartisan, garanties pour les minorités, continuité administrative et économique) afin d’éviter le vide du pouvoir ou une guerre des factions ?
Hamid Enayat : La promesse du Conseil national de la Résistance iranienne de transférer le pouvoir au peuple dans les six mois suivant la chute du régime repose sur une structure clairement définie, combinant capacité opérationnelle sur le terrain, légitimité populaire et planification institutionnelle.
Du point de vue de la sécurité intérieure, cette force est la seule pouvant y apporter une réponse positive : les milliers d’unités de résistance qui se sont formées au cours des dernières années à travers le pays pourront constituer l’épine dorsale de la sécurité durant la période de transition. Ces forces, issues du cœur même de la société, composées de différentes ethnies et confessions, et bénéficiant d’un ancrage populaire, ne sont ni étrangères à la population ni détachées de sa volonté. Elles seront donc capables, en période de vide du pouvoir, de maintenir la sécurité locale et d’empêcher le retour des forces de répression.
Sur le plan institutionnel, le Conseil national de la Résistance a annoncé que le pouvoir serait remis au peuple par le biais d’une Assemblée constituante élue. Après sa formation, cette Assemblée sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution et d’organiser des élections libres pour désigner le nouveau gouvernement. L’établissement d’une république fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité entre les femmes et les hommes et le pluralisme politique figure parmi les principes annoncés par le Conseil, afin d’éviter toute concentration du pouvoir et toute reprise du cycle de la dictature.
En ce qui concerne la garantie des droits des minorités, le plan du Conseil national de la Résistance sur l’autonomie du Kurdistan iranien adopté en 1983 met bien le cap permettant de respecter le droit à l’autonomie des différentes ethnies, notamment au Kurdistan, et bénéficie également du soutien d’activistes et de groupes politiques issus de ces communautés. Ce plan d’autonomie prévoit : « organe législatif chargé des affaires intérieures de la région autonome » dont « les représentants sont élus au cours d’élections libres au suffrage universel, direct, égal et secret ». La présence, aujourd’hui encore, de combattants de la résistance issus d’ethnies comme les Baloutches illustre l’unité multiculturelle de ce mouvement, réduisant considérablement le risque de tensions ethniques après la chute du régime.
Le régime a toujours propagé l’idée qu’en cas de chute, l’Iran connaîtrait le même sort que la Libye ou la Syrie, plongées dans des guerres civiles ethniques et confessionnelles. Il ne s’agit là que d’une campagne de déception orchestrée par ses services de renseignement. Cette tentative n’est qu’un supplément des campagnes de diffamation menées contre l’alternative – avec des millions de dollars dépensés pour la stigmatiser et mener des opérations de propagande – qui témoignent en réalité de la crainte du régime face à la popularité de cette voie. L’histoire, par exemple celle de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, montre que les forces de résistance ont toujours été la cible de telles attaques. Ce qui est déterminant, cependant, c’est leur capacité à transformer le sacrifice en construction institutionnelle démocratique – un objectif que le Conseil national de la Résistance s’efforce d’atteindre par une planification claire et transparente.
5) Existe-t-il aujourd’hui des canaux de discussions ou opérationnels entre le CNRI et les autres pôles d’opposition (Reza Pahlavi et ses soutiens, partis Kurdes, réseaux baloutches, mouvements ouvriers, féministes, étudiants, Diaspora technocratique) ? Vous parlez-vous ? Sur quoi porteraient des convergences minimales (feuille de route, garanties, lignes rouges) et quels seraient les points de blocage non négociables ?
Hamid Enayat : Le Conseil national de la Résistance iranienne définit sa coopération et son dialogue avec d’autres groupes politiques et civils sur la base de trois principes : la République, le renversement du régime des mollahs et toutes ses tendances pour établir la démocratie et l’indépendance, et la séparation de la religion et de l’État. Tout courant qui accepte ces principes peut coopérer, dans le cadre d’une coalition, pour renverser le régime.
Dans ce cadre, la collaboration avec les partis kurdes et les réseaux baloutches remonte à longtemps ; un exemple en est le plan du CNRI pour l’autonomie du Kurdistan iranien, acceptés par les principaux groupes kurdes. À l’intérieur du pays, dans le domaine du mouvement ouvrier, le Conseil organise des grèves ouvrières, encourage à la grève et à la formation de syndicats afin d’empêcher la violation de leurs droits. Concernant les organisations étudiantes, nombreux sont les étudiants qui, en Iran, ont rejoint les unités de résistance, même si la répression limite fortement cette possibilité. Dans chaque faculté et campus, il soutient également les revendications sectorielles et civiles, et, dans de nombreux cas, appuie ces mouvements de protestation par l’intermédiaire de ses sympathisants ou de coalitions communes. Il soutient les manifestations sectorielles en Iran et incite parfois à des rassemblements pour défendre les droits civils comme ceux des retraités. Avec les migrants technocrates et les forces spécialisées, il entretient également des liens et une coopération dans le cadre de comités spécialisés.
En ce qui concerne les courants monarchistes, notamment Reza Pahlavi, la ligne rouge porte sur ces trois principes mêmes. En plus, il n’a jamais pris de distance avec les atrocités commises par son père, et le régime oppressif de ce dernier avec sa police secrète la SAVAK et ses geôles, telle que la prison d’Evine. Ensuite, au titre d’exemple, le document intitulé « Système de transition », publié récemment sous la direction de Reza Pahlavi, prévoit une structure dans laquelle le pouvoir exécutif et de surveillance de trois institutions clés durant la période de transition serait placé sous l’autorité du « leader du soulèvement national », c’est-à-dire lui-même. Ce modèle, en termes de concentration du pouvoir, est similaire à ce qui existe actuellement avec le Guide suprême. C’est également lui qui déterminerait la durée de la période de transition et d’autres paramètres. Le système qu’il propose diffère de manière significative des structures décentralisées et électives préconisées par le Conseil, et c’est pourquoi il n’existe pas de base pour une convergence pratique avec lui.
Les lignes rouges du CNRI pour toute coopération sont les suivantes : rejet de toute forme de dictature (héréditaire ou religieuse), garantie des libertés politiques et partisanes, séparation totale de la religion et de l’État, et respect de l’égalité complète entre les femmes et les hommes ainsi que des droits des minorités ethniques et religieuses. Tout groupe qui accepte ces principes peut selon le CNRI jouer un rôle dans la feuille de route commune pour une transition vers une république démocratique.
L’expérience de ces dernières années a montré que le régime considère toute convergence entre opposants comme une menace sérieuse et cherche, par la propagande et les menaces, à empêcher sa formation. Néanmoins, le Conseil reste convaincu que l’unité des forces attachées à ces principes est la clé d’un changement durable en Iran. Les pratiques douteuses des gens tels que Reza Pahlavi n’apporte de l’eau qu’au moulin des dissensions souhaitées par les mollahs.
6) Vos détracteurs doutent de l’ancrage intérieur du CNRI/OMPI et du rôle réel des « unités de résistance »; ils pointent la polarisation au sein de la diaspora. Quels indicateurs vérifiables pouvez-vous avancer (maillage, mobilisation, relais sociaux, coûts assumés sur le terrain) et quelles réformes internes seriez-vous prêt à engager pour élargir l’acceptabilité sociale de votre mouvement à l’intérieur du pays ?
Hamid Enayat : Pour des réponses directes, il faut poser les questions au CNRI. Mais pour moi, l’enracinement du Conseil national de la Résistance iranienne et de sa colonne vertébrale, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran, peut être démontré par des preuves documentées, tant historiques qu’actuelles. Selon le rapport du professeur Rahman, ancien rapporteur spécial des Nations Unies pour l’Iran, deux vagues majeures d’exécutions politiques ont eu lieu en 1982 et lors du massacre de 1988, dont l’objectif principal était l’élimination physique des membres et sympathisants des Moudjahidine en raison de leurs convictions et de leur appartenance organisationnelle. Environ 90 % des victimes du massacre de 1988 étaient issues des rangs des Moudjahidine. Les documents publiés dans deux ouvrages de référence – l’un contenant une liste partielle des noms de plus de 20 000 exécutés dans les années 1980, et l’autre, également loin d’exhaustive, ceux de 5 000 victimes du massacre de 1988 – constituent des preuves écrites irréfutables de cette réalité.
Cette répression ne relève pas uniquement du passé. Le 27 juillet de cette année, deux membres des unités de résistance ont été exécutés pour leur soutien présumé aux Moudjahidine. Le fait que l’adhésion à ces unités soit encore aujourd’hui associée au risque de mort démontre l’importance et l’impact de leur action à l’intérieur du pays.
Aujourd’hui, ces unités sont actives dans des dizaines de villes et de provinces du pays, et recrutent des membres issus de plusieurs générations. Leur composition ethnique et sociale est vaste, allant des milieux ouvriers aux milieux universitaires. Grâce à des méthodes décentralisées, ce réseau a pu, tout en préservant la sécurité de ses membres, organiser des opérations de protestation et de sensibilisation dans différentes régions.
Pour élargir son acceptation sociale, le Conseil national de la Résistance met l’accent sur la transparence politique, la participation large des différentes couches de la population et le renforcement des liens avec les mouvements syndicaux et civils. L’établissement de canaux de communication avec des acteurs indépendants, l’acceptation des critiques constructives et la garantie de principes tels que le pluralisme et l’égalité des droits pour tous les citoyens font partie des réformes et approches susceptibles d’accroître la convergence avec les forces sociales et politiques à l’intérieur du pays.
Cette combinaison de sacrifice historique, de réseau vivant et dynamique à l’intérieur, et de volonté d’amélioration et de dialogue, montre que cette force est non seulement enracinée dans la société, mais dispose également de la capacité d’élargir son influence sociale.
7) Après les attaques israéliennes de juin et la dégradation des rapports avec L’AIEA, quelle offre une opposition au pouvoir présenterait-elle pour garantir un Programme strictement civil, la transparence (Protocole additionnel, accès), et Un allègement graduel des sanctions — sans exposer l’Iran à la vulnérabilitéStratégique ni à la tentation d’une course régionale à l’armement ?
- Hamid Enayat : Le CNRI, qui en 2002 a révélé pour la première fois l’existence du programme nucléaire clandestin du régime et a alerté l’opinion publique mondiale sur son danger, a toujours eu une position claire : l’Iran de demain sera un Iran non-nucléaire. Le CNRI considère les mesures convenable immédiates comme les suivantes : Arrêt complet de l’enrichissement d’uranium et démantèlementdes installations nucléaires. Évidemment, avec le renversement du régime des mollahs et l’établissement d’une république démocratique prônée par le CNRI, il ne restera aucune raison pour prolonger les sanctions et un Iran en paix avec ses voisins et en coopération avec la communauté internationale maintiendra l’essor économique et la coopération dans les domaines scientifique et industriel avec d’autres pays.
8) Comment concilier, dans une éventuelle transition, intégrité territoriale et Reconnaissance des droits culturels et politiques (Kurdistan, Sistan- Baloutchistan, Khuzestan, etc.) ? Quelle architecture (décentralisation substantielle, garanties linguistiques, partage des ressources, représentation Locale) peut prévenir tout engrenage séparatiste et sécuriser l’adhésion de ces Régions au projet national.
Hamid Enayat : L’expérience historique de l’Iran a montré que la préservation de l’intégrité territoriale et le respect des droits culturels et politiques des différentes nationalités en Iran ne sont pas incompatibles, mais au contraire, le respect des droits des nationalités peut conduire à une plus grande convergence et à une unité nationale renforcée.
C’est le parcours du CNRI depuis sa conception en 1981 et fait partie du programme du future gouvernement provisoire.
Permettez-moi de vous rappeler ici un extrait du discours de Mme Radjavi, présidente-élue du CNRI, lors du sommet Iran libre 2025, le 31 juillet dernier à Rome. Elle a déclaré :
« Depuis 44 ans, le premier article et la première phrase du programme du Conseil national de la Résistance iranienne ont été le devoir de transférer la souveraineté et le pouvoir au peuple iranien. J’insiste sur le transfert du pouvoir, et non sur sa confiscation, comme le faisaient le Cheikh et le Shah.
Le transfert du pouvoir par l’Assemblée constituante et la législation nationale aura lieu au plus tard six mois après le renversement de la tyrannie religieuse. Après six mois, le Conseil national de la Résistance et le gouvernement intérimaire n’auront plus de raison d’être.
Les fondateurs élus par le peuple rédigeront la constitution de la nouvelle république et la soumettront au vote populaire. Ces mêmes fondateurs éliront et formeront également le gouvernement.
Propos recueillis par Angélique Bouchard pour Le Diplomate

Poster un Commentaire