Plutôt des femmes mortes sans voiles que des femmes libres grâce à Israël. Chronique d’une hypocrisie occidentale. Par David Duquesne

Mahsa Amini

C’est un spectacle étrange, répétitif et presque rassurant, tant il prouve la constance d’une certaine bonne conscience : voir des gens applaudir, à distance, le courage funeste des Iraniennes qui retirent leur voile, affrontent les matraques, les prisons, la torture, et souvent la mort. Ces spectateurs de la révolte persane partagent frénétiquement les vidéos de femmes sans hijab, affichent sur leurs profils le nom de la dernière martyre de la République islamique, mais lèvent aussitôt le doigt pour dire « Pas comme ça » dès qu’un État — juif, puissant et déterminé — menace de renverser les bourreaux.

L’histoire est connue : on chérit la révolte futile, celle qui se termine sur Instagram, dans un flot de hashtags. On bénit le sang versé pourvu qu’il ne salisse pas trop nos écrans. On s’émeut de la beauté tragique d’une résistance solitaire, mais on refuse qu’une force concrète — militaire, brutale s’il le faut — vienne donner à ces femmes une chance réelle de voir le jour se lever sans les barbes et les gourdins des mollahs.

Ces femmes n’ont aucune chance seules. Chacun le sait. Ceux qui prétendent le contraire mentent ou se mentent. Depuis plus de quarante ans, la théocratie iranienne a perfectionné l’art de l’enfermement et de la répression. Elle a transformé la police religieuse en une machine paranoïaque capable de briser n’importe quelle dissidence. Aucun soulèvement spontané, aucune « révolution de velours » ne peut, aujourd’hui, désarmer un régime soutenu par des milices, des drones et un réseau de terreur qui dépasse largement les frontières iraniennes.

Israël, État juif honni de toutes les tribunes « progressistes », est l’un des rares à pouvoir concrètement fissurer la forteresse des ayatollahs. Non pas par des déclarations creuses, mais par le renseignement, le sabotage, et si nécessaire, par la force. Et voilà que ceux qui affichaient leur solidarité avec les Iraniennes tombent soudain dans l’indignation pudibonde : « Quoi ? Une guerre ? Un renversement soutenu par Netanyahou ? Impensable ! » Mieux vaut, pensent-ils, laisser ces femmes mourir une à une que de devoir admettre qu’un gouvernement de droite, juif, en plus, accomplirait ce que les « démocraties morales » refusent de tenter.

Les Mollahs affirment régulièrement qu’ils veulent anéantir Israël, et comme Hitler, ils ne cachent rien de leurs intentions.

Si un jour ils réussissent, nos progressistes ne pourront pas affirmer qu’ils ne savaient pas ou « plus jamais ça ! »

Ils nous expliqueront que tout était de la faute des sionistes, du méchant Netanyahu, et cela permettra de s’offrir un haut standing moral de Belle Personne défendant la veuve et le Palestinien, ce damné de la terre ontologique, ce Che Guevara du monde arabe contre le méchant juif capitaliste qui spolie les peuples et complote contre les nations.

Cet Occident qui ferme les yeux sur la barbarie quand elle n’est pas « politiquement correcte » est le même qui a laissé la Syrie tomber aux mains d’un ancien d’Al Qaïda. Le même qui a défendu un régime taliban progressiste tout en  défendant une immigration afghane favorable à la charia mais fuyant ces talibans humanistes. Le même qui a renoncé à protéger les minorités yézidies et les chrétiens du sabre de l’État islamique jusqu’à ce qu’un Kurdistan exsangue et quelques frappes hésitantes fassent le travail. 

Et le même qui, demain, hurlera à l’injustice si Tel-Aviv ose déraciner la théocratie chiite — au risque de libérer, comble de l’ironie, les peuples qu’elle enchaîne.

Il faut dire la vérité : on préfère des femmes mortes qu’un Iran libre, si ce dernier doit être arraché au néant par ceux qu’on déteste plus encore que les mollahs — les sionistes, les conservateurs, les faucons, bref, ceux qui agissent plutôt que de compatir.

En vérité, la cause des Iraniennes n’est qu’un ornement moral pour ces consciences post-modernes : une façon de se sentir du bon côté de l’Histoire, tout en gardant les mains propres et les illusions intactes. L’émancipation réelle ? Trop sale, trop violente, trop impure pour le confort de leurs salons.

La prochaine fois que vous verrez circuler le portrait d’une héroïne iranienne assassinée pour avoir montré ses cheveux, demandez-vous : êtes-vous prêt à ce qu’elle vive, pour de bon ? Êtes-vous prêt à accepter que sa liberté puisse venir d’une frappe, d’une aide extérieure, et peut-être — scandale ultime — d’un État juif de droite ? 

Si la réponse est non, alors au fond, vous préférez ses larmes et son linceul à sa victoire‌‌.

© David Duquesne

Infirmier, David Duquesne est l’auteur de « Ne fais pas ton Français! Itinéraire d’un bâtard de la République », paru chez Grasset en 2024, récit de sa douloureuse assimilation en tant que fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un français.

« Je suis né dans le Nord, à Lens, au coeur d’un quartier populaire. Ma mère Houria, d’origine kabyle, dut se battre pour s’arracher au traditionalisme familial. Elle rencontra mon père à l’usine, à la fin des années 1960. Je suis le fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un Français.

J’ai grandi avec ce double héritage, voyant mon quartier changer, les positions identitaires se crisper, le désir d’intégration se désintégrer, le communautarisme s’emparer des familles, la défiance et la violence s’installer, l’islamisme gagner du terrain…

Éduqué par la République, je partageais et défendais farouchement ses valeurs universalistes. Aux yeux de la communauté d’origine de ma mère, j’étais un traître ; aux yeux de certains Français, soit un métèque à jamais incarcéré dans ses origines, soit un provocateur « islamophobe ».

Pour sortir de cet étau, j’ai décidé de raconter l’histoire de ma douloureuse assimilation, qui témoigne du déchirement vécu par tant de « transfuges identitaires » dans une France en mutation ».  David Duquesne

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3 Comments

  1. Bien dit, bien écrit. La dégringolade morale de la gauche (seulement française? hélas ce n’est pas le cas, c’est mondial) est sidérante. En apparence seulement car quand on creuse un peu l’histoire, entre postures dopées à la moraline et actions concrètes contre les vrais tyrans, il y a souvent eu un monde.

  2. Vous avez mille fois raison. Pour comble de l’hypocrisie, il fallait voir des femmes iraniennes, les femmes Azadi, expulsées manu militari de la manifestation pour la journée de la femme, tout comme nos soeurs juives qui voulaient rappeler le sort des femmes israéliennes tombées aux mains des barbares le 7 octobre 2023. Quel drôle de féminisme qui s’accommode des pires exactions contre les femmes. Merci à Israël de terroriser les pires des terroristes en Iran et à Gaza. Merci aux valeureux pilotes de Tsahal, merci à tous les soldats israéliens qui se battent aussi pour nous, pour un Occident pas reconnaissant du tout. Am Israel hai

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