« Murmuration ». Interview de Lior Inbar (suite…) Par Daniella Pinkstein Pour Tribune Juive

Interview de Lior Inbar (suite…)

Pour Tribune Juive

Par Daniella Pinkstein

Galilée le 4 mai 2025

Lior Inbar

Lior Inbar, c’est toujours avec un grand honneur que l’on vous reçoit dans nos « colonnes », notre « tribune », celle précisément donnée à ceux qui se battent sans ciller pour la mémoire et l’avenir, l’un n’allant jamais sans l’autre, du peuple juif. 

Pour ceux qui souhaitent découvrir vos actions ou les redécouvrir, pour connaître la vocation de ce Musée des Combattants, Musée si particulier, je les renvoie à notre première interview :

  • Beit Lohamei Haghettaot, votre Musée, a-t-il été affecté par la guerre ? Comment s’organise -t-il depuis ce 7 octobre ?

Bonjour, c’est un plaisir d’être ici à nouveau dans vos colonnes. Cela fait 15 mois depuis notre dernière conversation. Nous peinons à croire que la guerre est toujours en cours, causant un tribut aussi lourd physiquement qu’émotionnellement, des deux côtés de la frontière. Deux semaines après notre précédente discussion, Michael Gal de Jérusalem a été tué au combat à Gaza. C’était un réserviste de 29 ans, aimé et entouré d’amis, étudiant en économie avec tout un avenir devant lui. Sarah, la mère de Michael, est une très proche amie, et je connais Michael depuis qu’il est né. Il est tout aussi difficile de saisir que plus de 600 jours se sont écoulés et que 58 Israéliens sont toujours retenus en otage à Gaza.


Oui, le musée a été affecté par une baisse significative du nombre de visiteurs et donc de ses entrées et de ses revenus. Mais tout ce que je viens de décrire met ces faits en perspective. Nous avons eu plusieurs mois sous une grande tension étant donné les des roquettes tirées depuis le Liban (le musée est à seulement 14 kilomètres de la frontière). Nous avons évacué certaines parties des expositions et déplacé quelques archives vers des abris plus profonds sous terre. Le calme est revenu, espérons-le pour de bon, et le travail quotidien à la Maison des Combattants du Ghetto avance avec un nouvel élan.

En hommage à Michael Gal 1994 – 2024
  • Nous venons de commémorer la 80ème journée à la mémoire des victimes de la Shoah, le 19 avril dernier marquait aussi le 82 anniversaire du soulèvement du Ghetto de Varsovie, le Musée des Combattants célébrait en ce même mois les 75 ans de l’établissement de ses archives. Une exposition lui est du reste en ce moment consacrée, « Past Continuous ». Exposition particulièrement émouvante sur la base d’objets choisis par des chercheurs du monde entier. Pouvez -vous nous en parler ?

En effet, la Journée commémorative de la mémoire de la Shoah avait cette année pour thème les 80 ans passés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En plus des histoires personnelles et profondément émouvantes des six porteurs de torches, il y a eu deux autres moments très éprouvants lors de cette cérémonie. D’abord l’apparition de l’actrice Lea Koenig, âgée de 95 ans, qui a rejoint le chœur du Conseil régional de Mateh-Asher pour interpréter l’Hymne des partisans juifs, écrit à Vilna par le partisan Hirsh Glick ; -puis le discours de Noga Botansky, présidente du conseil d’administration de la Maison des combattants du ghetto. Dans son discours, elle s’est adressée aux jeunes : « Sortez et menez la lutte pour ramener tous les otages maintenant, à tout prix. C’est une condition pour reconstruire la société dans laquelle vous grandirez et élèverez vos enfants. Vous avez le pouvoir de porter le changement. Ne voyez pas la vengeance comme une solution. Cela peut offrir un soulagement, mais ce n’est pas un chemin – cela ne crée pas une meilleure réalité. Nous avons appris d’Antek Zuckerman, déjà à Lublin en 1944 : ‘On ne peut pas vivre avec l’idée de vengeance’. La réponse réside dans l’éducation. Ce qui distingue les êtres humains, c’est leur capacité de choisir leur façon d’agir, comment se comporter tout au long de leur vie. La liberté intérieure de rester humain est précisément ce qui a préservé la santé mentale des individus, ce qui a sauvé leur humanité, – ainsi en fut-il devant l’oppresseur nazi, ainsi devrait-il en être aujourd’hui dans les tunnels du Hamas ».

Lea Koenig et Noga Botansky
Cérémonie annuelle de commémoration de la Maison des Combattants du Ghetto 2025
Photo : Lior Horesh 


À la fin mars, après plusieurs reports en raison de la guerre, nous avons enfin inauguré l’exposition « Past Conitnuous », – Passé continu : 75 ans des Archives de la Maison des combattants du ghetto ». J’ai eu le privilège de faire partie de l’équipe des conservateurs, aux côtés de Liat Margalit, la conservatrice en chef du musée, et de Anat Bratman Elhalel, la directrice des archives. Face à l’abondance des objets préservés, Liat a proposé une idée brillante : Anat a contacté 13 experts, des chercheurs de premier plan en Israël et dans le monde entier, représentant ensemble un large éventail de domaines d’expertises. Ce qu’ils avaient cependant en commun étaient leur fréquentation régulière des archives à mesure des années et de leurs recherches. Nous leur avons donc demandé de sélectionner un objet ayant à la fois une importance émotionnelle et professionnelle, puis d’expliquer leur choix. Les objets originaux qui ont été sélectionnés dans les archives sont de fait tous accompagnés d’explications. Et chaque objet est présenté avec une légende relatant son importance archivistique. L’exposition est un hommage et une expression de gratitude envers le remarquable groupe d’individus qui a fondé ces archives.

Voici ce qui est écrit en prologue :


« Les Archives de la Maison des combattants du ghetto ont été officiellement ouvert en avril 1950. Le kibboutz avait été établi un an plus tôt, ses membres s’engageant tout à la fois à : fonder un kibboutz, tenir une assemblée commémorative annuelle et établir des archives qui soutiendraient un musée en mémoire de l’Holocauste et l’héritage de l’insurrection. Ils avaient un sens aigu du devoir envers ceux qui n’avaient pas survécu. Ils considéraient cette entreprise comme une continuation directe des opérations de collecte et de documentation que les archivistes clandestins avaient commencées en Europe pendant l’Holocauste. C’était une entreprise pionnière, novatrice et particulièrement conséquente. Ils avaient compris l’importance du présent qu’il bâtissait : le continent européen détruit se rétablirait, la vie reviendrait à son cours d’avant-guerre, et le monde un jour fatalement oublierait. Tout en construisant de nouvelles vies et une communauté florissante, ils ont rassemblé et documenté le passé encore récent à travers des documents, des photographies, des artefacts et des peintures. Ils ont publié leurs travaux et ont exhorté le public en Israël et à l’étranger à faire don d’objets et à enrichir les collections d’archives. Très tôt, ils ont compris le rôle des archives, via un public impliqué, actif, basé sur des contributions, apportant une contribution qui permette une base de connaissances utile tant à l’éducation qu’à la recherche.


Un aperçu actuel des Archives de la Maison des combattants du ghetto, qui célèbre maintenant son 75ème anniversaire, révèle un foisonnement d’activités qui ont en découlé. Même aujourd’hui, des décennies après sa création, les archives reçoivent de nouveaux objets pour conservation. Ici, ils peuvent posséder un espace physique sur les étagères aux côtés d’objets plus anciens, mais également un espace virtuel en ligne, accessible dans le monde entier. Des historiens, des conservateurs, des éducateurs, des philosophes, et également le personnel des archives lui-même, examinent les artefacts et tissent les informations récoltées au sein d’un réseau de plus en plus varié d’éléments constituant la mémoire de la Shoah. Ainsi, ils relient les gens entre eux, les individus à leur passé, à leur famille et à leurs communautés, et les souvenirs aux histoires.

Joseph Richter, Window in a Passenger Train Car:
http://www.infocenters.co.il/gfh/notebook_ext.asp?item=63417&site=gfh&lang=ENG&menu=1
   De droite à gauche : Hagai Topolansky, Chair of the Museum Friends Association; Yigal  
    Cohen, CEO of the Ghetto Fighters’ House; Eyal Reis, Deputy Head of the Mateh   
     Asher Regional Council; Anat Bratman Elhalel, Director of the Archives and 
     Collections; Liat Margalit, Chief Curator; and Lior Inbar, Photo: Idit Tzuk    
     Horowitz
Équipe des archives en discussion, lors de la conférence d’ouverture de l’exposition « Passé Continu ». De droite à gauche : Galina Sergienko, Anat Bratman Elhalel, Noam Rachmilevitch, et Zvi Oren
Photo : Idit Tzuk Horowitz
  • Comment parvient-on encore à penser la douleur, à y trouver une mémoire, lorsque l’on traverse en même temps tant de douleurs qui semblent d’une si terrible proximité ?

Notre présent est sans aucun doute troublant et profondément secoué. L’écrivain A.B. Yehoshua a un jour écrit que la Shoah nous a révélé le spectre entier de l’humanité—des plus cruels aux individus sincèrement épris de bonté. En tant qu’enseignant et éducateur, il me semble que nous devrions insister sur les facultés humaines, et particulièrement sur son esprit de résistance physique et spirituelle à la persécution et à la brutalité nazies. Naomi Shemer a écrit une chanson sur les personnes d’une grande bonté connues en chemin. Pendant l’Holocauste, je pourrai les trouver parmi les mouvements de jeunesse qui ont mené la résistance, parmi de nombreux sauveteurs, juifs et non-juifs. Aujourd’hui, je les rencontre parmi ceux qui agissent dans les nombreux volontariats, dans la générosité et du dévouement au sein de la société israélienne. Depuis le déclenchement de la guerre, j’ai participé à un stand de protestation silencieuse, une heure chaque après-midi, appelant au retour immédiat, par le biais d’un accord, de tous les otages israéliens retenus à Gaza. C’est un petit groupe qui me donne une grande force et de l’espoir d’un avenir meilleur.

Jonction Kityat Tivon, juin 2025
Photo : Sara Grinzwaig
  • N’avons-nous pas déjà tout dit, pensé sur l’horreur de la Shoah ?

Récemment, j’ai été interviewé dans une émission de radio et une question très similaire m’a été posée : Après tant d’années, combien d’autres recherches sur l’Holocauste pouvons-nous encore cumuler ? J’ai répondu que mon travail quotidien prouve qu’il y a certainement encore des choses à découvrir. Notre équipe exceptionnelle d’archivistes reçoit de nouveaux matériaux presque chaque semaine : journaux, lettres, photographies, et plus encore. Dans certains cas, ces objets sont donnés par des survivants de l’Holocauste eux-mêmes ; dans la plupart des cas, par leurs enfants et petits-enfants. Le processus de mise à disposition de ces matériaux, y compris la préservation, la traduction et la présentation sur le site web des archives, permet de continuer à découvrir et à réaliser des rechercher pour encore un très grand nombre d’années.

  • Une autre exposition qui devrait particulièrement intéresser notre public français a ouvert ses portes dans votre Musée, : « Les indésirables : l’art comme acte de résistance spirituelle dans les camps d’internement français ». Pouvez-vous dire ce que revêt l’expression « résistance spirituelle » ? 

À la fin avril, après un retard causé par la guerre, l’exposition a enfin été inaugurée. Les mots de Lilach Efraim, la conservatrice d’art de la Maison des Combattants du Ghetto, lors de la cérémonie d’ouverture offrent une réponse à votre question :


« Dans les années 1930, la France semblait pour beaucoup de juifs un havre de liberté et de culture, jusqu’à ce qu’elle devienne un jour un piège sans peu d’issues. Les artistes juifs qui avaient fui l’Allemagne se sont soudainement retrouvés « indésirables ». Ils ont été déracinés, séparés, emprisonnés, pourtant ils ont continué à créer. Derrière les barbelés, l’art est né. Ils ont peint, dessiné, donnant une perspective précise de leur vie quotidienne, de leurs camarades de détention, des paysages environnants, et même des moments de grâce. Certains ont signé leurs œuvres, ajouté des dates, des lieux ou de courtes lignes en bas de la page, comme pour dire : Nous étions ici. L’art qu’ils ont créé n’était pas seulement une évasion, c’était une déclaration. Un acte. Une forme de résistance. Résistance non seulement au régime, mais à l’idée même qu’une personne puisse être dépouillée de son humanité. Cette collection a été rassemblée par Miriam Novitch, la première conservatrice du musée, avec un dévouement sans égal. Elle a voyagé, interviewé, collecté, documenté—afin de s’assurer que cette voix ne soit jamais oubliée.

 

Pour ajouter une brève explication, je voudrais préciser que Miriam Novitch a inventé le terme de « résistance spirituelle ». Novitch était membre de la résistance en France pendant la guerre. Elle a été capturée et envoyée au camp de Vittel, où elle a rencontré le poète Yitzhak Katzenelson. Elle a enterré ses écrits dans le sol du camp avant qu’il ne soit envoyé à Auschwitz et a juré de réaliser son testament, celui de collecter les larmes du peuple juif.

La semaine dernière, Rachel Katzenelson du Kibbutz Shefayim, une proche du poète, a contacté les archives. Elle nous a dit qu’elle possédait une grande collection de dessins et de croquis que Novitch avait laissés à sa famille il y a plusieurs décennies. Deux jours plus tard, j’ai reçu ce trésor. Il est maintenant en cours de catalogage dans les mains de Stéphanie Bouzaglo, la registratrice de la collection d’art des archives. Certaines des œuvres données ont été dessinées par Aizik -Adolphe Feder. Un album de ses dessins de Drancy a été concédé par sa veuve, Sima Feder, au début des années 1950, depuis cet album a été élargi.

Miriam Novitch, 1945 ; Lilach Efraim, Événement d’ouverture de l’exposition « Les Indésirables »
Photo : Idit Tzuk Horowitz
  • Vous avez créé un spectacle intitulé « My Homeland ». Pourquoi et pour qui ce spectacle a-t-il imaginé ? Pouvez-vous nous dire quelques mots ? Ce spectacle dans les sombres circonstances d’Israël aujourd’hui est-il aussi une forme de « résistance spirituelle » ?

Après plus de 50 représentations de « It is allowed to love » (Il est permis d’aimer) pour les communautés évacuées de leurs maisons, dans le sud et le nord, il m’a semblé nécessaire de créer un nouveau spectacle. Comme le précédent, son titre « My Homelande » (Ma Patrie) est tiré d’un poème de Lea Goldberg. Mes deux partenaires, la talentueuse chanteuse Efrat Feldman et Chava Cohen, qui ont dirigé et produit le spectacle, ont chaleureusement accueilli l’idée. Nous avons reçu l’aval chaleureux de Yigal Cohen, le PDG du musée. 
Ensemble, nous avons créé un nouveau spectacle, un hommage affectueux aux paysages et aux gens d’Israël. Ce spectacle se déplace à travers le temps et l’espace, reliant différentes régions et communautés par des chansons et les histoires qui les accompagnent. L’un de ses thèmes principales est cette étreinte que nous adressons aux communautés du Néguev occidental ayant subi des attaques horribles le 7 octobre, – communauté qui pour la plupart n’ont pas encore retrouvé leur foyer.

 
Quand Efrat chante une berceuse écrite dans les années 1950 sur les champs du Néguev, avec des images de ces mêmes champs aujourd’hui en arrière-plan, nous sommes gagnés pas seulement par l’émotion mais par la force, le réconfort. Le spectacle n’est pas un acte de « résistance spirituelle », mais plutôt un souffle d’espoir pour les jours à venir… des jours meilleurs.

Efrat Feldman et Lior Inbar
Photo : Hava Cohen
Efrat Feldman, Ma Patrie
Photo : Hava Cohen

Merci encore Lior Inbar pour votre dévouement, Merci pour votre engagement dans le Musée des Combattants, pour ce chemin de lumière que vous ouvrez à nos portes.

Entretien mené par Daniella Pinkstein

A relire:


Entretien en Version originale




Interview with Lior Inbar

For Tribune Juive 
By Daniella Pinkstein

Galilee, June 1, 2025 

Lior Inbar

Lior Inbar, it is always with great honor that we welcome you in our « columns, » our « Tribune, » precisely given to those who fight unwaveringly for the memory and future, one never going without the other, of the Jewish people.

 
For those who wish to discover your actions or rediscover them, to know the purpose of this Ghetto Fighters’ House, such a unique Museum, I refer them to our first interview:



– Has Beit Lohamei Haghetaot, your Museum, been affected by the war? How has it been organized since October7? 

Hi, it’s a pleasure to be here again. It’s been 15 months since our last conversation, and it’s hard to believe the war is still ongoing, taking a heavy toll, both physically and emotionally, on both sides of the border. Two weeks after our previous talk, Michael Gal from Jerusalem was killed in combat in Gaza. He was a 29-year-old reservist, beloved and surrounded by friends, an economics student with his whole future ahead of him. Sarah, Michael’s mother, is a very close friend of ours, and I’ve known Michael since the day he was born. It’s also hard to grasp that over 600 days have passed, and 58 Israelis are still being held hostage in Gaza. 

Yes, the museum has been affected by a significant drop in visitors and income. But everything I just described puts things into perspective. We had several tense months with rockets fired from Lebanon (the museum is just 14 kilometers from the border). We evacuated parts of the exhibitions and moved parts of the archives to deeper shelters underground. Quiet has returned, hopefully for good, and the daily work at the Ghetto Fighters’ House is moving forward with renewed momentum.

– We have just commemorated the 80th day in memory of the victims of the Shoah; April 19 also marked the 82nd anniversary of the Warsaw Ghetto uprising. The Museum of Fighters celebrated in this same month the 75th anniversary of the founding of its archives. An exhibition is currently dedicated to it, « Past Continuous. » It is a particularly moving exhibition based on objects chosen by researchers from around the world. Can you tell us about it? 

Indeed, this year’s annual Holocaust Remembrance Day ceremony was held under the theme of 80 years since the end of World War II. In addition to the personal and deeply moving stories of the six torchlighters, there were two other powerful moments during the ceremony. One was the appearance of 95 year old actress Lea Koenig, who joined the Mateh- Asher Regional Council choir in performing the Jewish Partisan Hymn, written in Vilna by partisan Hirsh Glick. The second was the speech by Noga Botansky, Chair of the Board of the Ghetto Fighters’ House. In her speech, she addressed the youth: « Go out and lead the struggle to bring back all the hostages now, at any cost. This is a condition for rebuilding the society in which you are growing up and will raise your own children. You have the power to create change. Do not see revenge as a solution. It may offer release, but it is not a new path—it does not create a better reality. We learned from Antek Zuckerman, already in Lublin in 1944: ‘One cannot live with the idea of revenge’. The answer lies in education. What sets human beings apart is their ability to choose how to act, how to relate to the course of their lives. The inner freedom to remain human is what preserved people’s sanity, their humanity, then, in the face of the Nazi oppressor, and now, in the Hamas tunnels ».

Lea Koenig and Noga Botansky
The Ghetto Fighters’ House Annual Memorial  
     Ceremony 2025
Photo : Lior Horesh

At the end of March, after several postponements due to the war, we inaugurated the exhibition « Past Continuous: 75 Years of the Ghetto Fighters’ House Archives ». I had the privilege of being part of its curatorial team. Together with Liat Margalit, the museum’s chief curator, and Anat Bratman Elhalel, the archives director. From the abundance of preserved items, Liat proposed a brilliant idea: Anat reached out to 13 Experts, leading researchers from Israel and around the world, representing a wide range of fields of knowledge. What they all have in common is that they have been users of the archives over the years. We asked each of them to select an item that holds both research and emotional significance for them, and to explain their choice. The display includes the original items selected from the archives along with the accompanying explanations. In addition, each item is presented with a brief note on its archival importance. The exhibition is a tribute and expression of gratitude to the remarkable group of individuals who founded the archives, and this is what is written as a prologue: 

The Ghetto Fighters’ House Archives was officially dedicated in April 1950. The kibbutz had been established a year earlier, its members making a threefold commitment : founding a kibbutz, holding an annual memorial assembly, and establishing an archives that would underpin a museum for the legacy of the Holocaust and the uprising.

They had a sense of duty to those who had not survived. They saw this endeavor as a direct continuation of the collection and documentation operations that the underground archivists had begun in Europe during the Holocaust. 

It was a pioneering, trailblazing, and massive endeavor. Almost immediately, they understood the magnitude of the moment : the destroyed European continent would recover, life would return to its pre-war course, and the world would forget. 

While building new lives and a flourishing community, they gathered and documented the recent past in documents, photographs, artifacts, and paintings. They published their achievements and urged the public in Israel and abroad to donate items and enrich the archives collections. Early on, they understood the role of the archives as a public asset : one that is based on contributions, but at the same time makes a contribution, one that constructs a basis of knowledge for education and research. 

An up-to-date look at the Ghetto Fighters’ House Archives, now marking its 75th anniversary, reveals ramified activity. Even today, decades after it was established, the archives is receiving new items for safekeeping. Here, they claim a physical space on the shelves alongside older items, as well as a virtual place on line, accessible worldwide.

Historians, curators, educators, philosophers, and also, the archives staff itself, investigate the artifacts and weave the information harvested from them into a variegated web of Holocaust remembrance. Thus they link people to people, individuals to their past, their family and communities, and memories to stories.

Joseph Richter, Window in a Passenger Train Car:
http://www.infocenters.co.il/gfh/notebook_ext.asp?item=63417&site=gfh&lang=ENG&menu=1
From right to left : Hagai Topolansky, Chair of the Museum Friends Association ; Yigal  
    Cohen, CEO of the Ghetto Fighters’ House ; Eyal Reis, Deputy Head of the Mateh   
     Asher Regional Council ; Anat Bratman Elhalel, Director of the Archives and 
     Collections ; Liat Margalit, Chief Curator ; and Lior Inbar
Photo Idit Tzuk Horowitz.

An archives team discussion
Panel at the exhibition « Past Continuous »opening conference
From right to left : Galina Sergienko, Anat Bratman Elhalel,
Noam Rachmilevitch, and Zvi Oren
Photo: Idit Tzuk Horowitz


– How can we still think about pain, find a memory in it, when we are simultaneously going through so much suffering that seems so terribly close? 

Our present is undoubtedly unsettling and deeply shaken. The writer A.B. Yehoshua once wrote that the Holocaust revealed to us the full spectrum of humanity—from the most cruel to the absolutely good. As an educator, I believe we must teach more about the human spirit and its physical and spiritual resistance to Nazi persecution and brutality. Naomi Shemer wrote a song about good people along the way. During the Holocaust, I find them in the youth movements that led the resistance and in the many rescuers, both Jewish and non-Jewish. Today, I find them in the remarkable forces of volunteerism, generosity, and dedication Within Israeli society. Since the outbreak of the war, I have taken part in a silent protest stand, an hour each afternoon, calling for the immediate return, through an agreement, of all Israeli hostages held in Gaza. It is a small and steadfast group that gives me great strength and hope for a better future.

Kityat Tivon Junction, June 2025
Photo: Sara Grinzwaig

– Have we not already said everything, thought everything about the horror of the Shoah? 

Recently, I was interviewed on a radio program and was asked a similar question : What is there still to add to Holocaust research after so many years ? I replied that my daily work proves there certainly is. Our outstanding archives team receives new materials almost every week : diaries, letters, photographs, and more. In some cases, these items are donated by Holocaust survivors themselves ; in most cases, by their children and grandchildren. The process of making these materials accessible, including preservation, translation, and presentation on the archives’s website, enables continued discovery and research for years to come.

– Another exhibition which should particularly interest our French audience has opened in your museum : « The Undesirables : Art as an Act of Spiritual Resistance in French Internment Camps. » Can you explain what the expression « spiritual resistance » entails? 

At the end of April, after a delay due to the war, the exhibition was finally inaugurated. The words of Lilach Efraim, the art curator of the Ghetto Fighters’ House, at the opening ceremony offer an answer to your question :

In the 1930s, France seemed to many like a haven of liberty and culture—but it turned from a refuge into a trap. Jewish artists who had fled Germany suddenly found themselves « Undesirables ». They were uprooted, separated, imprisoned, yet they continued to create. Within the barbed wire, art was born. They documented daily life, their fellow inmates, the surrounding landscapes, moments of grace. Some signed their works, added dates, locations, or short lines at the bottom of the page, as if to say: We were here. The art they created was not merely an escape; it was a declaration. An act. A form of resistance. Resistance not only to the regime, but to the very idea that a person could be stripped of their humanity. This collection was gathered by Miriam Novitch, the museum’s first curator, with unmatched dedication. She traveled, interviewed, collected, documented—in order to ensure that this voice would not be forgotten.

To add to Lilach’s words, it was Novitch who coined the term « spiritual resistance ». An heartfelt thanks to « Yad Layeled France » our partners. Novitch was a member of the underground in France during the war. She was captured and sent to the Vittel camp, where she met the poet Yitzhak Katzenelson. She buried his writings in the camp’s grounds before he was sent to his death at Auschwitz and swore to fulfill his testament of collecting the tears of the Jewish people.

Last week, Rachel Katzenelson from Kibbutz Shefayim, a relative of the poet contacted the archives. She told us that in her possession was a large collection of drawings and sketches that Novitch had left with her family decades ago. Two days later, I received this treasure from her. It is now in the process of being cataloged in the capable hands of Stephanie Bouzaglo, the art collection registrar at the archives. Some of the donated works has drawn by Aizik -Adolphe Feder. A collection of his drawings from Drancy was donated by his widow, Sima Feder, in the early 1950s, and now his collection has been expanded. 

Miriam Novitch, 1945; Lilach Efraim, The Exhibition « The Undesirables » Opening Event
Photo : Idit Tzuk Horowitz
  • You created a performance titled « My Homeland. » Why and for whom was this performance conceived? Can you share a few words? Is this performance, in the dark circumstances of Israel today, also a form of « spiritual resistance »? 

After more than 50 performances « It is allowed to love » for communities evacuated from their homes in the south and north, I felt there was a need for a new show. Like the previous one, its title « My Homeland », is taken from a poem by Lea Goldberg. My two wonderful partners, the gifted singer Efrat Feldman and Chava Cohen, who directed and produced the show, warmly embraced the idea. We received the warm bless of Yigal Cohen, the CEO of the museum.

Together, we created a new performance, an affectionate tribute to the landscapes and people of Israel. It moves through time and place, connecting different regions and communities through songs and the stories that accompany them. One of its central themes is a warm embrace to the communities of the western Negev, which suffered horrific attacks on October 7th and many of which have not yet returned home.

When Efrat sings a lullaby written in the 1950s about the fields of the Negev, with images of those very fields today in the background, I find in it great strength and comfort. The performance is not an act of « spiritual resistance », rather, it is a breath of hope for renewal and for better days to come.

Efrat Feldman and Lior Inbar
Photo : Hava Cohen
Efrat Feldman, My Homeland
Photo : Hava Cohen

Thank you again, Lior Inbar, for your dedication. Thank you for your commitment to the Ghetto Fighters’ House, for the path of light that you open at our doors.

Entretien mené par Daniella Pinkstein

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1 Comment

  1. Nous sommes le peuple de la Mémoire, aussi c’est un grand honneur pour nous que ces cérémonies et commémorations puissent avoir lieu pour que rien ne soit oublié . Depuis l’horreur de la Choa ou six millions des nôtres ont été assassinés et le 7 octobre qui nous hante chaque jour avec son cortège de morts civils adultes enfants; soldats assassinés par hamas et cette guerre contre le terrorisme qui n’en finit pas , Tsahal qui voit chaque jour ses soldats tomber pour défendre la liberté, les familles endeuillées, les otages dans les tunnels pour qui je prie chaque jour;merci a Daniella Pinkstein pour cette interview exceptionnelle de Lior Inbar; lire » à la mémoire de Michael Gal » par Abou Hafesh pour que rien ne soit oublié ni pardonné même si les nazis et hamas ,un jour, nous demandaient pardon. Vive Israel!

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