Le Juif, encore. Toujours. L’éternel coupable. Par Charles Rojzman

Il y a quelque chose de malade dans l’histoire. Une fièvre qui ne tombe jamais. Une odeur qui revient même après l’incendie, même après la cendre. L’antisémitisme, cette peste millénaire, ne meurt pas. Il change d’uniforme. Il passe de la soutane au keffieh, du brassard au badge militant, du pamphlet à la vidéo virale.

Aujourd’hui, il revient maquillé en vertu. Il parle la langue de la justice. Il brandit la cause palestinienne comme un drapeau blanc, mais il a le poignard sous la manche. Ce n’est plus l’antisémite crâne rasé, braillard et bourru, c’est l’enseignant de gauche, l’étudiant éveillé, l’activiste chic, qui vous dit que le sionisme, c’est l’apartheid, qu’Israël est un État raciste, que Gaza est un camp de concentration.

Le mensonge est toujours le même. Mais il s’adapte à l’époque. Comme l’écrivait Poliakoff, le Juif est le miroir de la haine collective. Et ce miroir, on ne cesse de le casser, pour mieux ne pas y voir nos propres monstres.

Le christianisme l’a fait en appelant les Juifs « déicides ».

L’islam l’a fait en les désignant comme traîtres à la vraie révélation.

Et voilà que ces mêmes dhimmis, méprisés, tolérés sous condition, osent exister.

Ils ont fondé un État.

Ils ont gagné des guerres.

Ils ont des scientifiques, des écrivains, des généraux, des avions, une armée.

Inadmissible.

Parce que le Juif était censé rester à sa place. Celle de l’accusé. Celle de l’inférieur.

Dans le monde musulman, il était une minorité tolérée, jamais souveraine.

Dans l’Europe chrétienne, il était l’étranger intérieur, toléré, mais jamais légitime.

Et puis Israël est né.

La guerre de 1967 a tout changé.

Les armées arabes, dévastées.

Israël triomphant.

L’humiliation.

Pas seulement militaire. Ontologique.

Des juifs, ces enfants de l’exil, ont vaincu des empires.

Ils ont planté une tente dans le désert, et l’ont transformée en Silicon Valley.

Quelle pire offense ?

On les appelait « chiens de Juifs », voilà qu’ils inventent des satellites.

On les voyait errants, voilà qu’ils tiennent un État. Une armée. Une frontière. Un sol.

Un Juif qui plante un drapeau : c’est le monde à l’envers.

Alors on a reconstruit le mythe.

On a repeint le vieux mensonge aux couleurs de la cause juste.

Israël n’est plus le refuge des rescapés.

C’est devenu, pour les nouveaux idéologues, le bourreau. Le colon. Le nazi.

Et le monde a suivi. Les élites. Les universités. Les journalistes. Les intellectuels de gauche, formés dans les bibliothèques, jamais descendus dans les rues de Jérusalem.

Ils croient tout savoir.

Ils ne savent rien.

L’antisionisme n’est pas une critique d’un gouvernement.

C’est la négation d’un droit.

Le droit pour un peuple — le seul au monde qu’on conteste — d’avoir un État.

On vous dit : « Ce n’est pas les juifs, c’est Israël. »

Mais écoutez-les parler.

Ils veulent un monde sans Israël.

Et un monde sans Israël, c’est un monde où le Juif n’a pas d’abri.

Le Hamas le dit sans détour. L’Iran l’écrit en toutes lettres. Les campus occidentaux l’avalent en silence. On réclame la fin de l’occupation, mais c’est la fin d’Israël qu’on vise.

Et tout cela, en prétendant défendre la paix.

Comme en 1941, quand Louis Thomas écrivait que les Juifs faisaient la loi dans Paris occupé.

On en revient toujours là : le Juif trop puissant. Trop visible. Trop vivant.

Les slogans ont changé.

Mais la haine, elle, est restée intacte.

Les Juifs dominent Hollywood, Wall Street, les médias, dit-on.

Ils sont derrière tout.

Mais en même temps, on nie la Shoah, ou on la relativise.

Les morts sont trop morts. Les vivants trop vivants.

Et ceux qui disent la vérité ?

On les insulte.

On les traite d’islamophobes, de fascistes, de sionistes fanatiques.

Le mot « sioniste » est devenu une insulte. Comme autrefois, le mot « youpin ».

Je n’ai jamais cru aux peuples innocents.

J’ai vu les Kurdes victimes et bourreaux.

Les Tutsis massacrés, et les Hutus avant eux.

J’ai vu les mains des enfants se teinter de sang au nom de la justice.

Ce n’est pas l’homme qu’il faut juger. C’est le moment où il bascule.

Et ce moment vient toujours avec une idée parfaite.

Une idée pure.

Une idée qui nie le droit à l’autre d’exister.

Aujourd’hui, cette idée, c’est que le Juif ne devrait pas avoir d’État.

Qu’il devrait redevenir ce qu’il fut : une ombre, un errant, un hôte toléré.

Mais l’Histoire ne revient pas en arrière.

Et Israël est là.

Comme une gifle à tous les anciens maîtres.

Alors oui, l’antisémitisme a changé de masque.

Mais son regard est le même.

Froid. Ancien. Insondable.

Et cette fois, il parle au nom du Bien.

Et c’est cela, peut-être, le plus grand danger.

© Charles Rojzman

Vient de paraître: « Les Masques tombent, le réel, arme secrète de la démocratie »

Quatrième de couverture :

« Sous les secousses visibles d’une époque en crise, quelque chose de plus profond vacille. Une âme. Celle d’un monde qui ne sait plus très bien ce qu’il cherche, ni ce qu’il fuit.

Dans l’âme de fond d’une société en crise, l’auteur descend au plus intime de la tempête. Il ne s’attarde pas aux symptômes — désordres politiques, fractures sociales, angoisses climatiques — mais tente d’en écouter le souffle souterrain, ce murmure confus d’une civilisation en perte de sens.

Quel est ce mal diffus qui ronge les sociétés modernes ? Quelle fatigue secrète traverse les individus, les peuples, les discours ? Et si la véritable crise n’était pas tant celle des systèmes, mais celle du cœur, de l’imaginaire, du lien ?

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6 Comments

  1. Un element nous rassure neanmoins aujourdhui : nous avons partout des amis qui se dressent a nos cotés , chretiens, musulmans , athės , nombreux sont les hommes et femmes de bonne volontė qui refusent la lachetė .
    Et en face nous trouvons des minables incultes de LFI , un pitoyable  » president  » qui detruit son pays , un starmer a londres qui a protegés les razzias sexuelles des tueurs islamistes , un tocard integral a madrid , un repris de justice au Bresil , bref du linge sale en pagaille pour se prosterner devant le hamas comme a munich en 1938 devant les autres nazis .
    Bref restons debout car l humanitė est juive , la justice est juive et certains , ceux qui comptent , le voient .

    • Bonsoir,
      Goy et même pas Française, je suis entièrement d’accord avec vous. D’ailleurs, rien qu’à voir qui est contre Israël et le peuple juif, on devient sioniste. Schabbat shalom.

    • @T+Amouyal Oui. Israël défend ses femmes et ses enfants. C’est le propre d’une nation et d’un peuple civilisés. Les antisémites/antisionistes sont à l’opposé des criminels ayant le sang et les larmes d’innocents sur la conscience. Ou des individus indifférents aux atrocités commises parfois même sous leurs yeux. En un mot : des barbares. Le cas anglais (Telford, Rotherham…) est particulièrement abominable et révèle l’inhumanité totale des nazis antisionistes.
      Israël est donc plus que jamais une boussole morale pour l’humanité, et ce indépendamment de la religion (ou absence de religion) à laquelle on adhère ou de la nationalité que le hasard nous a léguée.

  2. Se sentir coupable, ça c’était avant ! le Juif a changé,que ce soit en France ou en Israël, même si certains sont indifférents ou pas concernés,nous sommes endurcis,si ceux à qui nous tenons sont insultés ou pire encore.nous nous levons,nous nous battons,nous ne laissons rien passer, »si quelqu’un veut te tuer,tue -le d’abord ».Nous sommes les plus forts,avec l’aide de D.ieu.

  3. Le Juif, l’éternel coupable.
    Ainsi que ceux qui les admirent et qui les aiment tout comme ils aiment la sagesse judaïque .
    Comme Boualem Sansal.
    Ainsi a-t-il parlé du judaïsme, lui qui n’avait pas reçu d’éducation religieuse :
    « Le rabbin est devenu mon meilleur copain. J’avais 5-10 ans, il en avait 75-80, plus de paroissiens du tout et plus de temps devant lui pour transmettre sa sagesse et son immense savoir judaïques. »
    ça lui coûte cher. Y compris l’absence de soutien du Président des Français alors que, innocent, âgé et malade, il est pris en otage et emprisonné. ça lui vaut la haine des LFI …
    https://www.lepoint.fr/societe/boualem-sansal-je-suis-sur-toutes-les-listes-noires-22-10-2023-2540325_23.php#11

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