
© B. Guay/AFP
Dans son dernier tweet, le président Macron a déclaré :
« Trois ans que Cécile Kohler et Jacques Paris manquent à la Nation, toujours otages de l’Iran. La France agit sans relâche pour obtenir leur libération. »
Quarante-six ans après l’instauration du régime des mollahs en Iran, la prise d’otages demeure une constante.
Depuis 1979, pas un instant ne s’est écoulé sans que le régime ne fasse usage de la prise d’otages comme levier politique. Tout a commencé en novembre 1979 avec l’occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Ont suivi les enlèvements de ressortissants français au Liban — destinés à faire libérer des terroristes iraniens emprisonnés en France — jusqu’aux détentions actuelles de Cécile Kohler et Jacques Paris.
Hassan Abbasi, ancien commandant du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), a un jour révélé :
« Vous savez comment le CGRI fait de l’argent ? Il capture un espion (Jason Rezaian). Les Américains le réclament, et nous leur disons : payez. Le gouvernement reçoit 1,7 milliard de dollars pour libérer cet espion. Une prise, et c’est deux milliards dans les caisses du CGRI. »
(Source : site officiel Asr Iran, 23 janvier 2020)
De même, Anis Naccache — célèbre terroriste libanais au service du régime, emprisonné dix ans en France — a exposé le système de chantage :
« Alors que j’étais incarcéré en France, quatre otages français étaient détenus au Liban… Un jour, un représentant du ministère français des Affaires étrangères est venu me voir. Il m’a demandé ce que je voulais. J’ai posé mes conditions : d’abord, restituer un million de dollars à l’Iran. Ensuite, expulser Massoud Radjavi* de France. »
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah a elle aussi été retenue en otage pour faire pression sur la France, afin de faire libérer un diplomate iranien, responsable d’un attentat manqué à Villepinte et emprisonné en Belgique.
Un député iranien, Seyed Mahmoud Nabavian, a déclarait ouvertement :
« Nous n’aurions pas dû libérer les quatre otages tant que les fonds iraniens gelés en Corée du Sud n’étaient pas restitués. » Il a ajouté : « Nous devons jouer toutes nos cartes, y compris la carte des otages. »
Dans ce régime, la prise d’otages n’est ni une erreur ponctuelle ni une mesure exceptionnelle — c’est une stratégie assumée et intégrée.
Il est certain que la libération des otages français s’est accompagnée de concessions contre l’opposition iranienne en exil.
Le régime iranien ne comprend que le langage de la fermeté.
La Résistance iranienne l’a souvent répété : seul un rapport de force peut faire cesser les prises d’otages. Les États-Unis l’ont récemment démontré : Khamenei, qui affirmait il y a deux mois encore que « négocier avec les Américains n’était ni honorable ni rationnel », ne s’est résolu au dialogue que lorsqu’il a perçu la menace militaire comme réelle.
L’exemple de l’affaire Mykonos, où des opposants iraniens furent assassinés à Berlin, est parlant : les ambassadeurs européens furent rappelés, ce qui força le régime à suspendre ses activités terroristes en Europe pendant plusieurs années.
Une politique d’apaisement, aux effets dévastateurs
Des décennies de complaisance occidentale ont permis à la République islamique de renforcer son pouvoir. L’accord nucléaire de 2015 (JCPOA), censé limiter le programme nucléaire, a eu des effets collatéraux majeurs :
• Libération de milliards de dollars au profit du CGRI et de la Force Qods, déployés massivement en Syrie, Irak, Yémen et Liban.
• Poursuite clandestine des programmes balistique et nucléaire malgré un respect apparent du JCPOA.
• Hausse des enlèvements d’Occidentaux et des opérations terroristes sur le sol européen.
Iran, Russie : la complaisance occidentale en question
C’est par Qassem Soleimani, surnommé en Iran « le bourreau des enfants syriens », que l’Iran a entraîné la Russie dans le conflit syrien. Ce partenariat militaire a permis à Moscou d’ancrer sa présence en Méditerranée. L’inaction occidentale face à ces agissements a-t-elle encouragé l’invasion de l’Ukraine ? Probablement, selon plusieurs analystes, qui y voient une répétition des erreurs passées.
Quel avenir pour la politique occidentale ?
Face à une vague grandissante de protestations internes (notamment en 2009 et 2022) et à une économie en déclin, l’Iran vacille. Pourtant, l’Occident a souvent préféré ménager le régime plutôt que soutenir son peuple.
La question centrale aujourd’hui est la suivante :
L’Europe continuera-t-elle à tolérer un régime fondé sur la répression, le terrorisme et le chantage, ou décidera-t-elle enfin d’inverser la tendance ?
La France et l’Europe ne seront protégées ni des prises d’otages, ni de l’infiltration d’agents du régime, avant d’adopter une politique de fermeté vis-à-vis le régime des mollahs, par exemple activer le mécanisme de snapback – rétablir les sanctions de manière automatique face à la politique de prolifération nucléaire actuelle de l’Iran.
Emmanuel Macron accueille cet après-midi à Paris, Ahmed Al-Charaa, président intérimaire des autorités syriennes de transition. Une reconnaissance tacite de la Résistance iranienne, qui mène depuis près d’un demi-siècle une lutte acharnée pour réaliser un Iran laïc et démocratique, ira dans le même sens.
© Hamid Enayat

Poster un Commentaire