


« Penser contre soi-même, devenir un autre pour émerger en soi…Dès lors qu’on est traversé par le doute, qu’on se construit par autodestruction, alors son histoire se déploie comme une guerre constante : une série de microcrimes et de résurrections, de suicides qui s’achèvent en conquêtes. «
extrait de la page 322 de « Penser contre soi-même « de Nathan Devers chez Albin Michel .
L’auteur est normalien et agrégé de philosophie .Il est né en décembre 1997, son père Lionel Naccache est un neurologue, professeur de médecine cognitive et sa mère est écrivaine .
Nathan Naccache ( parti DE ce à quoi il croyait …VERS une autre conviction ) a étudié longtemps les textes hébraïques , le Talmud, le Qohelet( le livre de l’ Ecclésiaste) dans le but de devenir rabbin officiant et instructeur.
Il a voulu intégrer un collège hébraïque . Ne résistons pas à l’envie de reproduire sa description:
« Les gens m’y semblaient tous pareils. Ils avaient la « même « tête et le « même « rictus . Les « mêmes « idiotismes( zarma, tmenik, mchenef, waliya ) et le même bronzage …les « mêmes « passions( maths, foot)…on comptait une quinzaine de Yohan et le double de Sarah »
Nathan va émigrer vers le collège d’ Auteuil Jean-Baptiste Say et il va lire et réfléchir, penser et se dépasser :
» Et si Dieu n’était qu’une fiction ? Et si , comme le prétendait la critique biblique , la Torah était une œuvre historique, rédigée par des humains au même titre que l’ Iliade ou l’ Odyssée? Et si le monde avait été créé par des causes strictement physico-chimiques ? »
Nathan a dépassé sa première ambition et s’est dirigé vers un doute permanent puis vers une conviction parfois chancelante .
« J’ai eu tort, Nathan, d’avoir cru t’effacer, toi qui demeures mon autre «
Un essai passionnant, parfois ardu . L’auteur écrit souvent par groupes de trois phrases différentes pour exprimer la même idée comme s’il se refusait à ne privilégier qu’une seule . Mais cette quête d’un philosophe qui a tout lu , Descartes et Kant , les Rabbis et leurs disciples et tout ce qui a été publié , est une œuvre fondamentale : le doute est captivant .
© André Simon Mamou

Il finira par savoir ce qu’il veut
Je crains vraiment que ce jeune homme, pour l’instant, aura du mal à savoir ce qu’il veut… En tout cas il n’en prend pas le chemin.
Au moins lui s’interroge et ne vit pas avec des certitudes : la nature l’a pourvu d’un cerveau et il l’utilise brillamment. Ce qui semble vrai – pour certains – aujourd’hui ne le sera pas nécessairement demain. Bien heureux les pauvres en esprit ….. c’est ce que proclament les religions : non !