
Tout au long de l’histoire du XXème siècle, de nombreux peuples ont dû abandonner leurs terres, leurs maisons et tous leurs biens à la suite de conflits et de bouleversements géopolitiques. Les Grecs ont été chassés d’Anatolie, les Turcs des Balkans, les Allemands de Prusse orientale et de Silésie, les Juifs d’Europe de l’Est, du Maghreb, d’Irak, du Yémen, de Libye… autant de communautés contraintes de reconstruire leur existence ailleurs, après une défaite ou un exode forcé. Pourtant, ces peuples, bien que déracinés, n’ont jamais brandi les clés de leurs anciennes demeures pour revendiquer un droit au retour qui impliquerait le déplacement de ceux qui, depuis, ont bâti un pays nouveau.
Pourquoi alors certains brandissent-ils encore les clés de maisons disparues, dans un territoire qui n’est plus le leur ? Ceux des Arabes qui sont restés en Israël en 1948 et leurs descendants sont aujourd’hui citoyens israéliens, bénéficiant des mêmes droits civils que les Juifs. Pourquoi ne pas œuvrer à la construction d’une vie décente et digne aux côtés d’un autre peuple, plutôt que d’entretenir un conflit sans fin ?
Depuis plus de sept décennies, les réfugiés palestiniens ont été maintenus dans un statut perpétuel de réfugiés, génération après génération. Tout comme les Juifs des pays arabes, qui furent près de 800 000 à être contraints à l’exil, ils ont dû reconstruire leur existence ailleurs. Mais à la différence de ces derniers, qui se sont intégrés et ont participé à l’édification de nouvelles sociétés, les Palestiniens ont été instrumentalisés par des dirigeants cyniques et corrompus. Ils ont grandi dans un discours de haine, dans lequel leur avenir ne se conçoit que dans l’effacement d’Israël et l’éviction de ses habitants.
Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (De la rivière du Jourdain à la mer, la Palestine sera libre) ne laisse aucune place à un compromis ou à une coexistence pacifique. Il n’évoque pas la création d’un État à côté d’Israël, mais à sa place. Ce rêve d’une Palestine « libérée » signifie, dans les faits, la destruction d’Israël et la disparition de ses habitants juifs, présentés comme un peuple maudit et condamné à la mort ou à la soumission.
L’histoire a prouvé que la paix ne se construit ni sur le fantasme d’un retour impossible ni sur le culte du ressentiment. D’autres peuples, malgré des exils tragiques, ont relevé la tête et bâti un avenir ailleurs. Mais ici, au lieu de tourner la page, on nourrit la haine, on perpétue une illusion mortifère et on instrumentalise des générations entières en leur inculquant que leur seule destinée est la revanche et l’éradication d’Israël. On leur enseigne que le temps n’a pas d’emprise sur leur « droit au retour », que l’histoire peut être réécrite dans le sang, que la victoire viendra en chassant ou en massacrant ceux qui ont osé prospérer sur cette terre.
« From the river to the sea » n’est pas un slogan de libération, c’est un appel explicite à la destruction d’un peuple. C’est la négation absolue de toute solution pacifique, la glorification d’une guerre sans fin, la promesse d’un bain de sang où seule la soumission ou la mort sont envisagées pour l’autre. Et ce fanatisme n’est pas combattu, il est encouragé. Par des dirigeants cyniques qui maintiennent leur peuple dans la misère pour en faire un levier politique. Par des États qui utilisent les Palestiniens comme un pion sacrificiel contre Israël. Par une communauté internationale complaisante qui feint de ne pas comprendre ce que signifie réellement cet appel à la « libération ». Et pendant ce temps, génération après génération, on condamne une population à la haine, au rejet de toute coexistence et à une guerre sans issue, car une guerre qui refuse toute alternative à la destruction de l’autre n’a d’autre fin que la ruine et la souffrance.
© Charles Rojzman
Essayiste, Charles Rojzman est fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, » la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.
ISRAEL FROM THE RIVER TO THE SEA
YES !