Invité de «Points de Vue», Omar Youssef Souleimane raconte ce qu'il a vu dans une manifestation organisée par LFI, le 15 octobre.
— Le Figaro (@Le_Figaro) November 22, 2024
«Derrière moi, il y avait un slogan écrit et scandé en arabe qui suppliait Hassan Nasrallah et le Hezbollah d'aller plus loin et de détruire Israël». pic.twitter.com/W42WF0SYer
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Omar Youssef Souleimane: « Je viens d’un monde où le mot ‘juif’ est une insulte »
L’idée d’un complot international créé par les juifs est très répandue dans le monde arabe.
En Syrie, « Je ne suis pas juif » est une phrase courante pour se défendre de n’être ni radin, ni menteur, ni arnaqueur. Lorsqu’un homme se montrait cruel, on lui disait, pour prendre la défense de sa victime, « même s’il était juif, tu lui parlerais mieux que ça ». Dans cette Syrie où je suis né et ai grandi dans les années 1990, nous récitions à la mosquée une page du Coran par jour. L’imam répétait ce hadith qui prétend que Mahomet aurait dit: « Chaque fois qu’un juif se trouve seul avec un musulman, il a l’intention de le tuer ».
L’idée d’un complot international créé par les juifs est très répandue dans le monde arabe: les juifs dirigeraient les grandes banques et les chaînes de télévision, ils auraient créé Israël pour affaiblir l’islam. Partout au Proche-Orient, Israël est appeléle « Grand Satan », « l’entité colonialiste », « l’ennemi sioniste », »l’ennemi violeur ». « Mort à Israël » est le slogan le plus répété à la télévision et à la radio.
J’ai ensuite séjourné en Arabie saoudite, dans les années 2000, pendant l’Intifada palestinienne. Les juifs étaient alors le sujet principal des cours dans mon collège. Les professeurs nous appelaient à faire des dons, « un dollar pour tuer un juif ». Pour eux, éliminer un juif d’Israël, c’était sauver un musulman.
« Je suis libre de choisir et de réfléchir »
Arrivé en France en 2012 comme réfugié politique après avoir participé à des manifestations comme opposant au régime d’Assad, j’ai eu l’occasion de découvrir Israël autrement, de visualiser le conflit israélo-palestinien d’une manière plus neutre. Pas seulement parce que je suis libre de choisir et de réfléchir, mais aussi grâce à la possibilité de rencontrer des juifs, des Israéliens, des Palestiniens, des personnes de gauche, de droite, des sionistes, et d’avoir librement des débats avec chacun.
Comment est-il possible qu’en France, pays de Paul Éluard et des Lumières, La France insoumise considère le massacre du Hamas comme une simple réponse à la violence? Pourquoi LFI parle-t-elle presque exclusivement de la Palestine et des victimes à Gaza sans jamais avoir eu un mot pour le peuple syrien? Plus de 500.000 personnes ont été tuées, dont 27.000 enfants, par le régime d’Assad depuis 2011.
Il est vrai que mon origine est une source de souffrance par rapport à ma mémoire alimentée par la radicalisation, mais elle est aussi un outil. Elle m’incite à enquêter sur la complicité d’une certaine gauche avec l’islamisme en France. Je viens de ce monde, j’ai suivi des études académiques en Syrie sur la langue arabe, et je connais la manière dont les islamistes se comportent. C’est avec les épines de mon ancien chemin que j’essaie de dévoiler cette obscurité qui s’installe dorénavant dans notre pays.
Un garçon courageux