Nidra Poller. Cris de guerre XV. Israël enfin coupable  / 23 mars – 9 avril

Putréfaction

Ils ont tout salopé. La globe terrestre est une gigantesque patate pourrie. Des effluves malsaines dégoulinent le long des contours accidentés, des vapeurs nocives envahissent les airs et bouffent l’oxygène, on perd pied, on perd le nord, on perd espoir à grimper des pentes morveuses pour  retomber dans des ravines puant la charogne, on se tord la cheville sur des pousses pointues, des voix rauques agressent les tympans, des cris aigus percent le cœur, les jours sont noirs et les nuits blanches, on baisse la tête et fait le dos rond, des rochers tombent du ciel, des bombes nous explosent au visage, nous sommes enveloppés d’un soufre aveuglant, cessez-le-feu, aide humanitaire, des dizaines de milliers de morts sur notre compte, les instances internationales s’étranglent, c’est à qui mieux mieux faire une résolution pour te mettre KO,  les résolutions montent et tombent dans l’enceinte onusienne, pas suffisamment meurtrières pour passer sur ton corps, des médias vomissent, des envoyés spéciaux déterrent les cadavres et les jettent sur nous, la patate folle devient missile, corps céleste, météore et se lance à vitesse Mach 10 à travers l’univers, fonçant droit sur l’apocalypse.

Ils s’énervent grave, haver ! Faut garder son cool et ne pas s’épuiser à taper sur chaque moustique qui fait zinzin.

Que dire à une patate pourrie ? 

« Cause perdue. Vous vous accrochez à une cause perdue. La pourriture finira par s’écouler dans les égouts cosmiques, la terre fera peau neuve, nous serons droit debout ».

En finir avec « l’antisémitisme » …à la recherche du mot juste

On combat l’antisémitisme comme on combat la poussière.  Nous luttons contre des fantômes, des fantasmes.  Que faire de cette illusion que, en nous visant, ils finiront par trouver la paix ? 

Mais l’antisémitisme n’est pas un racisme, ne fonctionne pas comme les vrais antis-, -phobies et -ismes. 

On en veut aux Juifs de ne pas être là. De ne pas s’interposer entre la réalité et celui qui ne veut pas la voir. Le rempart bricolé par des religions, des idéologies, des romans de gare, des discours creux, de la publicité mensongère et de tout ce qui rassure malhonnêtement, cède devant la réalité assumée par le judaïsme. C’est cela qu’on cherche à effacer. Comme c’est impossible, on s’acharne contre le Juif.

Peut-on le dire avec un seul mot ? Est-ce simplement Thanatos ? Une fois le Juif extrait de l’équation, on est face à l’ irréductible Thanatos. Comment, donc, dans la vie de tous le jours, nous extraire de l’équation ?

Thanatos incarné

Ils ont tout écrabouillé : les kibboutzim bucoliques, les kibboutzniks gorgés de soleil, les soldats aux sourires radieux, les captifs cueillis chauds et palpitants, la sensualité, l’érotisme, la générosité, l’énergie du bien, la solidarité de la mishpocha, la fécondité, l’intelligence profonde, les corps sexués, les enfants fruits d’amour, l’espoir de génération en génération…

Pris, ce maudit 7 octobre, par la rage d’éradiquer la vie, les mujahideen ont oublié de foncer sur la prison d’Ashkelon pour libérer leurs pairs, d’enfoncer leurs griffes dans la chair top secret de Dimona, d’émerger victorieux sur la Place Dizengoff. 

Des heures durant ils ont broyé les os, éclaté les visages, découpé vives les victimes chevauchées, ont brûlé la sève, profané les cadavres, torturé les bébés, pourchassé les rescapés, capturé les morts et les vivants. 

Une orgie de Thanatos. Excitation reliée déjà le soir du 7 octobre aux plus susceptibles, enchantés, entraînés dans la danse macabre. Réjouis par le spectacle des atrocités, ils ont distribué des sucreries dans les médias et à travers les réseaux contaminés. Petit à petit, l’amour de la mort gagne les esprits fatigués, pousse les égarés dans leurs retranchements, se régale d’un délire de puissance.

Génocide à tous les coins de rue

Reprenons l’enchaînement des slogans hurlés par les manifestants « propalestiniens » :  Cessez-le-feu, génocide, de la rivière à la mer. Traduction : cessez le feu de Tsahal contre le Hamas, donnez libre cours au génocide des Juifs, exterminez-les de la rivière Jourdain à la mer Méditerranée.

Je ne m’abaisserai pas à contester  l’accusation de génocide lancée contre Israël, sauf pour demander : si tu voyais tes frères et sœurs menacés de génocide, tu ne les prendrais pas sous ta protection au lieu de tenir le score comme le spectateur d’un match de tennis ?

Selon le ministère de la santé gazaoui 

Ça se voit à l’œil nu : le Hamas triche sur les chiffres des morts, comme sur tout le reste. Sa machine à mensonges ne connaît pas de limites. Le Hamas est capable de filmer ses atrocités, les diffuser fièrement et les nier totalement. Ainsi les chiffres assaisonnés à l’appétit de l’opinion internationale, analysé par un grand expert en statistiques, Abraham Wyner, se révèlent grossièrement falsifiés. 

Le président américain lui-même a plus d’une fois déploré les « trop de morts de femmes et d’enfants ». En effet, il y en a trop. La majorité des morts, selon Wyner, serait des combattants.

Biden, Blinken & Nod 

Biden avait le beau rôle : soutien exceptionnel et crucial d’Israël en guerre, résistance contre des pressions domestiques  et internationales, discours digne d’un homme d’Etat. A quoi bon jeter tout cela à la poubelle (l’ONU) ? Le candidat à la réélection devrait tirer la leçon des LGBT trahis à Hamtramck.  Dans le Michiganet ailleurs, des citoyens musulmans enivrés de leur pouvoir nouvellement acquis, crient « Mort à l’Amérique ». 

Les inconditionnels de Trump ne veulent rien en savoir, mais les honnêtes chercheurs du Focus on Western Islamism confirment les reportages cités (Cris de guerre XIV) : la machine Trump laboure, elle aussi, les champs de Hamtramck. Peine perdue. 

Anthony Blinken, [mes parents l’ont connu jeune homme auprès de son beau-père, leur ami Sam Pisar] met en garde Israël contre la lutte jusqu’à la victoire : la sécurité d’Israël et sa place dans le concert des nations sont menacées par la stratégie à Gaza qui finira par provoquer de l’insurgence. 

C’est la clé de la mésentente. L’indispensable allié américain enjoint le petit-frère de suivre ses mauvais conseils. La Corée, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Iraq, la Libye, le Liban, la Syrie, l’Iran, tant de conflits lâchement évités ou terminés en queue de poisson par des forces américaines ou des coalitions bancales, fatiguées, l’esprit embrumé. On a permis à l’Iraq, tout juste débarrassé de Saddam Hussein, de se doter d’une constitution conforme à la sharia et de pourchasser ses chrétiens. Le gouvernement de Donald Trump a cédé l’Afghanistan aux Talibans. Ce n’est pas un hasard si ce document honteux—Agreement for Bringing Peace to Afghanistan—a été signé à Doha. 

 De fil en aiguille, les « grandes puissances » s’avèrent incapables de défendre leurs alliés, leurs valeurs, leur propre sécurité. 

Fiamma Nirenstein invite l’Occident « à se regarder bien en face, mais aussi à bien regarder Israël qui leur montre ce qu’il faudrait faire pour défendre sa civilisation. La guerre d’Israël est dramatique et tragique, mais elle sert également d’inspiration » .

Daech joue sa musique à Moscou

Daech frappe la Russie ; Poutine blâme l’Ukraine et mène une enquête sur l’implication du Royaume-Uni et de la fille Biden. Le Hamas frappe Israël et se cache derrière la population civile à un degré inconnu dans l’histoire de la guérilla urbaine ; l’opinion internationale blâme Israël. Le Hamas se colle aux conditions extravagantes, refuse tout compromis, tue ou laisse mourir les captifs ; le mouvement Bring them homeblâme son gouvernement. 

Le Conseil de Sécurité onusien tire dans le dos d’Israël 

Au lendemain de l’ukaze,–l’énième injonction de cesser le feu– l’opération à l’hôpital al Shifa s’est poursuivie. Ruse géniale qui nous rappelle que la guerre a ses secrets.  Les médias se lisent, s’écoutent, se répètent, mais une armée, surtout israélienne, en sait plus qu’elle n’en dit. 

Le lourdingue Colonel Michel Goya [LCI] se croit futé : « Aha !  Ils se sont trompés en permettant aux gens du Hamas de se regrouper dans l’hôpital ».

Jihadistes du monde, unissez-vous

Combien de likes ? Combien d’appels à l’insurrection générale ? Tous aux barricades d’al Aksa, le jour de ramadan est arrivé. Mohamed Deif lui-même appelle les musulmans des quatre coins du monde à converger sur Israël et le manger tout cru. 

Les prières de vendredi sur le Mont du Temple se sont déroulées sans incident pendant les quatre semaines du ramadan.

Grand prix de l’univers parallèle

L’illustration parfaite : l’agence Associated Press est primée par Picture of the Year International pour une série de photos sur la guerre à Gaza, dont celle d’une israélienne [Shani Louk] gisant dénudée sur le plateau d’une camionnette, entourée d’hommes armés, en route, morte ou vivante, pour Gaza. Le photographe, Ali Mahmud, jouissant de bons rapports avec le Hamas, avait accompagné les tueurs pour un bout de chemin le 7 octobre.  

C’est quoi l’angle de l’image, bon sang ?

Une fois la collectivité passée dans un monde parallèle, on ne peut plus faire des rappels à la réalité. La ligne est coupée. Par exemple,  la fripouille Polony /Salomé aboyant sur BHL comme si elles savaient mieux alors qu’elles ne font que confirmer le titre de son ouvrage, La solitude d’Israël. La souffrance des Gazaouis donnée comme argument rationnel alors que la même tactique est exploitée depuis la restauration de l’Etat juif et bien avant.  

On frappe brutalement, on appelle la riposte et c’est la riposte qui se colle l’étiquette « agression ». L’effet devient la cause. Ainsi excusé, l’irrédentisme palestinien repart au plus belle. D’atrocité en atrocité toujours grandissant jusqu’à l’innommable 7 octobre, qui dépasse, dans sa spécifié, tout ce que le monde a connu, mais qui rentre parfaitement dans le schéma génocidaire millénaire. 

Ce qui se passe dans la Bande de Gaza aujourd’hui est le strict minimum des conséquences inévitables du projet du Hamas. C’était prévu, autant que les stocks d’armes et de munitions cachés en pleine vue. La stratégie des génocidaires était basée sur la certitude d’une réaction internationale à la souffrance palestinienne, plus efficace que des avions de combat.  Erreur de calcul : le soutien américain et la détermination israélienne ont prévalu contre l’énorme pression de « l’opinion ». 

Si le Hamas n’était pas battu pourquoi aurait-il refusé toute proposition de cessez-le-feu avec échange d’otages contre prisonniers ? 

Israël enfin coupable 

L’erreur tragique qui a coûté la vie à une dizaine de civils …

Non, c’était en Afghanistan en 2022.

L’erreur tragique qui a couté la vie à la mariée et aux quarante-sept convives d’une fête de mariage…

Non, encore l’Afghanistan, en 2008.

« Ce n’est pas une guerre contre la terreur, ce n’est plus question d’une guerre pour défendre Israël. Vraiment, au point où on en est, ça ressemble à une guerre contre l’humanité », déclare  José Andres, chef fondateur de la World Center Kitchen, interviewé sur l’émission This Week [ABC-TV].  Andres accuse Israël, au-delà de la mort des sept humanitaires de la WCK, de « fautes graves tout le long de cette guerre contre le Hamas ».

John Flickinger, père de l’une des victimes, a dit sans détour à Blinken, qui l’a reçu avec compassion, que la tuerie à Gaza doit finir. « Si on avait menacé de suspendre la livraison d’armes, mon fils serait en vie aujourd’hui ».

La mort de sept humanitaires de nationalité occidentale, c’est du pain béni pour la patate pourrie. Peu importe l’enquête, les aveux, les excuses et les mesures disciplinaires prises par Tsahal, Israël a tué des humanitaires, les figures christiques de notre époque. Plus grave que l’enlèvement, la torture, l’assassinat des ressortissants de ces mêmes pays par le Hamas, la mort des humanitaires de la WCK a provoqué un plaisir pervers chez des commentateurs visiblement émus, le visage illuminé, les lèvres gonflées, le cœur dilaté de plaisir orgasmique.

La jouissance par le discours

Le psychanalyste Philippe Woloszko, invité par Yana Grinshpun à présenter une analyse psychanalytique du négationnisme (https://www.youtube.com/watch?v=G5WhIYAFk9U) expose l’interprétation freudienne de la recherche, par le sujet séparé du corps, de la jouissance par le discours. Quand le déni, qui est mobilisé pour réduire la tension, est mis au service de la passion de la haine, il permet de dépasser les limites. Le révisionnisme est une forme de déni, ouvrant le chemin à la haine de l’autre qui-est-en-soi. L’antisémitisme est la matrice de tous les racismes. 

Si le psychanalyste, dont la vocation est d’aider le patient singulier à guérir, ne peut pas offrir une formule pour soigner cette haine sur le plan collectif, son exposé—qu’on ne peut pas résumer ici en quelques lignes—nous aide à peser le poids de l’érotisme pervers qui nous assaille aujourd’hui… comme hier et demain.

© Nidra Poller

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