Rachel Catherine Ksas. Sur les traces du carnage du 7 octobre

Tous les mots sont vains, futiles, inutiles et pourtant je veux témoigner de ce que j’ai vu et ressenti, exprimer l’admiration pour ce peuple incroyable…

Dans tous les endroits que nous avons visités, plus de 1300 personnes sont mortes, 20000 blessés, plus ceux qui sont traumatisés à vie d’avoir échappé à cette horreur, et puis l’enlèvement des otages, qui nous empêche tous ici  de dormir convenablement …

Je ne connais personne qui dort comme avant le 7 octobre, tous impactés par cette tragédie que le monde refuse de voir, de croire.

Vous verrez d’abord la jolie ville de Sderot, tellement pitoresque, un petit joyau, où il faisait bon de vivre, paraît-il…

Cette fameuse place et l’impact des balles sur les immeubles alentour, la station de police totalement désagrégée, tous les policiers stationnés sont morts ce jour-là en essayant de se battre à 15 ou 16 contre des centaines de terroristes assoiffés de sang juif. mardi 23 11h

Une famille qui se retrouve sur cette place croyant trouver refuge dans la station est décimée sans pitié, d’abord ils tuent le père qui tenait un petit enfant qui lui hurle et court vers la mère et qui est abattu devant ses yeux,  ensuite ils massacrent  la mère et l’autre petit enfant; le spectacle en live de ce qui s’est réellement passé a été filmé par des dizaines de caméras dans la ville.

Ces magnifiques fresques qui racontent la tragédie et le courage inouï de ces habitants et leur terrible détresse, les lettres qui symbolisent l’élévation de ces  âmes qui montent au ciel.

Elles ont été peintes par un célèbre artiste qui a perdu des amis ici.

Ensuite nous faisons par hasard la connaissance d’ un vrai héros de cette guerre qui se présente aux élections pour devenir le maire de cette ville et qui a sauvé avec son courage des centaines de personnes en éliminant les deux snipers postés sur la place, plus tous les terroristes dans la station de police avec son fils.

Les fils de fers,  c’est ce qu’ils reste de ce poste de police totalement détruit. 

Imaginez avec nous les corps jonchant partout où nous sommes passés. 

Au loin en chemin,  les kibboutz de Nir OZ, Kfar Aza; et les Moshav, sortes de coopératives, moins touchés, qui sont désertés, personne n’a le droit d’y entrer, à part quelques habitants et l’armée.

Et  le site de Nova,  un lieu magique, une magnifique forêt, incroyablement paisible et tellement belle.

L’endroit de cette immense fête qui avait débuté jeudi  nous laisse maintenant en guise de souvenir des événements meurtriers ces  jeunes arbres plantés pour chaque victime, des œuvres d’art parsemées sur le sol , des coquelicots et des  photos avec d’immenses sourires…

Des mots écrits qui racontent une personne, une histoire. 

Un spectacle d’une beauté spectrale…

Et puis à deux km, Aza. Du promontoire, on pouvait apercevoir vraiment le kibboutz de Kfar Aza accolé à Gaza et on y voyait tout un quartier qui ne semblait pas avoir été touché, donc je peux témoigner que Aza ( Gaza) n’est pas totalement détruite comme on veut bien nous le faire croire. 

Sur le parcours, en traversant cette route qui a été mortelle pour des centaines de jeunes, un abri, dans lequel s’étaient réfugiées une vingtaine de personnes croyant avoir échappé au sort tragique des autres restés sur les lieux, pris dans un engrenage d’enfer …

Dans cet abri, se trouvait parmi eux là aussi un héros, Amir Shapira, et qui est arrivé à rejeter au fur et à mesure 6 grenades lancées par les terroristes du Hamas qui sont passés sur cette route, qu’ils ont transformée en un royaume des morts et à la fin, ce jeune homme sort pour relancer à l’extérieur, la sixième grenade et il tombe, criblé de balles, les terroristes lancent alors la septième grenade, fatale, qui explose et tue 16 jeunes, dont vous voyez les photos sur l’abri.

Des jeunes qui se sont échappés de la fête pour trouver refuge ici. 

3 ou 4 ont survécu, sauvés par les corps déchiquetés des autres…

On raconte cette histoire en disant que ces monstres, occupés à semer la mort, là où il passaient ont été retenus, vous imaginez pour quelles raisons, par toute cette jeunesse au festival et par des poches de résistance.

S’ils n’avaient pas fait ce qu’ils ont fait il auraient commis encore plus de destructions aux alentours, seuls les endroits pas loin de Aza ont été touchés en première ligne, et les autres malgré des accrochages, plus ou moins épargnés…

On dit que ces jeunes nous ont sauvé de la catastrophe…

Un trop plein d’émotions, de tristesse indicible.

Des histoires, les une plus tragiques que les autres.

Dans ma tête, une image lancinante, et c’est  l’événement qui m’aura le plus marquée aujourd’hui.

Une rencontre insolite, ( il y a des photos de cette rencontre) je vois une voiture se garer et en descend  un jeune homme, sur le site de Nova/Reim; il se dirige d’un pas ferme vers un endroit, un seul; il est incroyablement beau, d’une beauté angélique, il s’assoie directement sur une chaise en face d’un mémorial, plein de drapeaux israéliens flottent devant lui, qui ne se préoccupe de rien d’autre, plongé indubitablement dans un ailleurs, un autre monde, celui que nous ne connaîtrons pas: il ne quitte pas des yeux le mémorial devant lui.

Impossible de décrire tous les scripts de cette scène qui me passent par la tête, il y en a eu trop, les uns plus fous que les autres, je l’observais seulement, fascinée par cette détermination,  cette tristesse, son refuge que personne ne connaît; au bout de 10 minutes, il se lève, j’ai cru qu’il partait,  ces dix minutes ont été très longues, hors du temps réel, alors je me suis approchée de ce mémorial pour y lire l’inscription, scruter les visages, essayer de comprendre la tragédie de ce jeune, et je le vois revenir avec deux grandes bouteilles d’eau, les poser sur la chaise et repartir chercher quelque chose.

Honteuse de cette intrusion, je le prie sans oser le regarder de m’excuser. Il me répond: “Il n’y a pas de quoi”, et commence à arroser les deux nouveaux arbres plantés de chaque côté, lave avec cette eau, de ses propres mains, la pierre, pleine de poussière, pour laisser au monde entier un témoignage de cette absence si lourde à porter. Alors cette pierre commence soudainement à luire comme un soleil;  il se rassoit; et je continue à rester plantée dans un coin, pendant un long laps de temps, à observer cette scène, impossible de m’en détacher.

Il y avait sur le visage de ce jeune homme, dans ces gestes, sa posture, quelque chose de l’au-delà , et je n’arrivais pas, sur le moment, à le déchiffrer.

Je n’ai pas eu ce courage de lui demander de parler de cette histoire,  de m’expliquer à qui il parlait, je ne voulais surtout pas le déranger, lui et ses émotions , et puis sa solitude tant recherchée. 

Il était venu pour être seul avec les siens, cela se voyait, le silence le murmurait autour de nous.

Même les mots  de consolation longuement préparées sont restés coincés au fond de ma gorge, au fin fond de ma tête.

Plusieurs fois j’ai voulu aller poser ma main sur son épaule, et quelque chose me retenait à l’endroit où j’étais.

Je n’arrivais pas à bouger et non ce n’était pas la timidité, c’était autre chose. 

J’ai senti après un long moment que je devais partir,  il fallait alors rejoindre les autres et quitter ce lieu.

Je m’en suis allée, le cœur brisé par ce spectacle,  maintes émotions réveillèrent mon corps enkylosé et je l’ai laissé  à regret dialoguer dans un silence immuable avec ses amis invisibles. 

Je m’éloigne d’à peine quelques mètres,  et j’entends soudain une cacophonie de bruits assourdissants: ces gens et ces familles venus pèleriner sur ce site, aujourd’hui.

Je me suis alors demandé  comment cela était-il possible. Et soudain une lumière vint éblouir mon esprit: il me semblait avec cette expérience avoir été  conviée à quelque chose de surnaturel. 

C’est là que j’ai compris le sacré dans la vie. 

Je me suis aperçue que j’étais sur le moment en communion totale, sur le lieu de cette scène, en train de penser, de prier pour ces âmes, et elles avaient installé un silence extraordinaire dans ma tête, elles avaient accepté ma présence, mais silencieuse.

Les pensées s’étaient enfin tues et j’ai commencé à écouter ce mystère, cette quiétude qui émanait d’ici. 

 Cette intensité  et cette perception d’être dans  d’un autre endroit , de ne plus avoir eu de notion d’espace  et de temps, même mon corps n’existait plus;  seules les âmes éthérées étaient au rendez-vous et communiquaient ensemble. Au-delà des mots, une paix surprenante.

J’ai oublié de mentionner le guide qui a préparé cette excursion, qui était extraordinaire. Frédéric Koskas

Dr. Micah Goodman et Efrat S. Rosenberg parlent du 7 octobre à Londres…

© Rachel Catherine Ksas

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1 Comment

  1. Je viens de passer à Nova, aujourd’hui 9 avril, retour d’un moshav le long de la frontière, à quelques kilomètres de Rafah. Je suis émerveillé par la force d’Israël qui jamais ne se laisse submerger par la tristesse. Au fond, Israël qui ne cesse de dire « oui » à la vie nous aide, que nous soyons juifs ou non. Peuple très ancien, Israël se tient à l’avant-garde et nous avertit : vivez mais soyez lucides. AM iSRAEL hAI

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