« À l’invitation du Président de la République française, Emmanuel Macron, Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, Émir de l’État du Qatar, a effectué une visite d’État en France les 27 et 28 février 2024 ».
Le serpent dans le gan éden
Un serpent debout en toute sa longueur pour faire croire qu’il est un homme. Des yeux d’acier, fuyants. Sous les lambris, en présence de l’exécutif chétif et de la dame d’honneur, les cheveux attachés, chaussée dans une longue robe noire, la présence plus discrète que jamais, le serpent pérore. Il chante « la solution-à-deux- États seule solution » et on baisse la tête. On l’écoute dire « génocide du peuple palestinien » et on le laisse parler. On l’entend dire « la faim, le déplacement, le bombardement sauvage comme armes de guerre » et on ne le chasse pas. On croque. Dix milliards d’investissement [d’ici 2030], deux cents millions d’aide humanitaire franco-qatarie aux Palestiniens.
Vœux fervents de cessez-le-feu.
Vœux pieux de libération des otages.
Voici donc la recette de pigeonneau à la sauce Qatar. Mélanger des morceaux de pigeonneau coupés à la hache, des oignons pourris avec leur peau, des carottes enduites de terre humide, des bouts de papier d’emballage, des épluchures variées et des tickets de caisse [si vous en avez obtenus]. Laisser mariner pendant une longue nuit noire dans le sang de chien battu. Le lendemain, faire revenir la viande dans l’huile de vidange, ajouter les légumes et un bouquet garni de buisson épineux, arroser de vinaigre, laisser mijoter une heure ou cinq et servir dans un grand plat en porcelaine de Limoges sur un lit de pommes de terre cultivées dans des tunnels gazaouis.
Personne ne peut arrêter les dégâts ? Les agriculteurs ne veulent-ils pas arracher des mains de l’Etat les millions destinés aux gazaouis hamasards ? Où sont les gilets jaunes quand la cause est bonne ? Les souleveurs de la terre ne trouvent rien d’anti-écolo dans le programme du serpent ? Les leçons de l’Histoire ont disparu de la conscience collective ? On veut faire ça encore une fois ?
Au secours !
© Nidra Poller
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