“Murmuration”. Daniella Pinkstein s’entretient avec Gérard Rabinovitch

Murmuration *

Interview de Gérard Rabinovitch – Tribune Juive

Paris le 28 février 2024

DÉCANTATIONS

Gérard Rabinovitch, vous êtes philosophe, sociologue, essayiste. Voilà de nombreuses années qu’au fil de vos travaux, de vos essais, vous arpentez – dans le but d’en faire un relevé – l’emplacement d’un conflit de civilisation que vous définissez autrement que ce qui s’entend ordinairement sous cette expression. Il n’est – pour vous – d’autre conflit légitimement explorable dans son emploi, qu’entre « civilisation de vie » et « civilisation de mort ». Et ce conflit-ci traverse en interne, selon vous, toutes les configurations civilisationnelles des régions du globe : société occidentale, monde islamique, péninsule indienne, continent chinois, ethnicités africaines, etc. C’est aujourd’hui sur cette coïncidence d’époque entre les crises civilisationnelles contemporaines occidentales et celles du monde mahométan que porte votre attention.

Vous n’avez eu de cesse, et depuis vos fragments sur La destructivité humaine, autrefois parus aux PUF, de nous alerter. Vos essais d’une exceptionnelle pertinence : Terrorisme/Résistance sur une confusion lexicale à l’époque des sociétés de masse ; Somnambules et Terminators, sur une crise civilisationnelle contemporaine Leçons de la Shoah ; Crise de l’autorité et de la vérité, désagrégation du politique, sont autant d’avertissements face aux réalités actuelles qui tendent – épisode après épisode – un peu plus à nous enliser. Et autant d’exhortations à un déplacement spirituel vers ce que vous nommez quelquefois une « éthique de la désillusion ». Pour un instant au moins, cesser de céder au son des violons, à ces espérances obstinées qui nous déterminent depuis et malgré des millénaires. En tout cas, ne plus fléchir devant ces rêves-là, entêtés, qui n’ont rien lâché, jusqu’à ce 7 octobre. 

Leonid Pasternak. Face à la Porte de Damas à Jerusalem. 1924

De nombreuses voix affirment maintenant qu’il y aura un « avant » et un « après » le 7 octobre. Certains soutiennent, comme la philosophe Renée Frégosi, qu’il s’agit même d’une « césure anthropologique ».

 GR : Chacun d’entre nous a été fracassé de sidération, d’accablement, mêlant effroi, répugnance, et douleur, de ce qui s’est passé le 7 octobre. Et de ce que cela a révélé et continue de révéler, en ondes de choc successives.

Chacun tente d’y mettre des mots directionnels, pour surmonter, en balbutiant, cette colère et ce chagrin rongeant qui nous ont saisis. Les citations que vous évoquez sonnent justes, dans leur intention de souligner la gravité du sens de ce qui s’est produit. Peut-être se ménagent-elles trop d’espoir sur la capacité collective d’apprendre une fois pour toutes de ces évènements… Il y a trop d’antécédents d’engourdissement… Mais ça ne dispense pas d’essayer.

-Et selon vous ?

GR : Si je le fais en « murmurations », le mot qui me vient est celui d’apocalypse. Il ne s’agit pas de l’employer dans un usage grandiloquent, hyperbolique, mais – en poinçon du moment – en suivant sa double signification intriquée : cataclysme et révélation. En mettant l’accent sur ce second sens qui est en fait celui d’origine ; et auquel on pense rarement dans l’emploi courant de l’expression. Du grec tardif apokalupsis « révélation ». Du verbe apokaluptein « découvrir », « révéler ». Ce n’est probablement pas l’« Apocalypse de la Fin des temps » chrétienne, ni l’Ikveta DiMeshi’ha de nos Maîtres, mais c’est une épreuve terrifiante, et une déchirure des illusions qui d’ordinaire rassurent nos pas.

Un saisissement d’effroi devant les dévastations mortifères qui sont toujours là à l’affût. Toujours rôdantes, guettantes, et s’activant à la moindre opportunité de frayage. Et – simultanément – un dévoilement nauséeux des incompétences, des mascarades, des impostures, et de grandes tartufferies flagrantes.

-En même temps, ce n’est une surprise pour personne. Vous-même n’avez pas manqué de mettre en garde contre les illusions pacifistes et les hymnes à une fraternisation mièvre. Et cela depuis très longtemps. 

GR : « Révélation » ne veut pas dire surgissement de quelque chose d’impensé auparavant. Quelques-uns depuis des années – de plusieurs parts, même s’ils n’étaient pas nombreux – n’ont eu de cesse de dire ce qu’ils appréhendaient. D’alerter sur les signaux implicites annonciateurs, sans être vraiment entendus. Ils y gagnèrent, plutôt, d’être diffamés pour cela. « Fascistes » bien sûr ! What else ?! Et renvoyés par la doxa dans les catacombes sous-médiatiques. S’il y a « révélation », c’est sur le moment et la forme que ça a pris. 

Mais, maintenant, ce sur quoi les uns et les autres avertissions éclate au grand jour. Au vu et au su de qui veut comprendre. Tous ceux qui ne voyaient pas – quels qu’ils soient : juifs ou non juifs – vont-ils voir ce qui se donne à voir ? Voilà pour « révélation ». J’ai dit « apocalypse », nous pourrions parler de «décantation ».

-Dans « décantation », vous voulez dire un moment de vérité patente ?

GR : Un moment de vérité, oui ! Celui acté des dépravations sanguinaires et des furies psychopathiques qui ont déferlé sur leurs victimes. Celui du retour des atrocités du pogrom et de la pérennité du rezzou. La réactivation de scènes encore imprimées en mémoire transgénérationnelle. Celles de Kichinev en 1903, d’Odessa en 1905, d’Hébron en 29 rapportées par Albert Londres[1], de Lvov en 41. Etc… Contre lesquelles pourtant tout le projet sioniste s’était soutenu et justifié.

Ces scènes ne sont pas « derrière » nous, remisées à jamais sous une hypothétiquement inexorable « civilisation des mœurs » de l’humanité. Ou reléguées au-delà des « barrières de sécurité » avérées finalement insuffisantes. Elles sont bien « actuelles ». Et donc, par anticipation lucide et désenchantée, toujours potentiellement aussi « par devant » nous. 

Notons encore que ce sont des scènes similaires à celles commises à l’instigation du FLN contre des « européens » et des musulmans trop débonnaires et amènes au goût des insurgés, et assassinés pour cela. Ainsi des carnages inauguraux d’Aïn Abid, d’Hel Halia, de Melouza, de la guerre d’Algérie. Plus tard de ceux attribués au GIA dans la Mitidja et l’Ouarsenis algériens. Ce sont bien sûr les orgies de sang de Daesh. Notons, pour élargir le champ, que ce sont celles des collines du Rwanda en 1994. Que ce furent celles du massacre génocidaire des Arméniens, ou celles dont se vantait Cortes contre les peuples du Mexique.

« Au fond de l’homme, cela »[2]… Il y a là, dans leur répétition à l’identique, un invariant de furies pulsionnelles archaïques, justes harnachées de Gopro, de pick-ups et de parapentes, pour seuls acquis de contemporanéité performante.

L’autre moment de vérité, en second lieu, c’est la révélation d’où chacun se tient réellement par le monde occidental, et par le monde entier. Ou, comme ça se dit dans la rue politico-médiatique : « se positionne».

-C’est une révélation très déprimante. Il y a encore quelques temps, tout pouvait encore aller pour le mieux, du moins s’accélérant dans une heureuse direction, concernant la place d’Israël et sa réputation, dans le fameux « concert des Nations » : « start-up nation », « accords d’Abraham », notes maximales aux agences de notation, ingénieries, contributions technologiques, recherches agronomiques, scientifiques, et médicales, productions culturelles internationalement appréciées : littérature, jazz, séries TV, etc… Tout s’effrondrerait-il, paradoxalement, dans le fracas épouvantable de ce 7 octobre ?

GR: Ein kol chadash tachat ha-shemesh… « Rien de nouveau… » depuis ce que peignaient les Métamorphoses d’Ovide ! Ses passages sur l’envie qu’il faut citer : « Un fiel verdâtre remplit son cœur, sa langue est humectée de venin. Elle ignore le sourire, sauf celui que fait naître sur ses lèvres la vue de la douleur », « elle voit avec dépit les succès des hommes et se dessèche à les voir », « de son souffle elle souille les peuples, les villes, et les maisons » …

Si les succès d’Israël suscitent « à l’extérieur » de l’admiration, de l’appréciation, voire de la reconnaissance chez certains, ils ne suscitent aucune sympathie et plutôt une hostilité sourde, envieuse, chez bien davantage. Sur ce sujet, et sur bien d’autres item, c’est une autre forme d’illusion que d’imaginer bénéfique que de se prévaloir de ses succès et de se croire protégé en réputation par eux. Le monde est une vaste cour de récréation où les bandes n’aiment pas les bons élèves, et se dévoueraient plutôt aux petits caïds… La naïveté sur ce point, comme d’ailleurs en toute occasion, de surcroit lorsqu’elle est mâtinée de suffisance, est de ces quelques traits de caractère que la précarité toujours avérée de l’existence juive ne peut pas se permettre.

Ernst Bloch avait stipulé un « Principe Espérance » en manière de conatus, de persévérance humaine à exister. Hans Jonas rétorqua et consigna lui un « Principe Responsabilité » au même motif. Deux philosophes européens germanophones jamais éloignés de leur ascendance juive. Mais à l’aune de sa précarité, la nation juive tout entière – le Klal Israël -, ne devrait avoir en fonction de conatus qu’un prioritaire « Principe de Vigilance ».  Il s’entend : de lucidité, de prudence, et de vaillance.

Ça mériterait un développement mais ce n’est pas le sujet ici. Peut-être pour une autre fois…

-Une autre fois, nous y comptons ! Donc, revenons sur les réactions et les comportements qui ont accompagné et suivi l’attaque du Hamas, puis la guerre en cours contre lui par Tsahal. Qu’est-ce qu’ils révèlent ? Qu’est-ce qu’il y a à en comprendre ?

GR : D’abord, commençons par ceux-là : tous ceux, non juifs, chérissables de la dette contractée par nous, envers eux. Tous ceux, axés de dignité humaine – là où se nouent intelligence, responsabilité, empathie – acquis à l’existence d’Israël, à sa défense, et sa place prise dorénavant dans la destinée du peuple juif. Ne manquons jamais de les saluer et les honorer. Ils campent en gardiens d’une humanité collective, possiblement vivable. 

Et puis, il y a tous les autres. Ceux, vautrés, à l’inverse, dans une stupidité insigne. Nombreux dans le mainstream des dispositifs de pouvoir qui paramètrent les manières de penser dominantes ; et en abondance, jacassant sur les réseaux « asociaux ». Ils s’époumonent d’ignorance bavarde, de cynisme, et pour certains de méchanceté éclatante de cette joie mauvaise que Freud nomme Schadenfreude, et Aristote Epikairekakia. Un « par-delà » la haine, dans sa jouissance à faire du mal. Ceux-là frémissent d’attirance gourmande, inavouable mais parfois affichée, pour la férocité exhibée à l’étal des tueries.

Tant de moralines péremptoires, sinon. De relativismes décérébrés, en accompagnement. De perfidies allusives. De la part de certaines cléricatures médiatiques ignorantes, supposées « gardiennes des Faits». Tant de calculs sordides de petits marquis politiques mentalement corrompus, prétendus «gardiens d’un État de sécurité et de droit ». Tant de suffisants universitaires veules, sensés « gardiens de la Raison ». Tous faillis à eux-mêmes. En France, en Europe, dans le monde occidental.

Et du fond de scène, revenu sur le devant en déferlement, c’est la permanence – remise au jour et à jour sous le sceau du signifiant unique d’Israël – d’une détestation anti juive à facettes multiples, sans contorsions et sans bridages, sans circonlocutions et sans vergogne, qui est – avec ses invariants fantasmatiques et sémantiques – la chose la plus frappante.

Pensez à toutes les formes de harcèlements, d’agressions verbales, de calomnies, qui courent à flux débordant sur les réseaux « asociaux ». La méchanceté, en diapason collectif de notre époque, ne manque d’aller puiser dans les pré-positionnements à disposition, les standards packages pour son expression. 

Antisionisme, antisémitisme, antijudaïsme, anti-monothéisme, intriqués et compactés. Avec les montages lexicaux spécifiques à chacun de leurs discours propres. Ils s’empilent, se joignent, se nouent, et s’internationalisent aujourd’hui. Des campus nord-américains aux réseaux de l’internet chinois. Des rues de Londres, Prétoria, Paris, Bruxelles, Rome, Berlin, aux directions des excroissances satellitaires de l’ONU (UNESCO, UNRWA, UNICEF, Conseil des Droits de l’homme) ou présidence de l’UE. Des fakes news russes aux sessions de la CPI. Des Gardiens de la révolution iranienne aux gouvernements de plusieurs pays d’Amérique latine. Interconnectés en diffusions épidémiques. 

-C’est cela qui vous fait employer ce nom de « palestinisme » ? Comme s’il s’agissait d’une nouvelle idéologie implicite. À vous entendre ou à vous lire, elle déborderait l’antisionisme politique stricto sensu.  De quoi « palestinisme » est-il le nom ?

GR : « Palestinisme », c’est moins pour nommer une idéologie, que pour nommer un syndrome. Ce point de rencontre, de concomitance contingente, et de « bijection » comme on dit en logique. Sauf que ça ne se passe pas entre deux ensembles comme dans le théorème de Cantor-Bernstein, mais entre trois : le monde musulman sur son versant islamiste d’éruptive ambition conquérante, ledit « Sud global » et ses ressentiments post coloniaux, le monde occidental et ses errances – disons même ses involutions – éthico-cognitives.

-Pourquoi « palestinisme » alors ?

GR : Parce que, manifestement, suivant les décantations en cours, c’est sur le nom d’Israël, et contre ce que ce nom condense de positivités intrinsèques, et de négativités dont on l’a affublé et l’affuble encore, que ces trois ensembles font jonction. Et le nom de « Palestine », établi comme son antonyme, est l’étendard unificateur d’alliances improbables et néanmoins tangibles. « Palestinisme » est un nom-chapiteau.

-Ce serait intéressant de développer…

GR : Certains noms ont un « karma »… Il faut commencer par rappeler – pour qu’on en pèse bien le poids contemporain – que le nom de « Palestine » est séminalement le nom d’un effacement. Qu’il a été créé de toute pièce à cette seule fin, sous l’Empereur romain Hadrien. Qu’il n’a pas d’autre consistance fondatrice d’usage, qu’une négation.

D’abord, en 129 de l’ère commune, Hadrien efface le nom de Jérusalem et fait renommer la cité en Aelia Capitolina par allusion au Capitol romain. D’où le déclenchement de la dernière des révoltes juives contre l’occupation romaine ! Cette révolte anéantie dans le sang en 135, Hadrien interdit la ville et tout son large environnement territorial, aux Juifs. Il y installe le culte de Jupiter, fait élever des temples à Bacchus, Vénus, Aphrodite, Sérapis. Il fait interdire l’étude de la Torah, l’observance du Shabbat, la circoncision. Et pour finir, dans une volonté d’effacement de toute référence juive, il rebaptise la Judée du nom de « Palaestina » – en référence aux Philistins venus d’au-delà des mers et qui s’étaient installés sur la côte gazaouite – ; et il rattache la région à la Syrie. « Syria-Palaestina » reste le nom d’emploi officiel romain les siècles suivants. La cité de David ne retrouvera son nom de Jérusalem qu’au IVème siècle, sous le règne de l’empereur Constantin à l’époque de sa conversion au christianisme. Alors que celui de Judée a définitivement disparu des emplois officiels romains, le nom de « Palaestina », lui, demeure, en latence.

Comme l’avait bien étudié Emmanuel Sivan[3], la région connut diverses vicissitudes d’administrations géographiques ensuite, sans jamais que les populations à l’ouest du Jourdain ne fassent de ce nom une appellation ethnique identitaire. Avec les conquêtes arabes la région devint partie avec la Syrie et la Phénicie d’un ensemble dénommé al-Shâm, dont elle constitua le tiers méridional. Ce fut toujours le cas encore, chez les successeurs de Saladin ou sous les Mamelouks, après la dislocation de l’éphémère «Royaume de Jérusalem » de l’époque des Croisades.

-Comment alors le nom de « Palestine » a-t-il perduré ?

GR : C’est à la Renaissance que le nom de Palestine réapparait en plein usage toponymique dans les langues européennes, par imitation d’emploi puisé dans les Antiquités païennes classiques.

Ce nom qui fut le sceau d’effacement toponymique de l’existence juive originelle en Judée prend ses aises lexicales durablement en Europe. Jusqu’à reprendre – contre l’avis des résidents, tant des Juifs que des Arabes, quoique pour des raisons distinctes bien sûr – un plein exercice d’officialisation administrative avec le mandat britannique. Au sortir de la Première Guerre mondiale. Et cela jusqu’à l’indépendance d’Israël. Il sera assez rapidement réinvesti en antonyme d’Israël et dans sa pleine dimension délibérée d’effacement, moins de vingt ans après, lors de la création en 1964 de l’Organisation de Libération de la Palestine, évidemment « du fleuve à la mer » … Probablement à l’indication et recommandation de la section de propagande du KGB, en charge du dossier.

« Palestine » est un faux nez d’emprunt européen, pour habiller un rejet de toute légitimité possible d’une émancipation nationale juive. Et qui réifie l’identité des populations arabes locales enrôlées sous ce nom. C’est si peu consistant qu’il a fallu artificiellement bâtir en miroir identitaire, face aux « sionistes», : une « Nakba », un « Droit au retour », et « Al-Quds » en poinçon d’essentialité symbolique. Peut-être est-ce aussi comme ça que peut se construire une identité nationale pour ces populations. Mais ne soyons pas dupes. 

Les brailleurs des rues, des hémicycliques, et des salles de conseil d’institutions internationales du moment – dans leur ignorance volontaire ou sachant bien ce qu’ils font -, en endossant le slogan «Palestine du fleuve à la mer », et/ou en réclamant l’expulsion d’Israël des grandes communions de l’Entertainment international que sont des manifestations comme l’Eurovision, ou les Jeux Olympiques, et/ou en réclamant l’embargo sur le transfert d’armes à Israël, et/ou en exigeant un cessez-le-feu sans condition avant que les féroces soient défaits, se font les bataillons réactivés d’une période de domination impériale romaine ethniciste qui ne cède en rien à ce qu’ils dénoncent dans ce que fut le « colonialisme » européen. Et ils s’inscrivent en relais et porte-voix des manigances totalitaires de l’impérialisme de l’URSS. Ils n’ont vraiment pas de quoi pavoiser. Ni maintenant, ni à l’avenir…  

À l’étalon de ce tellurisme des signifiants nous sommes toujours dans cette même séquence historique depuis Hadrien.

-Serait-ce là un autre exemple de cette « Longue durée » historique, conceptualisée par Fernand Braudel ?

GR : On pourrait suggérer ça, en effet ! Un « par-delà » l’histoire évènementielle, ou l’histoire économique, ou encore celle des institutions politiques. Comme une pièce de puzzle à adjoindre, alors, à la construction de l’histoire des mentalités, chère à Lucien Febvre et Marc Bloch.

Et pour continuer sur cette « longue durée », nous y retrouvons, souvent associés, les invariants, à peine remasterisés aux paramètres de notre époque, des stéréotypes antijuifs des Antiquités préchrétiennes – Apion, Manéthon, Molon, Tacite, etc. – :  accusations de crimes rituels, de meurtres d’enfants, d’empoisonnements divers, de détestation du genre humain, etc. – adoptés en relais par le christianisme, et enkystés ensuite dans la trame de la culture occidentale. « Ces fables qu’on se raconte sur les Juifs d’une cruelle impudence » comme les désignait Flavius Joseph[4]. Ces « grandes régularités du langage dans l’histoire » de la mythologie antijuive, comme les appelle Jean-Pierre Faye[5] ; toutes là, dans l’intonation de leur pattern originel. Récupérées dans la presse arabe contemporaine, proférées dans des rencontres internationales, boostées par l’internet, ça donne, entre autres : des requins téléguidés par Israël pour attaquer les touristes dans le Sinaï ; des tsunamis déclenchés par des expériences nucléaires israéliennes, des débâcles financières de l’Indonésie dû aux spéculateurs juifs, des distributions de bonbons aphrodisiaques aux femmes égyptiennes pour épuiser leurs maris et les rendre inaptes aux combats, l’envoi de soldates nues pour attirer les combattants dans des pièges, l’inoculation en masse du sida parmi les populations musulmanes, etc. Simultanément, en parallèle, les liens entre les Juifs et le mont du Temple sont gommés à l’Unesco par une opération d’expropriation sémantique, et l’esquive lâche de tant de chancelleries occidentales. Par un procédé similaire Jésus devient, pour l’OLP – sans crainte du ridicule de l’anachronisme – un « palestinien », puisque « né à Bethléem », « vécu à Nazareth», « déménagé à Jérusalem », et même un « réfugié » palestinien. Et non seulement « palestinien », mais aussi premier « martyr islamique » (sic) …

Grotesque, mais nous aurions tort de nous en gausser. La bêtise est un terreau de méchanceté. Et réciproquement. En tout cas, délibérées ou débiles, ces fables toxiques forment un bain amniotique dans lequel barbottent déjà de futures hordes pour de prochaines tentatives de vagues submersives.

-Les acteurs ont-ils juste changé de costumes ?

GR : Les acteurs ont changé, les narrativités de support ont bougé en façade au gré des époques, mais nous retrouvons dans cet aspect-là du palestinisme d’aujourd’hui l’invariante intention d’un même effacement de l’existence juive.

En première ligne sur le terrain : non plus des troupes romaines, mais des escadrons orientaux. Je dis « orientaux » parce qu’ils n’ont pas tous été composés que de mahométans, à l’origine. Ils comprenaient également des arabes chrétiens parmi eux. Ils se désignent de multiples façons, concurrentes et unies : OLP, FPLP, Hamas, Djihad islamique, ISIS, Hezbollah, Houthies, Al Quaïda, Gardiens de la Révolution, et tous leurs affidés et « proxis ». Un entretien de Ben Bella de 1982[6], dans toute sa froideur, en a formulé exactement leurs enjeux communs. Seule la gestion des agendas de ces différents groupes peut diverger.

-Continuons sur cette notion, tout à fait intéressante de « palestinisme ». Vous avez évoqué – je vous cite – « le Sud global et ses ressentiments post coloniaux », et encore « les errances éthico-cognitives du monde occidental » et leur rapport avec le conflit israélo-palestinien. Sur ce dernier point, faites-vous allusion à un thème qui vous tient à cœur (aussi pour des motifs familiaux : votre père a combattu dans les FTP-MOI, avant d’être déporté) et sur lequel vous avez souvent insisté (dans vos essais et articles), celui de la confusion entretenue entre « résistance » et « terrorisme » que vous associez en arrière-fond à la distinction entre civilisation de vie et civilisation de mort ? À vous lire, il est patent que votre réflexion n’est pas sans être en écho avec les débats récurrents qu’on a encore observés après le 7 octobre sur la manière de nommer les attaques du Hamas, et plus largement des groupes palestiniens.  

GR : Sur le premier point, celui des ressentiments post coloniaux dans le « Sud global », bien des amis sont intervenus et ont écrit avec pertinence, précisément, sur le sujet. Pour résumer : là, se sont produits des remaniements narratifs discrets au fil des années, peut-être ou peut-être pas coordonnés, mais agrégés par tropismes. Dont le plus manifeste est le remplacement de l’interprétation marxiste de « lutte des classes » et son prescriptif « universaliste » en référence révolutionnaire, par la mièvrerie venimeuse d’une opposition essentialisée entre « dominants » et « dominés ». À cette opposition se greffe une traque du « colonial » qui fait l’impasse sur toutes les concussions oligarchiques, prébendières, tyranniques et maffieuses – faussement proclamées progressistes ou révolutionnaires – chez lesdits « décolonisés » et les autorise. Et sous l’appellation de « racisme systémique » bâtit, par avalanche, une domination de l’« homme blanc » dans des montages sémantiques qui sont manifestement plus près des « visions du monde » de la Sturmabteilung, des S.A., que des idéalités woobies de l’Industrial Workers of the World.

En fin des fins, est rerhabillée – avec la stigmatisation d’« apartheid », l’émancipation nationale juive, en quintessence d’un ultime colonialisme de la « blanchitude » européenne. L’existence d’Israël, au compactage de ces réaménagements narratifs, est livrée, sur la scène géo politique planétaire, en objet de vindicte et d’exécration universelle pour une fabrique de foule mondialisée. Ainsi, pour exemple, les récits bibliques deviennent, comme c’est enseigné à l’université de Columbia par un professeur de politique arabe moderne et d’histoire intellectuelle : « des ‘élucubrations sionistes’ qui « n’ont pas leur place chez les anticolonialistes ». « Il n’y a de place appropriée pour elles que dans les poubelles de l’histoire coloniale », dixit…

Il y avait l’antisémitisme, le « socialisme des imbéciles », il y aura maintenant l’antisionisme, le « dé-colonialisme des imbéciles »…

Issachar Ber Ryback. Pogrom. Huile sur toile. Non daté. Collection privée/ bridgemanimages.com

-Et sur le second point ?

GR :  Vous avez parfaitement raison d’évoquer la manière délibérée dont est entretenue la confusion entre terrorisme et résistance. La confusion entre résistance et terrorisme est le cas exemplaire d’une perte des repères éthiques, et plus amplement des valeurs frontispices d’où se soutient le projet démocratique. La distinction entre terrorisme et résistance, que certains infirment ou manipulent, n’est pourtant pas si difficile à établir. La barre éthique est une barre cognitive. Il s’agit de deux modalités de combat, de deux mentalités de guerre. Disons que le terrorisme élève la violence au rang d’une jouissance narcissique, dont il tire fierté́. La résistance, dont le nom s’est constitué́ en valeur absolue au cours de la Seconde Guerre mondiale, consent à la violence si elle est inéluctable. Eût-il des moyens limités, le terrorisme vise, dans un dessein illimité, le meurtre exterminant. Et par affinité mentale, il est encore poreux aux diverses mafias et réseaux trafiquants, et s’imite avec eux en violence, et y interpénètre ses intérêts. Comme dans le « crime organisé », il règle les promotions internes sur l’aptitude à la violence extrême. Le mensonge ne lui est pas instrumental mais consubstantiel. Et tuer des enfants ne lui fait ni regrets ou tourments, mais titre de gloire. Il y a dans le terrorisme une férocité qui ne recule devant rien, et ne cède sur rien de son élation de toute puissance. Les exactions du 7 octobre en sont l’illustration concrète.

Sur ce point, ne nous faisons pas d’illusion, les féroces ne lâchent jamais. Même acculés à reculer, ils le nieraient imaginairement, dans le déni d’un recul qu’ils transformeraient en victoire narrative. Avec la conviction et la volonté de rebondir au plus tôt pour reprendre leur assaut. Nous en avons un bon exemple dans le film La Chute. Bien campé par Bruno Ganz, Hitler dans son bunker prétend toujours possible la victoire, à l’effarement de ses derniers généraux, alors même que les troupes soviétiques sont rentrées dans Berlin…

À l’opposé, la résistance et ses fins : abattre la tyrannie, sous forme d’oppression ou d’occupation, sauvegarder quelque chose de la Menschlichkeit, du « sentiment d’humanité́ », éléments constitutifs d’une civilisation de vie, tente de borner les moyens à sa disposition en retenue. Elle ne cherche pas à attenter délibérément aux populations civiles, et même elle se l’interdit, comme l’avait rappelé́ Raymond Aubrac. Elle ne s’abaisse pas à aller plus loin que la mise hors d’état de nuire d’un ennemi, ne succombe pas à l’opportunité́ de jouir de cette cruauté́. La résistance ne se permet pas tout. La légitimité́ des moyens y est corrélée à l’équité des fins. 

Le terrorisme invente des procédés de mort, y compris contre les « siens », en instrumentalisant en « boucliers humains » la population dont il se proclame le représentant. Il détourne tout ce qui pourrait forcer à la retenue -par une éthique dont il se joue – ceux qui le combattent (écoles, hôpitaux, établissements de culte, etc.). La résistance protège ceux dont elle est issue, sollicite des processus de solidarités, jusque chez ses adversaires. Elle ne saccage pas un futur de réconciliation. Le terrorisme se bat comme un gangstérisme. Il est dynamiquement « totalitaire » par méthode et par horizon. 

C’est précisément sur la focale palestinienne que dans le mainstream des gauches occidentales, cette confusion absolutoire s’est durablement installée. Dans le Monde diplomatique des années 70 on n’employait plus que le seul syntagme de « résistance palestinienne », et l’OLP n’était pas autrement définie que « mouvement de résistance » sans considération sur leurs méthodes. La prise d’otages en 1974 – entre autres exemples – dans une école à Ma’alot, avec les trente et un tués, dont vingt-deux écoliers et trois de leurs professeurs, n’a pas suspendu la plume des rédacteurs…

Mais il y avait quand même, en France, un antécédent, avec la Guerre d’Algérie. L’adoubement du FLN, sous les armoiries de la Résistance, en emphase rhétorique de soutien par quelques-uns. Notamment chez certains dits « chrétiens de gauche », qu’on retrouvera ensuite à la création de l’association « France-Palestine ». Et rappelons-nous l’infâmie sartrienne d’hymne au terrorisme, dans sa préface à Frantz Fanon[7], qui n’en demandait d’ailleurs pas tant. Elle est du même acabit d’esthétisme mondain que l’obscénité d’un Marc-Édouard Nabe qui saluait le 11 septembre 2001 comme « une œuvre d’art… vangoghienne » … Évidemment si Sartre, lui-même, l’a dit, le moindre post pubère de classe terminale va le répéter, en monôme.

Cette confusion chez ceux dont on aurait pu s’attendre à ce qu’ils aient une éthique humaniste chevillée dans leur manière de penser, signe un triple effondrement, éthique, cognitif, d’où se déduit une involution psychique notable, vers l’immaturité et la canaillerie.

S’ils n’étaient pas abrutis dans ce manichéisme sociologiste du dominant/ dominé, du supposé faible et de l’apparent fort, tous ceux qui tergiversent sur la distinction entre résistance et terrorisme, ou pire auréolent du nom de résistance des exactions pogromistes – en souillant au passage la mémoire des authentiques résistants -, sauraient reconnaitre la barre éthique irréductible qui sépare l’un de l’autre. Ils pourraient aussi entrevoir que la façon israélienne de faire la guerre, même avec des moyens de hautes technologies, s’inscrit dans les définitions de Clausewitz ; tandis que la façon dont le Hamas – puisqu’il s’agit de cela en ce moment – même avec des moyens inférieurs, conçoit la guerre et la pratique, selon les principes de Ludendorff, le théoricien de la « Guerre totale » et cofondateur du parti nazi[8].

-Et pourtant, c’est Israël qui est accusé de commettre un génocide, et qualifié de nazi.

GR : Ça fait un moment. Sous l’impulsion sémantique des officines de propagande soviétiques dans les années 50, avec les procès staliniens de ces années-là en amorces. Puisque l’accusation de « sionisme» était déjà devenue un instrument de discréditation politique et le chemin assuré vers une condamnation léthale. La propagande soviétique établissait déjà une équivalence graphique dans ses caricatures entre un sioniste et un nazi. Avant même la création de l’OLP. Puis ça a pris – comme on le dit du ciment – dans les années 70, après la victoire d’Israël lors de la « Guerre des 6 jours ». Dans la foulée des années 68 antiautoritaires qui assimilaient tout État – fût-il de « droit » – à une oppression fasciste. 

Si le sionisme est un « fascisme ». Si Israël est un état « nazi », qui pratique l’« apartheid ». Si Gaza est comme un « ghetto », voire un camp de concentration etc. Si, actuellement, l’assaut contre le Hamas à Gaza par Tsahal est l’équivalent, dans la bouche même de Vladimir Poutine, du siège de Léningrad. Si, dans la presse soi-disant trotskyste, on salue la meute dévastatrice du Hamas du 7 octobre, en l’identifiant – toute honte bue – aux insurgés du ghetto de Varsovie de 1943. Si Israël commet un «génocide » selon Ramaphosa, l’actuel président d’Afrique du Sud. Si est commise par Tsahal une « Shoah » sur les populations arabes de Gaza selon la déclaration de Lula da Silva. L’un et l’autre, en « proxis » oratoires de Téhéran. Et tout le reste à l’avenant d’un graffiti mural d’équivalence entre l’étoile de David et la croix gammée. Alors plus rien ne justifierait la prolongation de l’existence d’un tel État. Retourner contre Israël, pour l’avilir, les mots qui formulent ce de quoi le peuple juif a été la victime, est transgressif et calomnieux. Mais, au-delà de la jubilation malveillante que ça doit procurer à ceux qui les profèrent, ça vise évidemment à délégitimer l’existence d’Israël, par effet rétroactif. Et obtenir, au bout d’un travail de termite lexical, sa dissolution. Israël ne mériterait pas Israël…

J’ajoute que ces hyperboles vénéneuses, ces comparaisons indigentes, ces indistinctions anomiques, ces emphases diffamatoires, ne sont pas que vulgarité et grossièreté d’estrade. Elles atteignent le sens des mots. Et la compréhension de ce qu’ils sont sensés nommer, s’effondre. Que peut bien signifier « génocide » si c’est ce que Tsahal serait sensé commettre dans ses opérations militaires ? Que pouvait bien avoir été le nazisme, si l’état démocratique d’Israël en serait l’actuel identique ? Qu’est-ce qu’était la survie dans le ghetto de Varsovie, si la vie – certainement difficile à Gaza pour les pauvres – y ressemble? Qu’est-ce qu’était l’apartheid pour les populations africaines ostracisées, si les populations arabes en Israël subissaient le même sort ? Toutes ces éructations constituent une falsification négationniste rampante. Les mots mésusés deviennent des « asiles d’ignorance » pour reprendre un syntagme dû à Spinoza. Leur énonciations mises en chaine contribuent à un effondrement autant cognitif qu’éthique. C’est, ici, le troisième aspect du « palestinisme ». Il constitue un point de fixation sur lequel les valeurs princeps durement établies au fil des siècles européens d’un travail de culture se délitent. Valeurs frontispices d’où se soutiennent le projet démocratique et ses sociétés claudicantes. Ce que peuvent signifier Raison, Liberté, Éthique, Héroïsme, Vérité, s’y trouvent malmenées avec constance. Il n’en est nullement la cause, mais pour un tiers, il y participe – instrumentalisé – en manière de symptôme.

– Comment voyez-vous les temps prochains ?

GR : N’attendez rien de bon, si ceux – par le monde – qui croient aux valeurs fondatrices de la Démocratie ne se réveillent pas. « L’habitude de l’inattention doit être considérée comme le plus grand vice de l’esprit démocratique » constatait déjà Tocqueville[9]. Les féroces sont à l’affut et les tartuffes règnent. Il faut faire ce qu’il y a à faire, puisque de toute façon : « Tu n’es pas libre de t’y soustraire [10]

-Et concernant spécifiquement Israël ?

GR : l’Hatikva, pour le moment, se prononce Merkava.

 ,לאנג ווי רער יידישער גולת Lang vi der yidisher Goles, Long comme l’exil juif ! Pouvons-nous être encore optimistes ? L’êtes-vous ?

GR : Selon les heures… Et toujours avec Sigmund Freud: « Il faut s’attendre à ce que l’autre des deux « puissances célestes », l’Éros éternel, fasse un effort pour s’affirmer dans le combat contre son adversaire tout aussi immortel (Thanatos). Mais qui peut présumer du succès et de l’issue ? »[11] …

Ou – si vous le préférez à la manière du si grand petit peuple juif : « C’est Moshé. Réputé angoissé chronique, qui croise Yankel. Il lui annonce d’emblée :

-J’ai pris une décision. Quoi qu’il arrive, je serai dorénavant : O.P.T.I.M.I.ST.E ! 

Quelques jours plus tard, Moshé et Yankel se croisent à nouveau. Moshé, l’anxiété creusée sur son visage.

-Tu en fais une tête ! dit Yankel, je croyais que tu avais décidé d’être optimiste.

Et Moshé : Tu crois que c’est facile, d’être optimiste ! »

Leonid Pasternak. 1891

Gérard Rabinovitch avec Daniella Pinkstein


Notes

[1] Albert Londres, Le Juif errant est arrivé

[2] Georg Grodeck, Le Livre du Ça

[3] Emmanuel Sivan, Mythes politiques arabes

[4] Flavius Joseph, Contre Apion

[5] Jean-Pierre Faye, Migrations du récit sur le peuple juif

[6] Ben Bella, in « Politique internationale, n°16, été 1982

[7] Frantz Fanon, Les Damnés de la terre.

[8] Gérard Rabinovitch, « Moyen-Orient : la guerre selon Clausewitz, la guerre suivant Ludendorff », in Huffington Post, juillet 2014.

[9] Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique.

[10] Pirké Avot (Maximes des pères) 2.21

[11] Sigmund Freud, Malaise dans la culture.


* Murmuration est un anglicisme désignant une nuée d’oiseaux ondulant dans les airs, virevoltant ensemble vers un même horizon.


Photo © Pascal Amoyel

À relire en cliquant sur le lien ci-dessous:

Gérard Rabinovitch. La “Solitude d’Israël”. Qui attend des Nations le sursaut de l’authentique homme démocratique


Philosophe et sociologue, Gérard Rabinovitch est Directeur de l’Institut européen Emmanuel Levinas-AIU. Il est l’auteur, entre autres, de “Terrorisme/résistance, d’une confusion lexicale à l’époque des sociétés de masse” (éd. Le Bord de l’eau), de “Somnambules et Terminators, sur une crise civilisationnelle contemporaine” (éd. Le Bord de l’eau), “Leçons de la Shoah” (éd. Canopé), et “Crise de l’autorité et de la vérité, désagrégation du politique” (éd. Hermann).



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1 Comment

  1. credo che sia un discorso sacrosanto. sono un cattolico totalmente antimarcionista e attento a Israele fin da quando nel 1971 scoprii il c.d. antisionismo di sinistra. dal 7 ottobre ho avuto la rivelazione, appunto, dell’odio modiale antiebraico, Israele come capro espiatorio mondiale. come cristiano credo che l’antisemitismo sia un’eresia. che Dio ci aiuti e la Verità trionfi

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