Dans la gamme des actes de terreur promus par les Palestiniens depuis de très nombreuses années, les actes les plus courants sont, en règle générale, le fait d’adolescents ou de jeunes gens qui agissent, la plupart du temps, seuls, de leur propre initiative ou poussés par un groupe plus large. Mais ce qui caractérise le plus significativement ces actes, c’est leur dimension religieuse qui reste le plus souvent impensée, voire non perçue. C’est ce que nous chercherons à comprendre dans cette analyse, au plus près du sens objectif, voire littéral, de ces actes.
L’acte terroriste le plus couramment pratiqué sur tout le territoire israélien et la Judée Samarie peut être défini comme un sacrifice rituel sous l’invocation de Dieu (Allah hou akbar). C’est un crime de sang, perpétré au couteau – une arme significative – sur une victime.[1] C’est le format le plus classique, sauf que l’offrande sacrificielle, “l”animal’ sacrifié , ici, c’est un juif.[2]
Ce n’est pourtant là que la première étape de cette macabre cérémonie rituelle. Elle est en puissance d’un autre développement, au départ encore incertain quand le meurtrier, supposé officiant, s’expose à être tué par une tierce personne, en l’occurrence un autre juif qui éliminerait l’assassin sur la scène du crime ou, plus tard, au terme d’une traque.
C’est un Juif générique qu’il tue
Il est important de souligner que la victime sacrifiée est anonyme. Le meurtrier ne tue pas “des Juifs” ou “un juif” mais “du Juif”, peu importe lequel. C’est sans raison ni motifs spécifiques qu’il tue tel Juif et pas un autre. C’est un Juif générique qu’il tue, sans doute en vertu d’une image traditionnelle des Juifs dans la tradition coranique qui sont tenus pour naturellement coupables (de ne pas être musulmans) sauf s’ils se rachètent au prix de leur soumission à l’islam et de leur abaissement social, en obtenant le statut de dhimmi, supposé “protégé” de la vindicte de l’islam par ceux-là même qui la mettent en œuvre.
Le meurtrier devient ainsi un shahid, celui qui “témoigne” de sa foi, de Dieu, un martyr de l’Islam, mort au combat du djihad ( en l’occurrence tué par un Juif) que doit mener tout musulman pour que le Dar el Islam englobe toute la terre.
Sur la nature de cette qualité de Shahid, une publication récente de Palestinian Media Watch permet des recoupements étonnants. On y découvre que le slogan du “Jésus palestinien” n’est pas qu’une falsification idéologique qui s’inscrit dans le discours qui prétend que les Palestiniens sont les descendants des Hébreux d’antan. L’équivalence du shahid et de Jésus a aussi un sens théologique et pas seulement pour les Chrétiens palestiniens mais aussi pour les musulmans palestiniens.
De nombreux exemples sont produits à l’appui de cette comparaison. On trouve dans cette étude plusieurs citations qui la confirment comme celle-ci : “le premier fida’i et le premier martyr/ Shajid est le messie Jésus”. Le terme de Fida’i désigne la plupart du temps le combattant du Djihad et le martyr. Ce qui est étonnant dans cette comparaison, c’est que le terroriste est comparé à Jésus. Or le Jésus de la théologie catholique est non seulement le Dieu qui s’est fait homme mais aussi celui qui se livre à la croix pour sauver l’humanité et la libérer de la mort. En somme, le shahid s’identifie au Dieu incarné pour aller au-devant de la mort et en somme sauver non l’humanité mais la oumma islamique, avec en arrière-plan le rôle des Juifs dans l’exécution de Jésus.
Le crime contre le Juif et la mort conséquente subie par le martyr sont l’objet d’une célébration dans la rue palestinienne, saluée par une explosion de joie qui rend grâce au Ciel pour le destin du bienheureux martyr qui a accédé à un paradis lui assurant une jouissance totale… On offre des bonbons aux passants, on tire des feux d’artifice …
Mais ce n’est pas tout. La “sainteté” du martyr est alors inscrite dans les tablettes de l’Autorité palestinienne selon une procédure qui doit ressembler à la procédure de canonisation des saints du Vatican dont l’objectif est de servir désormais aux parents du martyr une “prime” pour le meurtre perpétré, une rente dont les fonds proviennent, rappelons-le, des donations des pays occidentaux qui entretiennent le bluff du mantra “deux peuples, deux États” et l’illusion de l’existence d’un pouvoir responsable qui soit un interlocuteur.
Mais si l’on pousse l’investigation plus avant, on découvre que la préparation au sacrifice est le résultat d’une formation tout au long de l’enfance, dispensée dans les écoles de l’Autorité palestinienne incitant à la haine et au meurtre des Juifs. Elles dépendent d’une institution de l’ONU, l’UNWRA, dont tout le personnel appartient au Hamas, une institution consacrée, de façon unique au monde, aux seuls réfugiés palestiniens, au budget de 1,6 milliard de dollars, financés par l’Europe, les Américains et l’ONU. Les recherches ne manquent pas qui attestent de cette réalité[3].
Aux dernières nouvelles, 72 % des Arabes de Judée Samarie approuvent le Hamas.
C’est là la cause que soutient la supposée “gauche” d’aujourd’hui, “progressiste” et postmoderniste ?
© Shmuel Trigano
Shmuel Trigano est Professeur émérite des universités
Notes
[1] Je n’ignore pas l’acte qui tue au moyen d’une “voiture bélier”, il n’est qu’une version secondaire de l’assassinat au couteau.
[2] Substitut ou pas de l’animal offert sur l’autel car aux yeux du meurtrier sacrifiant il n’est pas sûr que le Juif soit un être humain à la lumière de ce dont a été témoin le 7 octobre 2023.
[3] Au hasard de ma bibliothèque, une plaquette avec video de Palestinian Media Watch: “Ask for death, the life will be given to you, The indoctrination of Palestinian children to seek death for Allahc-Shahada”, Itamar Markus. October 2002
Une analyse très fine en effet. L’utilisation de Jésus par les musulmans est plutôt surprenante, assez habile à condition de ne pas approfondir.
Cela ressemble à une guerre de religion de très longue date. Serait-ce la vengeance du fils d’une servante contre le frère préféré ?